Les vendanges en Suisse: Ca joue ou bien ?

Ayant besoin d'un peu de money-money, et le bon plan ayant été émis par mon père ("vous allez gagner 2.000€ en deux semaines", "j'y vais aussi, on s'y verra"), ni une ni deux, ma copine et moi nous sommes dit "allez go ! Ca nous fera une expérience sympa, puis au pire on est ensemble", donc c'est décidé, nous voilà partis pour faire des vendanges en Suisse.

Le hic, c'est qu'on a eu des infos assez floues ("vous n'aurez pas de machine à laver", "vous aurez une machine à laver", "faut prévoir de quoi manger", "vous aurez des restes à récupérer pour le soir" blah blah) et que la veille du départ, lors d'une soirée avec des membres de ma famille, il nous a été conseillé de nous méfier des "plans du père". Un peu flippés de sur quoi on allait tomber, on a décidé d'appeler le matin pour avoir des renseignements. Et c'est là que tout commence.

On appelle gentiment, on demande s'il y a de quoi laver le linge, de quoi se faire à manger, les trucs de base, quoi. Et la femme du patron nous envoie chier "non mais faut pas croire que ce sera un hôtel 5 étoiles, hein", pour ensuite appeler ma mère et se plaindre qu'on ait appelé (vous trouvez ça anormal de demander des renseignements ?).

Peu importe, on prend la route, on arrive le soir, on mange avec les patrons et mon père (qui les connait), et on a un petit traitement de faveur: on dort pour cette nuit chez les patrons et le lendemain on fonce vivre la grande aventure à l'abri militaire. Mais le patron le voit autrement, parce que de tous ses employés, on est les seuls francophones, les autres sont tous de l'Est (Slaves, Polonais) et quelques Portugais. Il nous lance alors "je vais réfléchir et pas vous faire aller dormir avec les fauves" (ils étaient d'ailleurs traités comme des animaux, on aurait dit du bétail). On n'a rien demandé, mais on le remercie. On s'endort, pas tout à fait sur nos deux oreilles car se demandant ce qui nous attend, ça commence à sentir le coup fourré.

Le lendemain matin, debout à 6h30, on fonce à l'abri, qui est un abri militaire anti-atomique, un bunker sous-terrain. A peine arrivés, on doit se diriger vers les camions qui nous emmènent aux vignes. Ma copine monte à l'avant du camion, moi à l'arrière, et c'était un camion complètement fermé, en toile. J'avais vraiment l'impression d'être un immigrant clandestin. D'ailleurs, le contexte y était: un slave m'a forcé à boire du vin blanc et à fumer des cigarettes à coups de "DAVAI !" (dingue l'influence qu'un tas de gens de l'Est en train de te regarder dans un lieu clos peut avoir), dès 8h du mat'. On descend du camion, on coupe toute la journée, ça se passe bien, la miss et moi on rigole (on est les seuls à se comprendre, en même temps).

Le soir, le patron nous dit "j'ai trouvé et j'ai décidé que vous alliez dormir chez nous, vous pourrez manger avec nous, ta petite femme travaillera en cuisine et toi à la cave. Par contre, je vous demande juste d'aider un peu ma femme à cuisiner et débarrasser, sinon elle va se vexer (tout à fait normal et prévu même sans qu'il ne nous le demande)". Ah bah ok, bon, on n'a rien demandé, mais il est vrai que ça nous arrange assez, c'est sympa.

La semaine se passe, ma copine fait des livraisons avec le frère du patron, travaille à la cuisine de l'abri, tout ça, et moi je suis à la cave, où je n'y connais rien du tout mais je fais tout pour aider, quitte à être un boulet à dire "besoin d'aide ? Je peux faire quelque chose ?". Elle, elle travaille de 7h30 (enfin 8h vu le retard) à environ 16/17h, moi je fais des journées à environ 10 heures de boulot (allant de 9 à 12 heures de boulot selon les journées), et à me faire engueuler parce que je ne connais rien et demande vérification pour être sûr de pas faire de connerie.

Le patron est un mec assez sympa, très bourru et qui veut que tout aille droit au point de gueuler très facilement (normal pour un patron), très macho aussi (il a sorti par exemple "le pieu c'est important, mais je veux que ça suive en cuisine" en parlant de sa femme), mais sa femme est une vraie vipère, très hypocrite, qui critique énormément son mari (et tous les autres aussi, remarque), elle nous a complètement ignorés les premiers jours, très probablement pas contente du sort qu'on avait, mais son mari disait "c'est moi le patron donc elle a rien à dire". Un exemple de la femme fouteuse de merde: A un moment, j'ai fait une dégustation pour des clients (que la femme du patron aurait dû faire mais a refusé, boudeuse), et ma copine aurait adoré faire ça, me demandant même si je pouvais essayer de glisser l'idée qu'elle fasse les suivantes. La femme du patron vient me voir, me sort "ca va bien ta petite femme, avec le boulot ?", je réponds "oh oui, tout va impec, elle est bien contente de ce qu'elle fait. [En rigolant:] Elle était un peu deg hier haha, elle aurait adoré faire la dégustation ! C'est son boulot à l'origine, elle aurait adoré". Elle s'en va, et vingt minutes plus tard, le patron qui vient me voir en gueulant "alors comme ça, ta copine est pas contente du travail qu'on lui donne ??!!". Par la suite, c'est la femme du patron qui a décidé de faire les dégustations, disant "ah bah je fais la bonniche" en nous toisant. Et ceci n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.

Bref, lundi soir dernier, on mange de la fondue, mais ma copine n'aime pas ça (sans rien demander), donc la femme du patron lui réchauffe du gratin et un steak haché (vieux de 4/5 jours). Le lendemain, ma miss tombe malade à gerber, à avoir de la fièvre, à être super mal. Je profite de mon temps de pause pour aller la voir, et en revenant, le patron me sort "toujours pas morte ? Dommage, tu pourrais trouver mieux", euh, ok. Ne nous sentant pas utiles (puisque finalement, on a été acceptés que par piston, on n'avait rien à faire là) et ayant marre de ce bordel social, puis ayant été mis au courant que "vous avez le droit de vous désister quand vous voulez, y a pas de souci", on s'est dit "bon bah on va rentrer, ce sera mieux pour tout le monde, hein". Ce qui n'a pas été au goût du patron, qui a changé d'avis. Je le mets au courant que le mieux serait qu'on parte, il se met à m'engueuler, pour me dire finalement qu'il ne nous fera pas de cadeau, qu'on nous virera la bouffe et le logis du salaire. Je mets mon poing dans ma poche, je veux pas qu'on se fasse encore plus entuber sur le salaire, je vais voir la femme du patron (qui fait office de secrétaire-comptable): elle me retire des heures que j'ai faites et me paye 16chf de l'heure au lieu de 22, et vire énormément d'heures de ma copine, ne lui mettant que 5/6 heures de boulot max par jour. On a perdu, elle et moi, environ 500€ chacun.

Mais au moins, après cette semaine épuisante, et même si on s'est fait entuber, on est bien contents d'être rentrés, avec un peu d'argent quand même. On n'en pouvait plus d'entendre "ça joue ou bien ?" et de supporter leurs histoires chelou. Le seul qui a été sympa avec moi était un Français. Le plus triste dans l'histoire, c'est que je n'ai même pas eu le temps de faire mes courses en chocolat et gâteaux à la Migros.

Puis on a quand même pu profiter d'une pause le samedi soir et le dimanche pour aller respectivement à la fête des vendanges (avec un feu d'artifice de 45 minutes hallucinant que je conseille à tous les chouals) et se balader à Morat/Murten (petit village un peu médiéval en bord de lac super beau, que je conseille aussi).

TLDR : Vendanges en Suisse, un patron macho, une femme de patron pimbèche et hypocrite, de la main-d'oeuvre de l'Est traitée comme du bétail, de l'entubage en règle au niveau du salaire, et pas de courses possibles à la Migros (#tristesse).

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boulbi

6 ans

TLDR bis : ne pas y aller.