Première page d’un manuscrit brûlé.

Après plusieurs semaines passées dans cette guilde (« Guilde ». Laissez moi rire. Cette taverne n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fût, dorénavant peuplée de bêtes de cirque et d’alcooliques), je trouve enfin de quoi m’occuper, et surtout de quoi gagner mon pain. Les contrats ne manquent pas, mais ils proposent au choix des récompenses ridiculement basses ou des missions monstrueusement hors de ma portée.
Cette quête semble simple au premier abord : subtiliser les œufs de quelques vouivres sauvages pour le compte d’un sorcier de Moga. L’utilité qu’il en aura ne me soucie guère, les cinq cents conques d’or de paiement étant tout ce qui m’importent. Nous sommes manifestement plusieurs intéressés par cette mission. Parfait. Diviser la récompense en trois parts ne me dérange point, tant qu’ils font leur part.
Ceux qui me serviront de compagnons ne m’ont pas l’air développés d’esprit, mais leurs atouts sont clairement plus visibles que les miens : me voilà donc embarqué en compagnie d’un orcoïde tout en finesse (torse dénudé, muni d’un fléau d’armes et d’un ceste démesuré) ainsi que d’un draw noctomancien, s’affairant à faire les comptes de ses prises récentes, manifestement dérobées aux débauchés débordant du dépotoir qu’est la « Guilde des Aventuriers ». Connerie.
Nous avons embarqué à bord d’une caravane de marchandises. Le voyage ne devrait durer qu’une petite dizaine de jour, et j’ai réussi à négocier un petit contrat « d’escorte » de soixante écus d’argent auprès du convoi. Tout cela devrait être assez rapide. Je garde un œil sur l’elfe noir et sur ma bourse.