Le point de non-retour

Hello again...
J\'ai parfois le sentiment de m’impliquer trop personnellement mais pourtant je me réfugie derrière la sécurité que confère l\'internet et un pseudo. Passons,
Vous est-il déjà arrivé de \"pêter\" un plomb ? Je veux dire, pas le genre de coup de tête que l\'on a quand on décide d\'acheter un jeux ou une télé. Le genre qui vous fais oublier tout ce que vous avez pu vivre jusquà dès lors, le genre que vous regretterez bien après et pourtant le genre qui au moment où il arrive vous fait penser que plus rien n\'est établi et qu\'alors tout vous est possible. Absolument tout. Vous savez, on est toujours limité, par notre conscience, par nos à priori vis à vis du reste de la société. Que vont penser les autres si je fais ça ? Qu\'elles seront les retombés de mes actes ? On pourrait résumer cela aux pulsions primaires que l\'on peut avoir. Mais ce n\'est pas de ça que je veux parler.

Je veux parler du moment où l\'on ne voit plus le monde comme une succession de barrières, ou de libertés à respecter, mais simplement comme il pourrait l\'être à travers les yeux d\'un enfant ou d\'un animal. Simplement des choses, des décors, des lieux, des endroits, des êtres, qui ne sont plus finalement que part du décor. Je veux parler de la liberté absolue que jouis tout être qui vient en ce monde. Aucune notion de bien ou de mal. Juste...Vivre.

Hé bien...Pour faire originale, je vais vous raconter l\'une de mes expériences. D\'une part parce que, rien n\'est plus vrai et authentique que le vécu, et d\'une autre part, parce que hem..j\'en ressens le besoin. Libre à vous de me nég\'. J\'dois dire que pour le moment j\'en ai que faire. Je suis simplement là pour partager. Donner et recevoir.

Me voilà donc dans ma tendre adolescence, avec tout les \"problèmes\" existentiels que cela implique. J\'habitais à l\'époque encore chez mes parents. Et pour je ne sais plus qu\'elle raison, voilà que je me prends sévèrement la tête. Le genre d\'embrouilles, qui avec du recul, parait assez ... puérile, et qui pourtant vous semble important à un très haut point. Le genre qui vous fait détester vos parents. C\'était tout à fais égoïste de ma part. J\'en suis conscient maintenant.

Bref, voilà donc que je m\'embrouille avec ma chère matrice. Dans ma stupide fierté, je décide de partir de chez moi. Plus rien ne m\'importe vraiment, alors en apprentissage , je chie littéralement sur mon chef, et sur les retombé que pourrait avoir une absence au travail. Je décide simplement dans la soirée de partir, un sac à dos contenant un un pull, quelques autres habits, mon vieux perfecto sur le dos, mon mp3 dans les oreilles. Je pars. La nuit est tombé. Cette nuit que l\'on cotoie, et que l\'on apprend à accepter comme une amie. Non, je ne suis pas un émo de merde. Simplement que la nuit, le monde semble tellement..différent.

Me voilà donc sur la route, je me dirige lentement vers la sortie de mon village, en périphérie d\'une ville moyennement dense. La pluie a alors décidé de faire partie de l\'histoire. J\'n\'en ai que faire. Mon blouson de cuir me protégeant parfaitement. J\'ai décidé de faire du stop jusqu\'au centre ville et de rejoindre la maison de mon meilleur ami.
Je marche simplement, déterminé. À cette époque, je considérais que rien ne m\'étais impossible dès lors que j\'avais mon MP3 avec moi. Peut importe la distance à parcourir, le chemin à faire (c\'est différent quand on acquiert le permis je dois l\'avouer...mais passons).
J\'arrive à la sortie de mon village. La pluie tombe toujours. Je commence à être trempé. J\'attend bien vingts minutes, près à dégainer mon pouce à la moindre voiture qui se montrerait... Mais rien... Il était quelque chose comme 23 heures. Un jeudi soir... Je décidais alors de marcher vers la ville la plus proche.

Je suis la seule route qui y mène. Pas de lampadaire, des arbres des deux côtés de la route. Me voilà seul moi et ma colère. La musique ne faisant que raviver ma haine. Je marche, la pluie frappant mon visage, je commence alors à marcher au milieu de la route. Comme si plus personne n\'existait. Comme si je ne craignait pas de me faire renverser en pleine nuit. Là seule pensée qui me vient à l\'esprit, c\'est que la route m\'appartient. Rien ni personne ne peut m\'arrêter. C\'est là que le point de non-retour est atteint. Le monde n\'est alors plus délimité par ces barrières que l\'Homme (dans son infini connerie) se créer.

J\'arrive au niveau de la première petite ville, des lampadaires font leurs apparitions. Ils émettent un halo orangé. Si caractéristique des jours de pluies. Je m\'arrête et attend simplement. Une voiture pointe le bout de ces phares. Je tends le pousse. La voiture me dépasse alors, et s\'arrête brutalement quelques dizaines de mètres plus loin. Je cours dans sa direction et arrive au niveau de la fenêtre passager. La vitre se baisse, je remarque alors que l\'habitacle est enfumé au point que l\'on ne distingue pas les passagers. Il y a deux personnes. Le conducteur ainsi que le passager avant.
Deux hommes ayant la quarantaine, ils ont l\'air complètement fait. Le passager me demande où je vais. Je lui réponds que je descends au prochain Mcdo. \"Monte\" qu\'il me dit.
Ce n\'est qu\'une fois à l\'intérieur que je remarque que les deux sont en bleu de travail. Sur le coup, je ne me suis pas vraiment posé de question. Mais en y repensant, c\'était..troublant.

Je suis donc assis derrière, les deux parlent de choses et d\'autres. Rien de cohérent. Ils ne fumaient pas de pétards mais des cigares... Et se partageaient une bouteille d\'alcool. Je restais serein malgré tout. Si quelque chose devait se passer. J\'étais préparé. Oh oui. Mais rien ne se passa. Arrivé à destination. Ils me déposèrent. Marmonnant quelque chose que je ne compris pas. Ils partirent dans un fracas en faisant crisser les pneus. Quelle étrange histoire.

Je commençais à marcher en direction de la maison de mon pote. À quelques centaines de mètre de là. Une fois fois la maison en vue, je le vois lui ainsi qu\'un autre de mes potes. Marchant dans la direction opposée. Je les ai alors rejoint. Après des retrouvailles en hate, je leurs demande ce qu\'ils font là. Il s\'avérait alors qu\'il s\'était pris la tête avec ses parents, et qu\'il était parti de chez lui. Fantastique coïncidence. Je lui expliquais mon histoire. Et mon intention de crécher chez lui. C\'était mort. tout simplement.

Voilà que nous étions tout les trois à la rue. On marchait alors vers une vieille zone industrielle des environs. Sur place, nous trouvions, un vieux hangar et on entrait dedans. Il y avait des veilles étagères industrielles, de la crasse et du camboui, ainsi que des canapés pourris dans un coin.
Hé bien... faisant fi de toute répugnance que l\'on avait pu avoir. On décidait de squatter ici pour la nuit. Dans ces canapés qui devaient avoir vu des choses...des sales choses. On essayait alors de dormir. On était mouillés et sales. Le troisième revint avec une vieille lampe à halogène. Ne me demandait pas d\'où il l\'a sortait. Je ne pourrais vous le dire. Le fait est qu\'il en avait une. Il trouvait alors une prise, et magie... Elle marchait.

L\'histoire de trois pauvres types, au milieu d\'un entrepôt, par une nuit de pluie. Notre chauffage était alors cette lampe. Aussi bidon que cela puisse paraître, la simple chaleur dégager par cette dernière nous réchauffait quelque peu. Lors de cette nuit. On a alors décidé du destin de notre monde.
Tout était sorti. Les injustices que l\'on ressentait. les mal être. Une réunion d\'adolescent en quête d\'eux même, en quête de vérité et de justice. Ça me parait tellement pitoyable dit comme ça. Pourtant c\'était tellement vrai.

La nuit passa. On dormait à moitié. Pris par le froid, et par la situation si singulière.
Finalement, le jour s\'est levé. Aucun de nous n\'est allé travaillé le jour suivant. On a simplement squatté. Fumant clope sur clope. Et relativisant.
Finalement les années ont passés et on se souvient.

Quel était le but de cette box ? Je l\'ai dis au début. J\'ai quelque peu dévié, et pourtant, c\'est ce sentiment d\'être libéré de toute contraintes et de toutes barrières, qui a fait que je ne regrette pas ces erreurs puériles. Un sentiment, qui semble-t-il, se perd au fur et à mesure, que l\'on grandit et que l\'on \"évolue\", comme si la société, voulait faire taire une bonne fois pour toute, cette \"sensation\", cette liberté... J\'imagine que si tout le monde était animé de ce sentiment, le monde ne serait que chaos et anarchie... et pourtant.

L\'histoire d\'un être parmis tant d\'autres.