Opération Frankton, Bordeaux, décembre 1942

Dès le 27 juin 1940 les troupes allemandes occupèrent Bordeaux (photos 1, 2 et 3), ville stratégique ouverte sur l'Atlantique. Cette métropole de 200 000 habitants était importante grâce à son grand port que les occupants s'empressèrent d'utiliser à leurs fins.

Le port fut utilisé par les sous-marins italiens et allemands, les fameux u-boot (4 et 5), stationnés dans leurs hangars en construction (6 et 7) mais aussi par les « forceurs de blocus ». Ces bateaux étaient destinés à passer outre le blocus en se faisant passer par des navires neutres et faire la liaison entre l'Europe allemande et l'Asie japonaise. Ces bateaux permettaient au Reich d'obtenir des matières premières qu'il manquait terriblement comme du caoutchouc, de l'étain et du tungstène. Le forceur de blocus « Rio Grande » (8) mettait environ 5 mois pour faire l'aller-retour.

C'est alors que les anglais eurent l'une des idées les plus audacieuses de toute la Seconde Guerre Mondiale : attaquer les bateaux du port de Bordeaux avec des kayaks ! Plus précisément, le but de cette opération (appelé Frankton) était d'envoyer un petit commando de la Royal Marines placer des mines sur la coque des bateaux à quai et ainsi les couler. L'idée en soi était déjà folle, mais elle l'est encore plus quand on la remet dans le contexte.

En effet, en décembre 1942, les anglo-américains viennent à peine de débarquer en Afrique du Nord un mois plus tôt et peinent à avancer face à l'Afrika Korps de Rommel tandis que les allemands lancent une offensive sur Stalingrad. Autant dire qu'à ce moment là le Troisième Reich était loin d'être en position de faiblesse et dominait toute l'Europe.

Pourtant, le 7 décembre 1942 au soir, un sous-marin britannique lâcha 5 kayaks près de l'embouchure de la Gironde. Chaque kayak accueillait deux hommes. Le commando fut mené par Herbert Hasler, tout juste âgé de 28 ans (9, 10 et 11, où il s'entraîne pour l'opération). Ils partent du sous-marin après 20h20.
Les kayaks portaient tous un nom : Catfish (celui de Hasler), Coalfish, Crayfish, Cuttlefish et Conger. Un sixième kayak devait les accompagner, mais il fut endommagé avant le début de l'opération.

Le début s'avéra très difficile. Le Coalfish chavira sur les hauts-fonds au large du phare St-Nicolas vers minuit, le contact fut perdu. À peine trente minutes plus tard ce fut le Conger qui chavira. Il fut remorqué jusqu'à la berge par d'autres kayaks, mais l'opération étant primordiale, Hasler se vit contraint de laisser ses deux camarades sur la berge et de continuer sa route. Un peu plus tard dans la nuit, en cherchant à éviter des navires ennemis, ils perdirent le contact avec le Cuttlefish.

Quand le soleil se leva au petit matin du 8 décembre, sur les 6 kayaks originellement prévus, il n'en restait plus que deux, le Catfish et le Crayfish. La journée, ils se cachaient sur les berges pour ne pas être repérés puis repartaient la nuit tombée. C'est ainsi qu'à l'aube du 11 décembre ils aperçurent Bordeaux. Ils décidèrent de se cacher la journée pour préparer l'attaque.

Dans la nuit du 11 au 12 décembre, le Catfish parvint à poser des mines sur 4 navires et le Crayfish sur 2. Ils réussirent à repartir sur la Garonne sans se faire repérer et rejoignirent la berge peu après Blaye. De là, les deux équipages du Catfish et du Crayfish se séparèrent pour ne pas être repéré. L'objectif de Hasler était désormais Ruffec, au Nord de la Charente, à 160 km de là, qu'il atteignit le 18 décembre.

L'opération fut un succès. À partir de 07h du matin, et ce jusqu'à la mi-journée du 12 décembre 1942, les mines se déclenchèrent les unes après les autres, endommageant et/ou coulant les navires cargos Alabama, le Portland, le Dresden, le Tannenfels (12) et le pétrolier Cap Hadid. Une autre mine avait été collé au Sperrbrecher mais celle-ci se détacha et explosa au fond de l'eau. La garnison allemande se retrouva totalement désemparée, ne comprenant pas ce qu'il se passait.

Le bilan humain fut néanmoins très lourd pour le commando. Sur les 10 hommes du commando, 6 furent arrêtés et exécutés et 2 moururent noyés. Seul l'équipage du Catfish survécu : Hasler et Sparks.

Opération Frankton, Bordeaux, décembre 1942
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iGod
iGod
6 ans

c'est ouf ptn !

Tes boxs sont les meilleurs du site je crois

Zedix
ZedixCharles Darwin
6 ans

@iGod: J'irais pas jusque là mais merci quand même! et puis pour la box faut remercier Kolik, c'est lui qui m'a donné l'idée de faire une box sur l'opération Frankton

LeTenia
LeTeniaElizabeth Taylor
6 ans

Merci.
J'suis au taf (je bosse sur Bordeaux). J'te dis pas comment je vais me la péter avec cette histoire à la pause!

Daboulganiech

Et quand on voit les défenses autour de la pointe de Grave, le courant de la Garonne dans l'estuaire, ça donne une idée des burnes en titane trempé des kayakistes.

HassanCehef

@Daboulganiech: Étonnant d'ailleurs que les deux derniers kayaks n'aient pas coulés avec tout le poids des burnes qu'ils supportaient.

Daboulganiech

@HassanCehef: Kayak Deutsche Qualität.

</ironie>

anonyme
anonyme
6 ans

Merci pour ces détails de l'histoire aussi important que les grands Pans!

genty2212
genty2212
6 ans

Du petit lait ce type de box, merci!

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