Les murs n'ont pas d'oreilles...

... Mais ont une bouche, et cette bouche s'appelle Alexandra.

Moi, T. (pour testme), 20 ans, p'tit bleu de la vie, je ne suis encore qu'un bébé qu'on vient de lâcher dans le monde cruel des adultes, vivant seul, dans la chambre jouxtant la chambre 161.

Je suis étudiant en médecine, malgré l'esprit scientifique que demande d'avoir la filière, je crois toujours en la magie, je suis toujours persuadé que le père Noël existe, mais qu’il ne m’aime pas, qu'E.T. a bien téléphoné maison, et je suis persuadé que les murs n'ont pas d'oreilles, mais bien une bouche.

Je reprends mon histoire : énième nuit blanche, à essayer de comprendre pourquoi le facteur morphogénique BMP-4 est une fois paracrine pour former la cavité amniotique de l'embryon puis devient autocrine pour l'induction de l'ectoderme en épiderme. Je suis là, devant mes polys, je chuchote pour m'écouter parler, pour faire semblant de croire que j'ai compris, je chuchote seul, devant des pages remplis de mots barbares, devant moi un mur, un mur blanc et crépis. Je suis sûr que ce mur était lisse avant, mais qu'il a été meurtri par le vécu, sali par les souvenirs, abîmé par le temps. On m'a toujours dit que les murs ont des oreilles, donc je fais toujours attention à ce que je dis : sensible comme je suis, pas un seul juron ne sort de ma bouche, de peur d'abîmer le mur plus qu'il ne l'est déjà. Mais ce soir là, ou ce matin là, j'ai su qu'il n'en était rien.

En effet, ce matin-là, le mur m'a chuchoté à son tour, lui aussi m'a parlé : "Aaaaan, aaah oui" qu'il me disait. Etrange, pensant que ça lui plaisait je récitais mon cours à voix haute cette fois ci :

- "COP II : permet le bourgeonnement des vésicules du RE au Golgi, COP I..."
- "Aaaan encore !"
- "Permet les bourgeonnements du TGN, pour le transport rétrograde…"
- "Plus fort !"

Et là, je n'en pouvais plus, tout excité par tant d'entrain, je m'époumonais "POLYGONE DE WILIS, ARC A1, SEGMENT PRE-COMMUNICANT DE L'ART..." "Baise moi plus fort !!", là j'ai fermé ma gueule j'ai compris. J'ai tendu l'oreille : cette voix, c'était pas celle d'un mur, c'était ma voisine. Ma voisine Alexandra : elle criait, elle prenait plaisir à se faire prendre, on entendait les claquages des deux corps, fusionnant, mélangeant leur fluides, ne faisant plus qu'un, c'était un vrai concert auditif, le genre de musique que tu passerais ta vie à écouter.

10 minutes plus tard, un grognement, puis silence. Plus rien : était-elle morte ? S'était-elle endormie ? Je n'en saurais rien. Pour garder plus de magie, je ne dirais plus que les murs ont des oreilles, mais une bouche : et cette bouche, c'est celle d’Alexandra, ma jolie voisine du 1er.

J'aime écouter ce que dis mon mur depuis ; je veux dire, j'aime VRAIMENT écouter ce que dis mon mur depuis.

PS : J’offre un cookie à celui qui a reconnu le style d’écriture.
PS2 : Elle en est à sa 4ème fois depuis 6h du mat', sa voix me rend fou.