La POSSESSION n'est pas la PROPRIETE

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Je fais ce petit point rapide sur la distinction entre propriété d'usage et propriété capitaliste de manière à lever le doute qui pourrait planer sur le sujet. En effet si nous anarchistes sommes pour la fin de la propriété privée au profit de la propriété collective, il faut bien comprendre que cela ne concerne pas l'ensemble des biens.

Distinction est ainsi communément faite entre les deux composantes de la propriété :

- La propriété de fait, que l'on appelle possession, ou encore propriété d'usage

- La propriété de droit, que l'on appelle propriété capitaliste

Cette distinction apparaît dans le fameux "Qu'est ce que la Propriété?" de Proudhon, dont Marx dira que c'est le premier manifeste scientifique du prolétariat.

Ce n'est donc pas tant la propriété d'usage que Proudhon critique, celle-ci étant la première forme de propriété qu'on connaît dans l'Histoire, mais bien la propriété capitaliste, qu'il qualifie de vol. Il s'agit en effet de la possibilité pour un individu de tirer le produit d'un capital sans fournir aucun travail, cette possibilité se concrétisant par l'intérêt, le loyer (fermage), les profits, etc.

Il y a ainsi une critique de l'accaparement de la plus-value, et en opposition à cette forme de propriété Proudhon conçoit la possession, comme forme de propriété opposée à celle du capitalisme. Il peut y avoir des possessions individuelles, mais la possession relève de la chose publique et jamais du pur intérêt individuel, celle-ci étant produite par le concours de la société et le travailleur étant ainsi endetté socialement envers celle-ci en toute circonstance.

Ceci explique la dimension sociale, presque collectiviste, de la propriété. Pour autant, Proudhon reste un penseur anarchiste et malgré cette dette sociale
bien présente, il s'oppose à toute forme de coercition à l'endroit de celui ou celle qui refuserait de "rendre" à la société qui lui a permis d'acquérir ses possessions. Cependant, il considère que le refus de la réciprocité et l'isolement qui en découle est un moteur assez puissant afin d'amener les individus à collaborer.

Dans cette perspective, on ne pense donc pas les moyens de production comme des biens à nationaliser ou étatiser, mais comme des biens dont la gestion revient avant tout aux travailleurs, réunis autour de la propriété collective. C'est ce qu'on appelle le collectivisme.

C'est sans doute pour toutes ces raisons qu'on a souvent vu les paysans se tourner davantage vers le collectivisme que vers le communisme, dans la mesure où le collectivisme respecte davantage la propriété d'usage du petit propriétaire terrien que le communisme.



EDIT :

Après une petite discussion avec Zebrotron, j'en profite pour ajouter ce laius complémentaire : il faut bien comprendre que communisme et collectivisme sont différents, mais peuvent intéragir à différentes échelles. La différence majeure entre les deux, dans un cadre anarchiste est donc que :

Collectivisme > Tout ce que je produis m'appartient, et je fais le choix de coopérer avec la communauté pour partager le surplus
Communisme > Les ressources que je produis vont à la communauté qui me réattribue une partie de ce que j'ai produit


Ainsi le communisme marche mieux à petite échelle (c'est déjà le cas dans la famille aujourd'hui, mais également dans les groupes d'amis), tandis que le collectivisme semble plus adapté à plus grande échelle.


Plus d'infos :

http://www.demystification.fr/les-livres-de-tom-thomas-2/propriete-et-possession-alienation-et-liberte/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Qu%27est-ce_que_la_propri%C3%A9t%C3%A9_%3F

La POSSESSION n'est pas la PROPRIETE
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lemaurinois

Je suis curieux de savoir s'il y a des agriculteurs en collectivisme et comment ça fonctionne.
Ça m'emmerderai de partager mes champs.

Parce qu'un bien dans le monde rural ne correspond pas qu'à un nom sur un papier, il engendre entre autre des cotisations, une rigueur de travail selon la culture ou un entretien selon les lieux.

zebrotron3000

@lemaurinois: ca existe, sur le plateau du larzac par exemple

lemaurinois

@zebrotron3000: ils font quoi comme culture?

anonyme
anonyme
a
5 ans

@lemaurinois: Je me suis mal exprimé peut-être mais je vais le re-préciser : le collectivisme permet justement la possession individuelle de son champs.

zebrotron3000

@lemaurinois: je ne sais pas, ils sont pas tous collectivistes. En gros la zone du plateau du larzac est autogérée, je ne sais pas quelles sont les productions qui sont collectivisés/si il y en a encore. En tout cas il y en a eu il y a peu de temps.
Il y a eu ca aussi en espagne en 36.

En gros l'idée est que la terre est un bien commun. C'est une notion bien réelle, c'est un bien qui appartient au commun, et personne ne peut la posséder. Ca veut pas dire que les gens dessus sont délocalisables ou quoi que ce soit, seulement que la terre echape a la notion de propriété.
En exemples de terres collectivisés, j'ai pas forcement de bons exemples bien documentés. Mais par exemple, j'ai rencontré il y a peu un agriculteur qui organise la rotation des cultures avec des amis a lui. Au final les cultures appartiennent a x qu'elles aient poussés dans le champ de x ou y.

lemaurinois

@lapinbilly: advit eternam ?

lemaurinois

@zebrotron3000: c'est ça qui m'embête.

La terre est la base de tout. Tant que ce principe est utilisé par des personnes ayant les mêmes idéaux, ça peut fonctionner je suis d'accord.

Mais en apllicant ça a plus grande échelle, avec des personnes n'étant là que par besoin et pas par envie ou passion, ça changera beaucoup. X fera en sorte que les années qui suivent se ressemble pour lui et pour les autres, que le sol soit encore viable dans le futur. Y ne viendra que pour faire en sorte que son année de culture arrive à terme et en tirer ses bénéfices, sans se soucier du futur, pendant que x s'emmerdera l'année d'après.



J'utilise des système de collectivités pour mon exploitation, mais pour du matériel.

zebrotron3000

@lemaurinois: sauf que le collectivisme est généralement associéà d'autres notions, qui boulversent totalement le modèle économique actuel. je suis d'accord que ce mode de fonctionnement est une absurdité complete dans le monde actuel sauf a fonctionner avec quelques personnes de confiance.

Par ailleurs, il y a plusieurs formes de collectivismes, je n'ai donné qu'un exemple, mais on peut très bien imaginer que tu cultive les mêmes champs pendant 20 ans. c'est la communauté qui te donne un droit d'exploitation du champ. Un peu comme un système de bail

anonyme
anonyme
a
5 ans

@lemaurinois: Tant que tu en fais l'usage et que tu le travailles oui, et en ce sens cela peut être familial.

anonyme13213414

@lemaurinois: Faut aussi comprendre que le travail n'a pas pour seul objectif la production mais plutôt de répondre à un besoin, celui de se nourrir.

Du coup qu'une personne cherche à produire le plus possible en un an sans penser au conséquences c'est pas possible, car le but c'est d'assurer la pérennité et la viabilité de ce qu'il fait. Ça aurait aucun sens et ce serait même pénalisant pour lui de faire les choses mal et vite, du moins dans le cadre d'une société libertaire.

lemaurinois

@Evilox: tout dépend de ce qu'il y a à la clé. Si on reste sur une idée ou l'argent sera le fin mot, même pour se nourrir, il suffira à cette personne de déménager pour reprendre son activité.
Et oui, le travail répond au besoin de se nourrir, mais aussi celui de protéger la culture pour avoir cette. Nourriture.

N'importe quelle culture demande énormément d'attention, et je ne crois pas cette théorie viable à grade échelle. Sur des micro-localisation oui, sans soucis.

Et en définitive, à lire ce que vous proposez, les fondamentaux et/ou les problèmes restent les mêmes qu'à l'heure actuelle.


Si une collectivité peut donner le droit de cultiver ( ou de recevoir le fruit d'une culture), alors quid de l'impartialité de celle-ci.
Que faire si l'un des agriculteurs perd sa récolte ? Sa santé ? Si pour le.bien d'une ou plusieurs communautés on l'exproprie ( enfin ce mot n'aurait pas de sens la)

anonyme
anonyme
a
5 ans

@lemaurinois: ça m'embête un peu de te répondre sur ton message parce que j'ai l'impression qu'Evilox et moi on ne défend pas tout à fait la même chose, mais pour te répondre au moins sur la deuxième partie de ton message :

"Si une collectivité peut donner le droit de cultiver ( ou de recevoir le fruit d'une culture), alors quid de l'impartialité de celle-ci."

Le collectivisme donne justement la primauté de la décision aux producteurs. Les producteurs sont les premiers bénéficiaires de leur production, et c'est à eux de décider de ce qu'ils donnent à la commune. La commune ne donne pas le droit de cultiver et ne le retire pas, cependant en l'absence d'utilisation d'une terre la commune s'organisera pour l'attribuer, et ça semble tout à fait légitime (à moins qu'il soit plus utile de laisser la terre au repos).

"Que faire si l'un des agriculteurs perd sa récolte ? Sa santé ? Si pour le.bien d'une ou plusieurs communautés on l'exproprie ( enfin ce mot n'aurait pas de sens la)"

C'est là tout l'intérêt du collectivisme, si tu donnes à la communauté tes excédents, elle s'organise pour te venir en aide en cas de besoin. C'est tout l'intérêt de la solidarité.
L'intérêt que je trouve personnellement au collectivisme au sein d'une commune, c'est que contrairement au communisme il te laisse la propriété des terres que tu exploites, mais il prône malgré tout la solidarité et la collaboration.

lemaurinois

@lapinbilly: J'aime bien ton dernier paragraphe. Même si ça ne sera pas simple, cette idée me plait bien.

Je cherchais un palliatif au tout "argent", je pense que s'en est un.

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