Comment j’ai perdu mon âme (fin).

Suite et fin de :
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Désolé, j’ai eu pas mal de boulot, je n’ai pas pût le publier avant.
Ni le retravailler d’ailleurs. Ça se voit...
Pour ceux qui se demandent pour le style, je me suis inspiré de Céline et de Bukowski. Autrement dit, un rythme rapide avec de l’argot (du parlé contemporain en opposition au classique).


Plus tard je passe les 30 ans.
Je pense de plus en plus comme Thiefaine, au Petit matin, au whisky sour.
Je suis devenu une personne cynique. Une personne haïssable.
Ceux qui m’aiment s’inquiètent pour moi.

Je continu le boulot. Toujours comme un robot.
On ramasse et transporte. Peu importe qui ils sont.
Je passe de plan cul à plan cul. Je n’aime plus.
Je ne me respecte plus. Pour moi ce ne sont plus que des choses

Mon père comprend alors que je suis en train de peter un plomb.
Je n’ai pas versé une larme pour ma Mina (grand mère en corse).
Alors qu’elle m’a élevé, que je l’aime comme un fou.
Alors que c’était avec mon frère ma dernière barrière.

Il m’en parle. Je nie évidement.
Mon frère aussi s’inquiète pour moi.
Je nie aussi avec lui. Je ne peux plus leur parler.
Je me ferme aux autres.

Vient alors l’accident de Jeannot.
Jeannot était un collègue.
En partant au feu son camion s’est retourné.
Quand j’arrive, toujours écureuil, il est lui aussi éjecté.

Il a le pouls filant. Puis il est en arrêt.
Je le masse. Je le rattrape.
On le met sur la planche.
On le rentre dans l’ambulance.

Je vois sur le brancard un pompiers.
Un type habillé comme moi.
Je fais mon boulot, toujours.
Je suis encore un robot.

L’helico arrive, on l’évacue.
Il décolle et se repose aussitôt.
De nouveau en arrêt cardiaque.
Je vois les autres le masser. Il ne reviendra pas.

Je tombe. Littéralement.
Aussi bien physiquement que mentalement.
Tout s’écroule autour de moi.
Je ne peux plus porter cet uniforme.

J’ai perdu l’un des notres.
Je n’en suis plus digne.
J’ai honte de moi en plus de me détester.
Mais enfin je ressens quelque chose.

Avec mon frère et un ami pompiers,
Nous partons parler. Nous discutons des heures durant.
Ils voient que le monstre en moi a gagné. Je ne suis plus un humain.
Ils me disent clairement ce que je savais. Arrête !

Pour moi se sera la dernière fois où j’ai porté l’uniforme.
Je suis fier de se que j’ai fait pour les autres.
Des vies que j’ai sauvé, des feux que j’ai arrêté.
Mais j’y ai perdu une partie de moi, de mon âme.

Oghji e beddu, oghji e una bedda tsidedda.
Lassu me campare ô sole. Lassu me campare mio dio.
Le jour est beau, aujourd’hui est une belle jeune fille.
Laisse moi revivre ô soleil. Laisse moi revivre mon dieu.
(Je me rend compte en l’écrivant que c’est bien plus beau en corse qu’en français).

C’était ici les dernières années de ma vie de pompiers.

Merci les fdp de chouals de m’avoir lu et désolé pour le tl;dr.
Je suis spinnifocu littéralement dos et feu.
J’ai tourné le dos au feu et aux miens.
Ce n’est que comme ça que j’ai pût revoir enfin le Soleil.