Je suis une victime

Ouais, le titre pourrait faire penser que je vais raconter un truc à la con qui m'a touché l'égo pendant quelques heures et puis voilà.
Mais ce n'est pas le g/cool-story. Je vais vous livrer un trait de ma personnalité qui me pèse, et qui est aussi difficile à porter que c'est libératoire pour moi d'en parler finalement ici. Je suis une victime au quotidien.

Ca commence évidemment par une confiance en moi pas au top, de nature. Ca se ressent dans absolument tous les domaines de ma vie quotidienne. Je ne suis pas un reclus, et même si j'ai pas de taff en ce moment j'essaye de rester au contact de la vie active (voir des gens, ...). Je ne suis pas asocial. J'aime voir du monde, être entouré, voir mes potes, ...

Je peux avoir l'air d'avoir beaucoup de confiance en moi lorsque je suis avec mes amis ou ma famille, mais c'est uniquement parce que je me sens bien avec eux, qu'on se connaît bien et que, justement, je suis en confiance. Sorti de ce cercle, mon comportement dans la vie de tous les jours est celui d'une personne normale, lambda : un peu réservé sur les bords mais pas renfermé sur moi-même, je discute volontiers avec des personnes que je connais pas (même si je fais rarement le premier pas).
C'est beaucoup plus compliqué quand il s'agit de relations que je ne qualifierai pas de négatives, mais plutôt de relations / discussions à enjeu. Cet enjeu peut concerner ma vie professionnelle ou le franchissement d'une étape, l'obtention de quelque chose, ou tout simplement l'image que je vais renvoyer de moi au travers de cette relation ou discussion.
Et on en vient naturellement à ma peur du conflit.

Il peut s'agir d'un vrai conflit, ou d'un conflit qui est susceptible d'éclater.
Deux exemples très simples me viennent à l'esprit : il y a quelques années je me suis embrouillé avec un vigile qui a cru que son parking était privé alors que c'était un parking public, mais comme il y avait je-ne-sais-plus-qui qui venait tout près, il voulait laisser le-dit parking libre. Une première femme vient à ma rencontre et me dit qu'il faut que je bouge ma voiture. Je lui demande pourquoi et elle monte directement dans les tours, appelle son collègue vigile qui fonce sur moi. Il commence à me gueuler dessus, me dit que j'ai envoyé chié sa collègue. Je connais mes droits, je sais que je n'ai absolument rien dit à sa collègue mis à part lui demander s'il se passait quelque chose de spécial. Mais impossible d'aligner une phrase. Je bafouille, j'arrive pas à aligner mes idées. Je finis par bouger ma caisse pour que ça finisse (et surtout par peur qu'il viennent me la rayer ou faire une crasse). J'ai ressassé cet épisode pendant des semaines, en me trouvant tellement con de pas lui avoir dit ça ou ça.

Deuxième exemple beaucoup plus récent et classique, les voisins qui font le bordel à 3h du mat. Je suis au pieux, et je commence à m'énerver tout seul. Au bout de 20mn, je décide de monter les voir. Je m'habille, je sors. Je commence à monter les escaliers et déjà mon palpitant commence à s'emballer. J'arrive devant la porte, je toque, j'ai le coeur qui bat à fond. Ils ouvrent, j'arrive à peine à bafouiller une phrase à moitié mangée, ils comprennent quand même visiblement, ils me disent "ok pas de soucis".
Je rentre chez moi et je suis à un niveau de stress dans lequel je ne devrais pas être : je suis dans mon bon droit, ils ont pas bronché, tout va bien. Mais dans ma tête, je continue de me faire un film alternatif, dans lequel ils m'envoient chier et me force à me lancer dans une discussion tendue ; il faut que je trouve les bons arguments que je n'arriverai de toutes façons pas à sortir.

3 jours plus tard, rebelotte, le bordel à 4h du mat. Et plutôt que d'aller les voir, je finis tant bien que mal ma nuit avec des boules Quies. Pourquoi ? Avec du recul, même si je sais qu'ils n'ont pas à faire autant de bruit à ces heures-là, je me dis que si je vais les voir à nouveau ils vont peut-être moins apprécier et m'envoyer chier. Pourtant, je fulmine.

Des petites anecdotes comme celles-ci, où je fais réellement ma victime, j'en ai beaucoup. Ca me pèse dans ma vie de tous les jours car je n'arrive pas à m'imposer dans ces situations. Je ne cherche pas à être un gros connard qui fait ce qu'il veut, juste pouvoir avoir la tête haute et tenir, me défendre dans les situations dans lesquelles je sais être dans mon bon droit.

J'aimerais vraiment pouvoir sortir de ce cercle vicieux manque de confiance < > peur du conflit, mais je ne sais pas du tout comment m'y prendre. Peut-être qu'il ne s'agit que de gérer mes émotions. Peut-être que c'est autre chose, je ne sais pas. En tous cas ça fait partie des choses que j'aurais envie de changer et qui participent à mon état négatif et au peu de valeur que m'accorde. Des situations conflictuelles, j'en ai eu et j'en aurai forcément à l'avenir. Rien que de penser que je ne saurai pas les gérer ou que je vais tenter de les fuir me fait gerber.
Ces quelques lignes sont là uniquement pour extérioriser ça comme je peux dans toute la honte que ça me procure, mais si d'autres s'y retrouvent ou ont peu dépasser ce stade, je serais ravi de pouvoir discuter.