L'Exode Français, 1940

Dimanche 3 septembre 1939, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l'Allemagne Nazi. Alors que les armées franco-anglaises se préparent à la guerre, croyant que la zone de front se ferait au niveau de la Ligne Maginot, la frontière franco-allemande est évacuée.

Près de 700 communes d'Alsace-Lorraine sont déplacées de manière relativement organisée. En effet, cette évacuation faisait parti du plan de défense qui avait suivit la construction de la ligne Maginot. C'est ainsi qu'en quelques jours, ce sont déjà 374 000 alsaciens qui partent vers le centre, puis le Sud-Ouest de la France, laissant derrière eux un Strasbourg quasiment désert (1, 2 et 3).

Le 10 mai 1940 cependant, le Reich déclare une guerre surprise aux Pays-Bas, à la Belgique et au Luxembourg. L'avance rapide allemande en Belgique et les bombardements des villes belges (4) poussent des milliers de personnes à fuir la ligne de front. La fuite est massive, sur les 8,3 millions d'habitants, plus de 2 millions traversent la frontière pour se réfugier en France, se déplaçant par tous les moyens possible : train, voiture, vélo, charrette, à pied...

Le chaos gagne rapidement les routes françaises. Face à la percée des chars allemands, les villes du Nord du pays se vident complètement, à l'image de Lille qui passe de 200 000 à 20 000 habitants. Toutes les axes de communications sont saturées par de long convois de civils fuyant la guerre, à tel point que cela gêne le déplacement des armées franco-anglaises.

Contrairement à l'évacuation planifiée de l'Alsace-Lorraine, personne ne parvient à organiser ce déplacement massif de population. Les conditions de vie deviennent très rudes, pour des raisons plus qu'évidentes : la majorité des réfugiés ne sont pas équipés pour traverser de si longues distances, la nourriture et l'eau sont difficile à se procurer, les malades ne sont plus soignés, nombre de vieillards et de bébés sont transportés dans des brouettes, faute de mieux.

En dehors des conditions de déplacement difficile, la guerre psychologique fait également des ravages. Les bombardiers Ju-87 Stuka harcèlent inlassablement ces populations civiles en mitraillant et bombardant les routes pleines de réfugiés, leur « trompette de Jéricho » traumatisant les civils qui n'avaient d'autre choix que de s'éparpiller en courant dans les champs ou se cachant dans des fossés (19). Dans le chaos de la situation, des familles entières sont séparées, selon la Croix Rouge, environ 90 000 enfants « perdus » se retrouvèrent séparés de leurs parents.

La paranoïa s'installa, et les rumeurs que des espions ou des soldats allemands se font passer pour des réfugiés se répandent. Une expression apparaît alors, celle de la « Cinquième Colonne », qui fait justement référence à ces soit-disant infiltrés allemands (20).

Au fur et à mesure de l'avance allemande, les villes se dépeuplent. Par exemple, la ville de Chartres passe de 23 000 habitants à seulement 800. Quand l'armée du Reich entrent dans Paris le 14 juin, les deux tiers de ses habitants sont partis, représentant au moins 1,2 millions de personnes.

A contrario, les villes du Sud-Ouest (Aquitaine, Poitou-Charente) explosent en terme de population. L'une des destinations de ces réfugiés est Bordeaux -qui sera également la ville où le gouvernement se retira après avoir quitté Paris-, où les voitures et les réfugiés, aussi bien français que belges et luxembourgeois, s'amassent (21 à 25). En l'espace d'un mois, l'agglomération Bordelaise passe de 400 000 habitants à plus de 1,5 millions !

Quand l'armistice fut signée, le 22 juin 1940, c'était déjà entre 8 et 10 millions de personnes qui avaient migré vers le Sud, soit un quart de toute la population française de l'époque, en même pas deux mois. Cet Exode, assez méconnu et oublié aujourd'hui, est pourtant le déplacement de population le plus important que l'Europe ait jamais connu.

Le nombre de morts causés par les raids aériens sur les réfugiés est impossible à connaître, les corps étant enterrés dans les champs ou laissé à l'abandon, rendant impossible l'identification et le décompte des victimes. On estime qu'environ 10 000 personnes perdirent la vie lors de cette migration, et contrairement aux soldats qui se sont battus pour la France et qui ont leurs noms gravés sur des monuments, eux resteront à jamais anonymes.

L'Exode Français, 1940
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Volodia
VolodiaMikhaïl Bakounine
6 ans

Qu'ils retournent dans leur pays ces étrangers. Ils nous envahissent !

superPlot
superPlot
6 ans

@Volodia: maintenant il construise des lignes grande vitesse.

Miore
MioreAlbert Einstein
6 ans

@Volodia:En plus ils sont même pas propre ! Ils nettoient pas derrière eux

Divico
Divico
6 ans

Très bonne box, mais petite précision. Les trompettes de Jéricho ont été très vite enlevé des Stukas, déjà après la campagne de Pologne on en trouve plus ou ont été désactivés. ça ralentissait beaucoup trop l'avion et le bruit qu'on entend c'est surtout le moteur qui montent en régime du fait du piquée.

Zedix
ZedixCharles Darwin
6 ans

@Divico: C'est exact en effet, les sirènes ont été enlevé par la suite sur la majorité des Stukas, mais les trompettes de Jéricho étaient encore utilisé en France en 1940. En tout cas merci!

Daboulganiech

@Zedix: En complément sur ces saloperies de Stuka: https://choualbox.com/3TWMz

dexterward

Mon grand-père a quitté Sarreguemines pendant cet exode quand il avait 15 ans. Comme décrit, il s'est réfugié dans le Périgord où il a d'ailleurs rencontré ma Grand-mère qui elle venait de Beaune (RIP Mamé). Il bossait comme bûcheron et a gardé très longtemps ce besoin de couper son bois lui-même à la scie à main et à la hache.
Quand il a pris le train à Nancy pour rejoindre Bordeaux, sa peur bleue était de se faire attraper par l'armée. Comme il était blond, grand et athlétique (tout comme moi d'ailleurs, enfin presque), il aurait fini dans la jeunesse hitlérienne direct.

Assis par terre en plein hiver en attendant le train, il ne s'était pas rendu compte qu'il s'était affalé sur une crotte gelée. Du coup, l'odeur de merde qu'il dégageait, avait tout simplement fait fuir le plus téméraire des hommes en armes.

Mon arrière grand mère n'avait pas survécu à tout ce bordel et devoir quitter en 2h sa maison l'avait affaibli jusqu'à en mourir 4 ans plus tard.

Tout ça pour voir 75 ans après un Choual devant son PC. C'est beau la vie

Mari0
Mari0
6 ans

Tu aurais pas un peu de contenu qui parle des problèmes liés à cet exode dans les zones où ils ont fuis ?

Zedix
ZedixCharles Darwin
6 ans

@Mari0: Les liens que j'ai utilisé pour ma recherche et qui parlent entre autre de ces problèmes là sont ceux-là:
http://www.sudouest.fr/2010/06/11/bordeaux-au-bout-de-l-exode-113917-4626.php
http://www.montauban.com/uploads/files/infosPratiquesVille/museeresitance/05-2009.pdf
C'est sur l'arrivé des réfugiés à Bordeaux et de Montauban, mais les articles ne sont pas très long. Après j'ai pas énormément de contenus sur les conséquences, je me suis surtout concentré sur l'Exode en lui-même.

anonyme
anonyme
6 ans

Dehors les réfugiés !

anonyme
anonyme
6 ans

Ils nous volent notre travail

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