Péripéties d'un carabin à l’hôpital 3

Cela fait plusieurs années que je travaille à l’hôpital, et j'ai vu et entendu des choses drôles et surprenantes que je voulais vous faire partager :

- Service de Chirurgie cardiaque, je fais l'examen clinique d'une patiente obèse ( à ce stade je dirais même grobèse) et je m'apprête à prendre les pouls fémoraux (au dessus des cuisses). Comprenant ce que j'allais faire, elle me dit :
"Voulez-vous que je soulève mon ventre ?"
"...Euh ok..."
Elle s'exécute et je contemple une vaste étendue moite composée de rougeurs, champignons et autres moisissures entre les plis. Je regrette déjà de ne pas avoir pris de gants et je me lance à l'assaut. Ma besogne terminée, j'en profite pour faire un peu de prévention sur les facteurs de risques cardio-vasculaires vu qu'elle les avait tous et lui indique qu'une nutritionniste peut passer la voir. Elle acquiesce mollement me disant qu'elle fera attention, et nous somme interrompus par ses deux fils toquant à la porte.
Ils entrent, je constate qu'ils sont également grobèses, discute avec eux, et mon regard se perd sur un sac plastique que porte un des deux fils. J'ai juste le temps de distinguer des paquets de gateaux et de bonbons, avant qu'il ne plaque le sac contre sa jambe, l'air coupable. Chouette idée d'apporter de la nourriture hyper-calorique à sa mère obèse morbide, sachant qu'elle va se faire opérer du cœur...

- Service d'Endocrinologie, j'entends parler d'un patient qui s'est plusieurs fois fait surprendre par les infirmières et aides soignantes, en train de se fapper. Une élève infirmière en parle émue, rouge écarlate, bafouillant, et mon interne et moi avons le plus grand mal à ne pas rigoler. Mon collègue externe s'en occupant habituellement est malade, je décide donc de le gérer.
Le patient est diabétique, ne suit pas son traitement, n'écoute personne, et c'est la fleur au fusil que je vais le voir. Je rentre dans la chambre, il ne se fappe pas (youpidou !) et je constate qu'il devrait peut être écouter les conseils médicaux. Son diabète déséquilibré fait des ravages et on lui a amputé la jambe droite, ainsi que les 5 orteils gauche. Il commence à me parler, l'élocution n'est pas claire et il finit par me dire qu'il a perdu le haut de son dentier dans un des 5 services hospitaliers où il est passé précédemment. J'appelle ces 5 services, passe plus d'une heure au téléphone et fais choux blanc avant de l'annoncer au patient.
"Oh c'est pas grave...Attendez c'est vrai ! Ahhhh oui je m'en souviens, je l'ai laissé chez moi Hahaha !"
Hahaha...