Mes courses au super U

Mes courses aux super u
J'ai arreté le Zyprexa et l'Effexor, et franchement, je comprends les toxes accros à aux drogues dures.
sauf que ma dope est disponible partout contre une carte vitale et remboursée intégralement avec une mutuelle.
Vertiges, tremblements et angoisses on devient une vraie merde. J'ai réussis le sevrage car la haine reste ma drogue vitale. Ainsi que l'alcool.
Levé, 17h. En sueur. Les draps moites entre rêves malsains et réalité. Putain, jme dis, il faut sortir et aller chercher 10 bières "Atlas" de 50 cl exactement pour ce soir. C'est la dose que je me suis fixé pour pouvoir dormir.
Même rituel. Fumer une clope et aller chier mou, sauf quand je me gave de viande rouge ou ça sort bien moulé. Mais j'ai trop bu hier. Donc je mate les dessins du carrelage froid et mes orteils aux ongles trop longs en attendant de me vider complètement.
Inutile de se torcher, je rentre direct sous la douche. Très chaude. Ceux qui parlent de douche froide disent des conneries, ya pas mieux pour se reconnecter avec le monde réel.
Je me souviens enfin de ce qu'il s'est passé hier soir.
La foule, un malaise et puis cette fille. Putain, j'ai déconné grave.
D'abord la rue, les gens. Mon dieu, que le corps humain est moche. Qu’elle invention à la con.
Puis le super U. Sortis du lit depuis pas 10 minutes je ne suis pas prêt à affronter ces monstres de viande morte et le bruit assourdissant de leur manège pathétique diffusé grâce à leur grandes gueules et leurs portables. C’est assez atroce de voir que la plupart des êtres humains ont besoin de se sentir en vie et d’exister en en faisant toujours trop. Cris, gestes démesurés, rires gras. Même les primates se posent de temps en temps et ont la politesse de respecter une quiétude naturelle en baissant la tête. En silence.
Putain j'ai l'impression qu'ils se mettent tous sur mon chemin. Je suis pourtant assez grand, non? 1m 95 pour 100 kg. A mort mon charisme. Le darwinisme social ne fait plus loi au milieu des couches culottes, des packs de lait et des chips.
Une femelle me barre la route avec son caddy chargé d'un môme trop gras, un couple de pédés auscultent des tomates bio. Un vigile trop maigre dans son costard trop grand me croise, déjà mort, lui aussi. J'arrive comme un robot au rayon bières, un groupe de jeunes emos compte leur argent de poche pour se partager une bouteille de coca. Un punk à chien parle tout seul, ou bien à moi, mais c'est pareil. je ne suis pas la pour échanger. Chacun sa merde, J'ai enfin remplis mon panier de canettes.
Passage en caisse. On patiente comme des bêtes avec nos provisions à la con, un gamin n'arrête pas de hurler derrière moi. Je ne peut pas avancer ou fuir, je suis dans la file comme un putain de déporté. Devant, 4 mecs en slims qui rigolent fort avec une bouteille de whisky et du coca light. Super soirée chez Bastien avant le vernissage, Laure est pas sur de venir mais Gwen est déjà la.
L'angoisse me prend. J'alterne entre vertiges et envies de cogner ce gosse que sa mère n'arrive pas à faire taire ou mordre la nuque du mec devant moi.
Ils sont tellement abrutis par leur petite vie que je suis sur d'avoir le temps de quitter le groupe et de revenir avec un couteau de boucherie. Vu la queue, et le mouvement de panique générale, je pourrais en planter plus d'une dizaine avant que l'alerte ne soit donnée. Quand on sait s'y prendre, il faut moins de 5 secondes pour égorger proprement. Grace au cœur, le sang gicle assez loin pour asperger tout ce qui entoure. Les caissières, le tapis roulant, le carrelage et même le plafond, c'est la fête, les viandes hurlent et se marchent dessus pour fuir.
"Bain de sang dans un super marché, un déséquilibré massacre 10 personnes dont un bébé et sa mère. 5 Blessés dont le personnel de sécurité. 4 sont encore dans un état grave. Un survivant raconte ..."
Je hais cette ville et ses habitants.
Bordeaux est une ville merdique. Bordeaux n'est pas la ville de la culture et du rock, Bordeaux est la ville de Bertrand Cantat et du commerce triangulaire.
C'est mon tour, j'évite de croiser le regard bovin de la caissière, les vertiges s'accentuent de plus belle, j'ai du mal à trouver mon fric. Je sens tous les yeux se porter sur moi. Je parviens à trouver un billet tout froissé que je lache sur le tapis. Je balance un "désolé" à travers mes dents serrées. Puis prends mon sac et m'éloigne au plus vite, je dois atteindre l'extérieur. Putain, ces néons me crèvent littéralement les yeux. Et puis c'est la que ça arrive, enfin de ce dont je me souviens. Je m'écroule comme une merde, tête la première avec les cannettes qui roulent sur le sol. Trou noir, avant qu'une fille me demande si ça va. J'ai l'habitude, je répond, ça va. Et la voila qui m'aide à me relever pour m'emmener dehors. Je ne sais trop comment, je suis arrivé chez elle. Mais ça je vous le raconterai plus tard.