La flèche

Je suis l’homme qui sacrifia sa vie le jour où tu ne le vis plus, qui vécut pour toi sans que tu ne t’en aperçoives. L’homme qui ne fut heureux qu’en te voyant sourire, l’homme qui mourait un peu à chacune de tes larmes.
Je fus le doux ami d’un instant, le compère aimant guettant d’un œil tous tes sentiments, je fus éborgné par chacun de tes amants. Mais candide face à mon amour, je continue de croire en ce jour où tu poseras enfin les yeux sur cet être amoureux recroquevillé à tes pieds.

Une flèche émanera de ce regard, traversera les cieux, saluera les dieux, effleurera de peu l’œil de Neptune, gravitera autour de la Lune avant de plonger à pic vers les landes maléfiques des Enfers où je me terre.
Elle survolera les champs et les tables des grands avant de transpercer mon cœur, afin que tous sur cette Terre soient témoins de mon allégeance.
Alors ma douce, ma tendresse; alors ma joie; alors ma tristesse: je sourirai. Je sourirai aux étoiles que le jour cache par jalousie de leur beauté, je sourirai en voyant s’évanouir la lumière au contact de la pierre, je sourirai car enfin ma douce, enfin: mon cœur aura guidé ta main.