J'ai manifesté contre l'extrême droite hier à Paris !

(Je vous partage ma petite escapade, mais c'est un peu long et il n'y a pas de chute rigolote. Donc lisez à vos risques et périls. Bise)

Je rentrais d'un rendez-vous et je tombe par hasard sur un cortège trans, puis palestinien, puis NPA, puis palestinien, LFI, palestinien et encore palestinien. Je reste donc à admirer le spectacle et me retrouve à discuter avec un vieil anarcho-socialiste, très sympathique, dont les parents avaient fui Franco. Il se moquait ouvertement de tous les manifestants brandissant des drapeaux chiliens, cubains autres révolutions communiste et socialiste. Il édite sa propre revue anarchiste et m'expliquait comment chacun de ces partis représentés par des drapeaux aujourd'hui avait indubitablement terminé dans le totalitarisme pure et dure, avec des homosexuels dans des camps, la population massacrée et l'extrême pauvreté. Lui avait une vision plus positive du socialisme et du communisme, disant que ça n'a jamais marché, mais qu'un jour ça marcherait. Sauf que là, c'était pour lui juste des ignares qui s'approprient des figures autoritaires et extrémistes comme si c'était des révolutionnaires bienfaiteurs. J'ai trouvé ça assez marrant d'entendre ça de la part d'un anarcho-socialiste, et voir que même lui trouve que l'extrême gauche actuelle n'est peuplé que de pequenots ridicules.

Ensuite, une boomer 68arde entame une discussion avec moi et m'explique qu'elle vient de voir un black bloc casser un abribus.
Pour elle, les Blacks Blocks sont envoyés et payés par Macron pour discrediter les manifestations d'extrême gauche dans les média, elle prend pour preuve qu'elle a vu des policier ne rien faire en regardant le Black Block commettant son méfait. Quand je lui ai suggéré que peut-être la police n'intervenait pas par crainte des répercussions, elle m'a répondu : « Non, regardez, dans les manifestations d'extrême droite, ils ne cassent jamais rien ! » Donc, selon elle, c'était bien la preuve que Macron essayait de discréditer la gauche et pas la droite, sinon ils casseraient aussi. (C'est technique)

Ensuite, un mec de quartier est venu nous rejoindre et s'est inséré dans la conversation très poliment, mais était un peu agité et très émotif. Il parle directement du sujet palestinien, et je lui explique que ça me dérange de voir autant de drapeaux palestiniens alors qu'il s'agit du destin législatif de la France, que je suis français et que je trouve ça triste de devoir subir ce patriotisme venu de l'autre bout du monde dans un moment décisif de la politique de mon pays. Il m'a simplement répondu : « Ah, ça te dérange le sujet de la Palestine, parce que ce sont des Arabes ! C'est pas bien d'être raciste ». OK.

Ensuite, la conversation a continué comme un débat sur Choualbox (avec plus de respect) en partant dans tous les sens, et ils ont finit par me dire que la France était un pays de racistes. Je leur ai donc demandé de quel racisme il était question car j'ai du mal à me le représenter. Ils m'ont tout le deux donné le même exemple : que souvent, les Français demandent aux gens d'où ils viennent.

Je leur rétorque que moi aussi, on me demande régulièrement de quelle ville je viens, c'est courant de demander aux gens s'ils sont du coin, comme on me demande aussi régulièrement si j'ai des origines (j'ai un petit accent). C'est pas du racisme, plutôt de la curiosité. Et personnement, ayant vécu à l'étranger, il m'arrive aussi poliment de demander de quel pays provient telle ou telle personne, pour voir si je peux parler avec elle dans sa langue natale par exemple ou simplement par envie de trouver un sujet de discussion commun. Elle m'a répondu : « Oui, mais vous, c'est fait avec un bon fond, mais les autres, même s'ils le disent pareil que vous, le fond, en fait, cache un fond raciste. Et ça, moi je le sais. » j'ai essayé de lui demander et au jeune homme un exemple concret qu'ils aient pu voir dans leur vie pour pouvoir m'illustrer ce fait saillant de racisme subie, mais en vain.

Petit win à la fin. J'ai expliqué au mec de quartier qu'il bénéficie d'infrastructures, de réseaux urbains, de lieux culturels, de lieux sportifs, d'accès aux administrations, aux services publics, et notamment de transports en commun qui le connectent pour manifester aujourd'hui dans l'une des villes les plus importantes au monde. Donc, même s'ils ont un revenu mensuel assez bas, ils ont un accès à des ressources financières et culturelles bien plus grand qu'un Français moyen du Quercy, souvent abandonné et votant donc RN. Ça l'a mis un peu sur le cul, et ça a surtout révolté la boomer de 68 ans, qui était révulsée à l'idée qu'on puisse lui dire qu'elle est une bourgeoise. On s'est tous quitté en bon terme et elle a pu rentrer à pied dans son appartement en plein centre-ville de Paris. (Qui n'est pas un appartement de bourgeois hein)

Voilà, je sais pas si ma petite histoire a un quelconque intérêt pour vous, mais en tout cas je vous la partage ! C'était intéressant de rencontrer l'autre, même si j'ai toujours autant de mal à comprendre leur cheminement de pensée...