Miore - Auto Stop Trip #6 Des lamas, des champignons hallucinogènes et des prostitués
Cette histoire se passe directement après mon séjour à Garda avec mon amie (https://choualbox.com/TWzQE). Notre bus nous dépose dans le Sud Tyrol, à la frontière entre l'Italie, la Suisse et l'Autriche. C'est un coin perdu dans les montagnes alpines, coupés du monde depuis toujours et qui ne s'ouvre au tourisme que depuis peu... Mais mon dieu que c'est magnifique (photo 1) ! On y fait la rencontre de notre hébergeur/employeur Hans, un fermier qui a grandi dans ces montagnes, il a besoin d'un coup de main dans ses champs en échange du logis et du couvert. On s'est porté volontaire pour une semaine, histoire d'avoir le temps de faire un tour au Autriche et d'en apprendre plus sur le coin.
Hans c'était un chic type, très jeune, à peine plus de la trentaine. Il vivait avec sa femme, son très jeune garçon et sa chienne qui était une bête vraiment intelligente. Il a eu une vie plutôt spécial, quand il a eu 20 ans il s'est fait choppé défoncé au volant de sa voiture et les flics/médias du coin ont voulu faire de lui un exemple pour toute la vallée. A l'époque il n'y avait pas tellement de respect de l'image et ça l'a vraiment traumatisé, aussi jeune et il avait déjà une étiquette très lourde à porter aux yeux de tout les villages alentours qui représentaient alors son seul cercle social. Du coup, il a décidé de parcourir le monde et découvrir de nouvelles cultures, il est partit en Inde. Faut savoir que lorsque tu as grandi dans la montagne et que tu n'en sort pas vraiment, c'est un vrai choc de changer de culture comme ça ! Il y est revenu plusieurs fois depuis avec sa femme, mais lorsqu'il nous parlait d'événements qu'il a vécu là bas je croyais entendre un vétéran du Vietnam. Hans était vraiment traumatisé par certaines chose qu'il a vu en Inde. La lèpre, l’extrême pauvreté, la fausse sympathie de certains locaux...
- Notre travail chez lui était de tondre le gazon des montagnes pour la rendre aussi belle que sur les cartes postales (voir photo 2&3). Travail éprouvant et plutôt dangereux mais au moins lorsque l’on voit le résultat et on n’en est pas peu fier.
-Une fois il nous avait demandé de transporter du bois de la forêt jusqu'à sa maison... Sauf que le bois était en haut de la montagne ! Et pour le chercher il fallait escalader le flan, prendre le bois (beaucoup pour rentabiliser l'effort) et redescendre limite en courant en faisant gaffe de pas s’emplafonner contre un arbre. J'ai failli perdre mon oeil plus d'une fois avec ses conneries ! Pour lui c'était normal, il a grandi dans un autre univers.
- Une fois l'herbe coupé, il fallait la transportersur son dos... Beaucoup d'herbe, il m'a dit 70 kg et ça les faisaient ! Fallait descendre la montahne avec ça et le charger dans sa grange
-Je me souviens aussi d'une fois où une tempête a éclaté, on a dû sortir pour faire dévier un grand cours d’eau à mains nues pour que sa maison ne se fasse pas inonder, c'était éprouvant et j'ai attrapé froid mais c'était une bonne expérience.
L'élément important et la raison de cette box arrive : Hans a des lamas, il les laisse en liberté dans la montagne et va vérifier qu'ils vont bien une à deux fois par semaines. Il les a achetés pour proposer des tours aux touristes. On peut juger ce choix, chacun trouve son moyen de faire un revenu.
Un matin, Hans nous réveille totalement affolé :
"J'ai perdu mes lamas ! Il faut qu'on aille les chercher ! Allez ! Allez !"
On se lève, on se prépare, on monte dans son camion et direction la montagne pour chercher des lamas, ça commence bien.
Sur le chemin, il nous explique que ça fait plusieurs jours que les fermiers qui patrouillent avec leur bétail n'ont pas vu les lamas. Hans s'inquiète car ils ont fait un petit récemment et il ne voudrait pas qu'il lui soit arrivé quelque chose de grave.
On arrête le camion, je lève la tête et je vois ça (voir photo 4), je demande :
"On doit grimper jusqu'où ?"
"Tout en haut jusqu'à ce qu'on voie mes lamas" me répond-il tout naturellement avec un grand sourire
Je regarde mes jambes de faible et je lâche un petit "rip". Quand il faut y aller, faut y aller.
On commence l'ascension, Hans marche très, très vite pendant que nos corps de gros rament à l'arrière. Mais à chaque fois qu'il s'arrêtait c'était pour nous apprendre quelque chose sur la montagne.
"Tu vois ces deux baies, elles sont pareilles hein ? Bah regarde, elle à l'intérieur c'est bleu, l'autre est rouge. Celle là tu la manges et ça te booste comme du café et l'autre te donne la chiasse"
Il aimait bien récupérer un tas de trucs sur son chemin et nous faire des comparaisons, il avait l'air fasciné par la nature dans laquelle il a grandit. Ce qui est compréhensible.
On continue, on doit être à près de 2000 mètres d'altitudes maintenant.
Il s'arrête de nouveau et nous montre deux champignon "Ceux là c'est pour la soupe, et ceux là c'est pour autre chose... J'en mange si vous en mangez avec moi."
Il nous regarde avec un sourire, on comprend. On se regarde avec ma pote, on hausse les épaules et on dit oui.
Il rétorque : "Bon alors on va faire une pause ici, il y a pleins de champi dans le coin vous allez faire la cueillette"'
Donc, sur notre chemin pour trouver des lamas dans les Alpes Italiennes, on se trouve à faire la cueillette de champignons hallucinogènes à près de 1500 mètres d'altitude.
Et franchement, on en a trouvé pleins ! On a trouvé de quoi remplir une bonne poignée à deux mains !
C'était partit pour chercher ces lamas, complètement pété.
(suite en commentaire)
TL;DR : Un type nous dit qu'il a perdu ses lamas dans la montagne, on l'accompagne et on se retrouve à faire un trip sous champis à 2700 mètres d'altitude
On sépare notre récolte en trois parts égales et on la grignote en grimpant (comme une collation).
Il m’explique que les champignons hallucinogènes ont totalement une autre symbolique par chez lui, c’est plus une « prank » qu’autre chose. Genre des fois il offre une omelette à son pote avec des champis dedans sans lui dire pour qu’il se tape un trip, après ça fait marrer tout le monde.
On continue l’ascension le ventre rempli, c'était une expérience vraiment intéressante que je ne vais pas trop détailler, mais en gros nous étions dans le calme de la nature dans un lieu vraiment apaisant. Plus on montait et moins il y avait de végétations. Il n'y avait vraiment aucun bruit, au bout d'un moment ni aucune vie. Un moment suspendu dans le temps, bref la montagne, vous connaissez quoi. Mais cette fois dans un état un peu différent.
Je n’ai jamais eu autant d'énergie pour grimper une montagne, le soleil se couchait et on savait qu'on allait rester la nuit dans la montagne mais c'était pas grave on y réfléchissait pas vraiment. Comme vous vous en doutez, l'effet commençait à arriver.
C'est Hans qui a eu l'effet le plus fort entre nous, il s'arrête au bout de quelques temps, nous attend pour nous dire
"Je sens l'aura de la montagne, des animaux, de la terre, de mon chien... Et de vous aussi, vous avez une bonne aura"
Merci Hans.
Assez haut, on pouvait boire l’eau directement à la source, Hans nous disait « lorsque j’étais petit, je ne comprenais pas toutes ces histoires d’enfants qui mourraient de soif. J’ai toujours eu de l’eau pure et illimitée de la source et je pensais que c’était pareil pour tout le monde »
Nous continuons l’ascension.
Au bout de 5h30 de marche et de trip dans la montagne, juste avant que la nuit ne tombe… Nous sommes pleinement sous les effets des champignons, on est tellement heureux d'avoir cette expérience dans un endroit aussi pur et magnifique, on peut voir la nature telle qu'elle est, on peut même voir des lamas au loin et-... on se regarde avec mon amie... C'est vraiment les lamas là bas ou on est vraiment en train de tripper ?
Non, c'est bien ça, nous apercevons enfin SES PUTAINS DE LAMAS. C'était un couple de lama avec un petit, et un autre en plus qui devait tenir la chandelle. Et avec l'effet des champignons on était vraiment les gens les plus heureux du monde, vous vous rendez pas compte l'émotion qu'on avait.
On regarde Hans satisfait, on venait de marcher toutes l'après midi, on commençait à avoir froid et on attend de voir la suite qu'il a prévu.
Il sourit en regardant ses lamas, et nous dit "Bon bah voilà, mission accomplie, on peut partir", tout ça juste pour s'assurer qu'ils vont bien.
On s'autorise une pause histoire de profiter aussi de l'effet sans avoir à marcher h24. On fait des pierres/papiers/ciseaux, on lui apprend des jeux, on se raconte des blagues etc.
Puis. La nuit tombe.
Mais pas la nuit comme d'habitude, non ici c'est la nuit NOIRE, on a aucune source de lumière et on ne peut pas voir à plus de 3 à 5 mètres.
Hans veut nous emmener dormir dans une cabane qu'il "pense être par là". On est complètement défoncé et notre dernier espoir de pas mourir de froid dans la montagne c'est donc : sa chienne.
On dit alors clairement au chien "Vas y emmène nous dans la cabane pour qu'on dorme au chaud" et on se met littéralement à suivre le chien dans le noir le plus totale !
Au bout d'une quinzaine de minutes dangereuses dans l'obscurité, l'effet des champis commence à se dissiper et je me rend compte que je suis à 2500 mètres d'altitudes, dans le froid, sans luminosité et que je suis en train de suivre un chien au milieu de nulle part parce que je lui ai demandé de m'emmener dans une cabane. Je commence à me poser des questions.
On aurait pu tomber d'une falaise à tout moment, tomber dans un trou ou tout simplement se diriger vers rien du tout. C’était très dangereux.
Et là, miracle ! Le chien nous a vraiment amené dans la cabane, à notre grande surprise et aussi celle de Hans
On fait un feu de cheminée, on fait chauffer des pierres que l’on met dans la paille (photo 5) qui nous sert de couverture pour qu’elle capte la chaleur. On se couche et on s’endort.
Le lendemain matin, nous nous faisons réveiller par le bruit des cloches des vaches (photo 6) qui broutent autour de notre cabane. Je sors de la maison et me pose sur un rocher pour apprécier le petit matin et me remettre de l’aventure d’hier. Une vache rentre dans notre maison (photo 7) pour réveiller mon amie, c'était drôle.
Et, aussi incroyable que ça puisse paraître, les lamas nous avaient retrouvés et eux aussi étaient là pour nous souhaiter une belle journée. Ils attendaient que nous nous réveillions, posé en groupe juste à côté (photo 10 & 11) de la cabane, c’est les deux seules photos que j’ai pu prendre d’eux. Ensuite ils se sont amusés à courir autour de nous en traversant les flancs de la montagne. C’était vraiment un beau réveil.
Nous sommes rentrés ce jour-ci. Cependant, quelques jours plus tard nous apprenons que l’un des lamas est décédé suite à des blessures, il faut savoir que ce genre d’animaux ne sont pas fait pour vivre dans les montagnes alpines. Hans a vraiment été triste. Il nous a fait un tiramisu maison pour se changer les idées, c’était bon.
P.S : Mon altimètre disait qu'on a trouvé les lamas à 2700 mètres d'altitudes
P.S² : Par rapport au titre, j'ai menti pour les prostitués.
@Miore: Je me répète mais ce qui est dangereux avec les drogues c'est l'utilisation qu'on en fait.
Il n'y a pas que des mauvais côtés non plus meme si ceux la sont bien présents aussi.
Il est toujours important de mettre en garde, d'informer mais ça peut etre de belles experiences.
@Mezut: Je suis d'accord avec toi, je dis ça pour la forme et aussi pour ne pas donner un côté "cool" aux champis. Personnellement, je l'apparente plus au spirituel (mais c'est pas pour autant que je vais en acheter, juste si l'occasion s'y présente comme cette fois là)
@Miore: j'avais exactement peur de me retrouver avec une box de débile qui prend de la "drogue lolilol, troo cool d'être défoncé". Pas du tout! Belle expérience je suis dans ma jalousie. Merci pour le récit, ça me donne envie de bouger...
@Miore: C'est dommage de catégoriser la drogue comme ça et en même temps dire que certaines occasions sont propices à la prise de certaines drogues et font naître des expériences et moments incroyables qu'on aurait jamais connu sans, aussi bien sur le plan spirituel que mental que personnel que social.
Les consommateurs sont pas tous des junkies qui chassent le dragons h24 et fument du crack quotidiennement en dormant dans leurs propres déjections.
Beaucoup sont des gens comme toi et moi, qui consomment lors de certaines occasions précises, certains contextes, qui crées des expériences formidables, seul ou à plusieurs, et qui nous font dire que la vie et la perception du monde ne s'arrête pas à ce qu'on croit.
Je trouve ça un peu hypocrite de dire "la drogue c'est mal, je valide pas, mais si une chouette occasion comme ça se représente, j'en reprendrai". Beaucoup en prennent juste lors de chouettes occasions, peut être pas aussi ouf que la tienne, mais pas forcément loin.
Valider la consommation, c'est pas inciter les gens à en prendre chaque jour de la vie, au contraire, tu nous racontes une épopée fantastique, où la drogue a du jouer pour beaucoup sur un certain laps de temps (perception, souvenir, force, énergie, ...), je suis persuadé que tu en gardes un super souvenir. Au lieu de dire "Je ne cautionne pas du tout l'utilisation de drogue", indique que selon toi c'est quelque chose de fort, d'unique, d'indescriptible, que ce n'est pas quelque chose à prendre à la légère ni à consommer à tout va, mais que si une expérience incroyable s'offre à vous, saisissez là.
Je ne t'agresse en aucun cas, qu'il n'y ait pas de méprise, et il n'y a aucune animosité. Je trouve juste ça déjà dommage de base les gens qui pointent du doigt la drogue sans vraiment savoir de quoi ils parlent, mais je trouve ça encore plus dommage que quelqu'un qui a essayé et a vécu quelque chose d'incroyable, la pointe tout autant du doigt.
@iSbq: Pour être honnête je voulais éviter un débat sur le sujet, j'ai mon avis sur les drogues mais juste j'ai pas envie de cautioner son utilisation avec cette box (on sait jamais quel âge ont nos nouveaux newfags)
Jolie expérience que tu a vécu.
Beaucoup devrait passer une ou 2 semaines dans des coins reculé. Histoire qu'ils arrête de se plaindre.
En tout cas tu auras des choses à raconter à tes enfants, petit enfants etc...
Ça doit être beau l'Autriche
Ils sont cool les autrichiens ?
Et les autrichiennes ?
En tout cas j'aime bien ta manière de raconter ça se lit très bien !
@TeemoSiffredi: On a visité que Innsbruck et au final on a passé notre temps avec la serveuse française du Hard Rock Cafe et un barman écossais, donc pas top pour l'immersion et la rencontre d'Autrichiennes mais c'était cool
Sinon oui très beau, ce coin là c'est juste une route toute droite d'est en ouest qui traverse le pays avec des montagnes gigantesques de chaque côté
Merci
@TeemoSiffredi: D'ailleurs, j'en profite pour rajouter une petite anecdote sympa : On avait galérer pour trouver une voiture qui veule bien nous faire Sud Tyrol - Autriche (il y en avait pour plusieurs heures de routes dans la montagne !)
Au final sans qu'on ne demande rien à personne, on s'est fait prendre un jeune couple dans une BMW décapotable de luxe à écouter de la grosse techno (genre Dr. Peacock) dans les montagnes jusqu'à Insbruck, c'était sympa
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