O.F.N.I. #11- Alice
La littérature regorge de fictions tellement géniales que l’on révérait d’en voir une adaptation magistrale à l’écran. Certaines sont tellement incroyables et échappent à notre perception à un point tel qu’elles résistent encore au septième art (je traverse ma vie dans l’espoir de voir l’univers de Lovecraft se réincarner dans une salle sombre), d’autres, à l’inverse ont été exploités et parfois souillées jusqu’à épuisement sans pour autant que l’essence de l’œuvre parviennent à être distillée. C’est le cas du célébrissime roman de Lewis Caroll : Alice's Adventures in Wonderland. Très convoitée par les cinéastes, Alice a mainte fois tournée pour une tripotée de projets en tout genre : la caméra se braque sur elle dès 1903 pour une carrière qui ne s’est toujours pas achevée, de comédies musicales kitschissimes aux comédies musicales pornographiques en passant par des films d’animation japonais et européen sans oublier la tristement célèbre ‘affaire Burton’,un viol terrible jamais condamné que nous essayons tous péniblement d’oublier…
Une adaptation se distingue des autres par sa singularité et son inventivité : celle de Jan Svankmajer sortie en 1988 (titre original: Neco z Alenky).
L’histoire, nous la connaissons tous, la jeune Alice décide de suivre un étrange lapin blanc et se retrouve plongée dans un univers étrange régit par des codes et une structure grotesque et drolatique. Disons que Svankmajer n’aura pas réellement retenu ce dernier aspect et se reposera sur la facette glauque de l’univers de Caroll.
Toute la mise en scène repose sur un visuel très surréaliste mélangeant images réelles et stop-motion. Ainsi, nous retrouverons tous les principaux personnages du récit original animés de cette façon. Nous sommes plongé dans l’imagination de la jeune fille et Svankmajer laisse à priori peu de place au doute : le métrage est entrecoupé d’interventions narratives d’Alice dont la bouche est filmée en gros plan. Nous savons donc à quoi nous en tenir durant le visionnage et le ressenti n’en est que plus malsain : comment un monde aussi morbide peut-il surgir d’un esprit si naïf ?
Alice de Svankmajer est un long-métrage qui mérite d’être vu surtout si, comme moi, vous êtes avides d’interprétations de l’univers de Lewis Caroll. Onirique et cauchemardesque, il risque d’être ennuyeux voire irritant par sa réalisation excentrique mais il s’agit pourtant, je crois, d’une voie dans laquelle s’engouffrer pour tirer d’Alice aux pays des Merveilles un chef d’œuvre cinématographique. 7/10
J'avais vu ce film à genre 8 ans en primaire dans le cadre de sorties régulières dans un cinéma indépendant de Paris.
Le lapin m'a traumatisé à vie je crois.
Mais je l'ai rematé y'a pas longtemps après que ma prof d'animation m'ait montré d'autres travaux de Svankmajer et putain qu'est-ce que c'est bon. Pour moi c'est une des meilleures adaptations d'Alice.
Tiens bein vu que tu as l'air calé sur le sujet, est ce que tu peux m'expliquer l'engouement sur ce bouquin ? Je l'ai lu, j'ai eu l'impression désagréable de lire un truc absolument pas construit, sans ligne directrice, enchaînement d'absurdités qui m'ont fait mal jusqu'au point final...
Alors je me suis dit que c'était peut être à remettre en contexte avec l'époque, qu'il y avait sans doute des allusions à des faits, des auteurs, que le côté absurde était peut être la nouveauté en vogue, mais franchement, si je m'arrête à ma lecture, je le classe dans la catégorie "on peut pas faire plus nul, même Marc Levy il cartonne".
Alors éclaire moi steuplé.
Remettre en contexte avec l'époque peut te donner des pistes de réflexions effectivement. En 1865, nous sommes en pleine époque Victorienne et Alice dans son Wonderland a ce regard ingénu et critique sur un monde, tu l'as dit, absurde et qui ne sait pas où il va: c'est exactement le même regard qu'un Candide de Voltaire par exemple (avec plus de confrontation et d'implication de la part du personnage). Le pays des merveilles est extrêmement codifié par des règles complétement absconses et arbitraires, c'est le ressenti de beaucoup d'auteurs quant à la société de l'époque Victorienne. Mais au delà de ces considérations d'interprétation ,ce que personnellement j'adore dans Alice c'est justement cet univers détraqué et fascinant! Je suis naturellement attiré par les oeuvres absurdes, quel qu’en soit le propos, je comprend parfaitement que tu n'adhères pas, mais Alice a un effet sur moi tout à fait indescriptible comme beaucoup d'autres oeuvres aux allures enfantines (comme Le Petit Prince par exemple).
Effectivement ça semble plus être une satire de cette époque qu'autre chose dans ce cas, ne serait ce que par l'utilisation d'un ou 2 poèmes de contemporains. Mais reste que si je devais résumer le bouquin en un mot, ce serait "opium" :D
Pour ce qui est du Petit Prince, je trouve ça beaucoup plus construit et plus accessible dans le sens ou ça reste intemporel.
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