Perdu dans la nuit

Il est bien trop tard,
Et je me suis perdu dans la nuit;
cloîtré dans l'ennui
comme dans le désert des tartares.
Gorge et coeur serrés
empêchent mes yeux de se fermer.
Les démons de l'ombre
Me broient les tripes et me détruisent,
ma psyché épuisent;
ils laissent derrière eux des décombres.
Ecrasé, à terre,
J'attends immobile que tout cesse;
noir dans mes artères
un sang épais pulse ma détresse
Ah - j'en crierais
Si j'avais la force de lutter;
Ah - j'en pleurerais
si les larmes pouvaient me sauver.

Au fond de la nuit
Dans une horreur de glace morbide,
ma peur s'affermit
comme un nuage de gaz putride,
m'étouffe, grandit,
Elle enfle, couvre tout, sauvage,
M'abandonne pour mort
sur le rivage
encore...

Le souffle court, perdu dans cette nuit sans fin
mon supplice continerais juque au matin,
si je ne me souvenais - bonheur apaisant -
que demain je pourrais me vider de mon sang.

Doucement, je reprends possession de moi,
à l'ombre d'un soleil peinant a s'éveiller
dont les rayons ocres filtrent par les volets.
Dans mon navire de coton, sans plus d'émoi
je m'endors enfin sur un océan vermeil
le coeur plein d'espoir d'un lendemain sans réveil.