We need you to make n'importe quoi, ça a eu lieu.

Salut les chouals.

Hier après-midi a eu lieu la fameuse ouverture de la boîte. C’était… au-delà de mes espérances.

Gentlemen, start your engine.

Le boss a commencé par un petit speech expliquant que les délégués du personnel et les syndicats avaient fait une demande pour que le dépouillement soit organisé publiquement, et non en comité restreint comme prévu initialement, parfait, le poison a vite fait le tour de la boîte. Il a continué en précisant que le fait de devoir réunir tout le monde à cette heure de la journée impliquait qu’une récupération serait demandée à chacun pour combler la perte de productivité. Premier coup de pétard, ça a commencé à râler dans les rangs, à hausser le ton sur le fait que personne n’avait demandé de boîte à idées si ce n’est la direction. Parfait 2, y a déjà des mecs qui creusent les tranchées entre la direction et le personnel.

Du coup, pour faire le papa, le boss a enchaîné sur le fait qu’il entendait souvent les gens se plaindre et que pour une fois qu’ils pouvaient s’exprimer librement, ils trouvaient encore le moyen de faire chier… pas en ces termes, avec un discours pénible, mais le message était le même, parfait 3, la direction a commencé à acheminer l’artillerie.

Ensuite la boîte est posée sur la table faisant office de centre de dépouillement, et ouverte, d’après la tronche d’un des cadres juste à côté, y avait pas l’air d’y en avoir lourd dedans, parfait 4, ça veut dire que vos idées débiles ont de grandes chances d’être piochées rapidement.

C’est la secrétaire de direction qui a eu le bonheur de devoir piocher et lire les idées, évidement sous les remarques productives et déplacées de certains, ajoutant sans doute un peu à la pression qu’avait dû le coller le patron un peu avant sur le tri à faire sur les papiers, ça j’en doute pas, elle avait la tête d’une nana qui sent venir la soufflante.

1er papier : « Le CE devrait organiser des after-work les jeudis soirs, du type « ce qui se passe à Las Vegas, reste à Las Vegas ». Si possible défiscalisés dans le cas d’emplois d’hôtesses lors de ces soirées, ou négociables en tickets restaurant. »
Exceptionnel, ça démarre pas trop dur, et comme elle ne prend pas le temps de lire le papier avant, elle découvre le texte à haute voix, pique un fard monumental, pas d’échappatoire, ça se marre dans les rangs, remarques graveleuses etc, et un des responsables en profite pour saluer cet instant de détente improvisé. Le con, ça parle de putes, limite la pauvre secrétaire est « cordialement » invitée à y participer, et lui trouve ça cool… vivement qu’on rentre dans des sujets plus délicats.

S’en suivent 4 papiers, peu importe, même si y a une idée pas déconnante dans le lot, au moins ça détend les dirigeants sur le contenu.

6ème papier : « Supprimer la boîte à idées et privilégier l’échange direct. »
Bien, papier léger, on reste dans de l’acceptable, et ça permet un p’tit malaise des familles quand certaines grandes gueules pointes des chefs de service et leurs mails multi-copies pour engueuler quelqu’un au lieu d’avoir les couilles de le faire en tête à tête. On sent bien que les tranchées sont en place, et que d’un côté ça râle, et de l’autre, ça essaye des discours moralisateurs pour pas se retrouver le bec cloué.

7ème papier : « Quelle est la procédure pour bénéficier du séminaire de formation à la Martinique qui n’a été proposé qu’à quelques cadres dirigeants ? »
Parfait 5, pile au bon moment vu que ça commence à parler de farcir le cul de paille de la direction. La secrétaire bafouille à moitié sous un regard qui pue la haine de la part d’un dirigeant, dans la salle le brouhaha commence, je me retiens de toute expression et suis un peu le mouvement en prenant soin de surtout pas relancer quoi que ce soit. J’en vois quelques-uns qui rigolent, ça mitige la réaction globale, mais ça empêche pas des invectives salées et des réponses tendues du boss, à ce moment-là j’pense qu’il a le cul qui fait de l’huile. Il finit par avoir un peu de calme, et rentre encore dans un discours relou, justifiant le caractère précis d’une formation au management avec d’autres acteurs du secteur blabla et que donc ça ne concernait que quelques personnes. Forcément, certains relancent un peu sur le fait que des formations moins coûteuses existent et que d’autres s’en voient refuser pour des prétextes à la con. Les syndicats s’en mêlent, pendant un bon 20 minutes, ça piaille, c’est du bonheur.

Finalement ça se tasse, et ça enchaîne sur d’autres papiers. La secrétaire prend le temps de les lire avant de les énoncer, j’ai pas fait attention, y en a un qui a dû la cadrer, sans doute celui qui lit à moitié sur son épaule.
Quelques papiers s’enchaînent, encore des trucs bateaux, des trucs débiles que s’empressent de revendiquer certains bien avisés, sauf que ça ne fait plus rire grand monde, ça fait déjà presque 1h30 que ça a commencé, et entre ceux que ça gonfle et ceux qui pensent aux heures à récupérer, les soupirs et les remarques acerbes se font de plus en plus fréquentes. Ça sent le sel. Mais pas encore le souffre.

Papier suivant (ouais j’ai perdu le compte et je vous merde) : « La sonnerie de l’atelier est assez impersonnelle et infantilisante, la remplacer par quelque chose de plus festif serait appréciable (Exemple : Horst Wessel Lied) »
Excellente idée, limite tout le monde se félicite de cette initiative, la direction s’engage à faire quelque chose en ce sens. Bon donc aucun ne sait ce qu’est le Horst Wessel Lied, j’espère à ce moment une âme éclairée dans l’assistance, mais en vain. Peut-être qu’un curieux regardera plus tard…

Papier suivant (je vous merde toujours) : La secrétaire ne le lit pas. Merde !!!!
Le mec qui lit sur son épaule prend le papier, et fait un laïus sur le fait que les conditions de travail sont acceptables et que des plans d’actions sont faits en continue pour permettre à tout le monde d’évoluer dans un contexte serein, et qu’aucune prime ne pourra donc être accordée invoquant le rythme de travail. Ok mon con, c’était soit « L’attitude toxique de la plupart des collaborateurs permet elle l’ouverture à la négociation de primes de pénibilité ? », soit « Etant donné l’aptitude de certains à la procrastination dès lors qu’aucun responsable hiérarchique n’est dans les locaux, peut-on instaurer une prime à la délation pour dynamiser la productivité de chacun ? »
Je pense que c’était cette dernière, parce que le boss, après avoir lu le papier, a balayé la salle avec un regard qui hurlait « putain de ta grand-mère la grosse catin des fossés, si je chope ceux qui branlent rien, je réinstaure la peine de mort ».
Choux blanc dans la salle du coup, mais je sens bien que les messes basses à la table de dépouillement sont pas loin de psalmodies en latin. Ça n’échappe pas à certains qui se rendent compte que la nature du papier a été modifiée, et ça part en messe basse aussi.

Une pause est demandée pour les fumeurs, la direction a l’air enchantée de cette demande, mais à la tête qu’elle fait quand elle se rend compte que tout le monde ne sort pas, dont les délégués du personnel, je me demande si l’idée de trier les papiers restants n’était pas en prévision.

J’en profite pour sortir aussi, prendre la température c’est toujours bon pour imaginer la suite. Et c’est pas loin du jizz_in_my_pants que je reviens dans la salle, ça parle de partout, et pas en bien, limite le g/complot aurait de quoi faire 5 mois de boxs quotidiennes.

Suite en com.