NSFWUne brosse à dent rose et une brosse à dent verte.

J’entre dans la salle de bain, sans même prendre la peine de fermer entièrement la porte. Sur le bord de l’évier immaculé, plus étincellant de propreté que le cul d’un chérubin, il y a un porte-brosse à dents, avec deux brosses qui sont utilisées régulièrement, vu la courbure soyeuses des poils. Une rose, et une verte. A côté de l’évier se tient un trône, tout aussi éclatant de propreté, blanc comme l’émail des dents de Thierry Ardisson. La cuvette et le couvercle sont rabattus. Une petite bougie parfumée et un pot pourri donnent une odeur fleurie à ce lieu aseptisé, sorti de je ne sais quelle publicité. Ça me fout une angoisse monstre.

Pas un poil de bite, je me dis en mon for intérieur. Pas un grain de poussière. Pas une trace d’eau séchée sur le rebord de l’évier. Même le miroir était parfaitement propre. Il me renvoyait l’image titubante d’un homme amer aux joues poilues éclatées de minuscules veines rouges.
Je crache un molard à la face du salopard à binocles dans le reflet et cet enculé de vicelard ne trouve rien de mieux à faire que de me répondre par un sourire carnassier et goguenard pendant que dégouline l’épais crachat sur la glace qui nous sépare. Sale con, bien planqué derrière sa vitre, comme ces petits puceaux révolutionnaires derrière leurs smartphones.

Je déboutonne mon jean, je sors ma queue et je pisse dans l’évier, non sans prendre grand soin à tanguer le plus possible sur mes appuies, ce qui me permet de maculer l’ensemble de goutelettes ou de jets plus abondants selon ce qu’en décide le vent, le destin ou mon ébriété. A ce moment précis, je suis un véritable artiste. Ouais, un vrai, comme ce connard d’Andy Warhol. La fièvre créatrice s’empare de moi ! J’égoutte la vipère sur le tapis, je range mon pinceau, et je regarde dans le miroir dégoutant.
- Tu vas voir, tu vas aimer la suite, je lui dis.
- J’en doute pas une seconde, qu’il répond avec son sale sourire de sale petit fouteur de merde.
J’attrape une serviette de toilette bien posée sur son foutu sèche-serviette, lui aussi vierge du moindre grain de poussière, et j’essuie le molard sur le miroir, puis je remets soigneusement la serviette en place.
Puis je baisse carrément mon froc et le calebard itou. Tout sur mes talons, les pieds légèrement écartés, le cul présenté à l’infortuné visiteur qui aurait le malheur d’ouvrir la porte pendant ma création. Ce gros pédé dans le miroir semble apprécier la vue. Pédé.

Je m’empoigne et je m’astique vigoureusement. Dès que ma queue est raide comme la Mort, j’enfile un gant de toilette propre pris dans l’armoire sur l’outil de l’artiste, et je recommence avec une passion mécanique mon oeuvre. Même ce putain de gant de toilette sent les fleurs. Il a du être baigné dans la soupline, il est doux comme de la soie.
- T’es beau gosse, me dit l’autre.
Quelle tante, celui-là. Je l’ignore, et je continue, jusqu’à enfin lâcher tout. Je serre comme si j’étais l’étrangleur de Boston, je n’en laisse pas une goutte, et puis je remets le gant de toilette à sa place.

Je continue encore de me pogner un peu nonchalament.
- Qu’est-ce que tu fous, t’as pas fini ton spectacle vieux dégueulasse ?
- Attend, faut que ça devienne bien crêmeux autour du gland.

J’attrape la brosse à dent rose, et je récolte sous le gland et le prépuce la précieuse crême fabriquée avec patience. Je la dépose sur ses poils adoucis par des semaines de brossage quotidien, trois fois par jour, après chaque repas, et sans jamais oublier le fil dentaire.
- Toujours finir par une petite douceur, mon con.
Je remets la brosse à dent à sa place, remonte mon froc, boutonne et je retourne dans le salon. Ma nana a l’air morose et abattue, mais elle ira bien mieux dans quelques minutes. La belle-mère me propose un café, le beau-père ajoute qu’on y mettera bien la goutte avec, entre bonhommes. J’ai déjà eu ma petite douceur, alors je refuse poliment. Il ne faut pas être trop gourmand, il faut savoir s’arrêter, je dis. Je les remercie en essayant d’articuler du mieux que je peux, sans bafouiller, et je les félicite encore pour le repas. On sort sur la terrasse, eux avec leur café, moi avec un Meharis nature, et leur fille avec une tronche de trois kilomètres. Je propose un cigarillo au beau-père, il accepte. Je lui tend avec mes mains impregnées de fluide, et je lui allume dans le bec. On échange quelques banalités, et je prends congé avec leur fille qui n’a eu pour déjeuner que des reproches, des brimades, et des humiliations diverses. On fait la bise, on sert la main. Elle monte à droite dans la voiture et je la rejoins à gauche pour prendre le volant. J’ai un peu le tournis, mais ça va aller. Elle fait son sourire forcé pour saluer ses vieux parents, qui nous salue en retour de la main sur le porche de leur maison de merde sortie de je ne sais quel publicité. Karsher, ou Gedimat, ou pour une marque de peinture d’extérieure de couleur pour les volets, ou pour les robots tondeuses.

Au moins, le repas ne nous a pas coûté un euro. Et puis c’est pas tous les jours qu’on peut bouffer des coquilles Saint-Jacques quand on est un type comme moi. Enfin, la prochaine fois, on reviendra probablement pas. C’était quand même assez cher payé, pour des noix de Saint-Jacques, j’ai du donner de ma personne.

J’aime pas trop qu’on emmerde la femme de ma vie.

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LeTenia
LeTenia
1 an

Sincèrement j'aime beaucoup. Merci.

anonyme
anonyme
1 an

@LeTenia: J'ai fait une faute à appuis, je crois. Et puis j'aurais du insister une ligne ou deux de plus sur le raclage de gland, je crois.
Je n'ai aucun mérite, je ne suis qu'un imitateur. Je lis au Sud de Nulle Part en ce moment, c'est la première fois que je lis Buk, ça a été le coup de foudre immédiat.

Merci pour ton retour néanmoins, c'est sympa !

Jimbolamouche

Et l'etron dans le bidet bordel

anonyme
anonyme
1 an

@Jimbolamouche: Ho la la, mais quel gourmand !

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