L'Accident de métro du 10 août 1903 à Paris
Il est 19h.
Nous sommes le 10 Août 1903, trois ans seulement après l’inauguration du métro de Paris. Georges Chauvin conduit fièrement le train 43 et ses huit voitures en bois vers Nation quand, à l'occasion d'un arrêt à la station Barbès il remarque de la fumée qui émane du plancher de la motrice avant. Le dispositif de prise de courant sur le rail est en feu. Les passagers sont évacués et l'incendie rapidement maîtrisé.
Soucieux de ne pas bloquer les convois suivants, Georges, un peu moins fier, repart à vide. Mais la reprise s'accompagne de nouvelles flammes. Cette fois le train ne s'arrête pas, le feu non plus. A la station Allemagne, on demande un extincteur. Mais à la station Combat, l'incendie reprend dès le courant rétabli.
La motrice avant est désormais dévorée par les flammes. Georges n'a pas pu la détacher du convoi. Installé dans la motrice arrière, il craint pour sa sécurité. Il demande à être poussé par le prochain train. Ce sera le 52, qui se trouve à ce moment à la station Allemagne. Ses quatre voitures arrivent quelques instants plus tard, vidées de plus de trois cent occupants mécontents.
C'est donc rassemblées en un seul train, 12 voitures en bois qui repartent, occupées uniquement par son personnel: Conducteurs, chefs de train et contrôleurs. Mais rien n'est fait pour isoler la source du brasier. Et alors qu'une voie de garage se situe tout près, le train de l'enfer s'engage directement vers Nation. La compagnie accusera le chauffeur d'avoir délibérément refusé d’emprunter la voie de garage, quand celui-ci invoquera un dysfonctionnement du système d'aiguillage.
Le train ravagé par les flammes traverse maintenant Belleville. A la station Couronne, Didier le chef de gare, horrifié par le spectacle, tente de le faire s'arrêter mais M. Fleuret, conducteur du 52, lui assure pouvoir continuer.
Il est 19h20.
Une violente série d'explosions retentit, provoquées par un court circuit. Le convoi est stoppé net et la motrice s'embrase totalement. Tout cela juste devant la station Ménilmontant où, sur les deux quais se pressent de nombreux voyageurs. Beaucoup seront condamnés par les flammes et la fumée, d'autres parviendront à fuir de justesse par le tunnel menant à la station Père Lachaise.
Pendant ce temps, le trafic est toujours ouvert, et le train 48 se dirige à son tour dans le tunnel infernal. Ses quatre voitures sont surpeuplés à cause des précédents déchargement de voyageurs. Une vraie réaction en chaîne.
Interrompu à Couronne, il ne peut repartir: Le signal est à l’arrêt. Certains voyageurs lance un «tout le monde descend!» pour plaisanter, car c'est ainsi qu'on les avaient prié de quitter le train 43, à Barbès. Même si quelques personnes sont exaspérées, le temps est à la plaisanterie.
Le conducteur, M Chedal, entrevoit les feux arrière de la rame incendiée au fond du tunnel quand soudain il distingue le nuage mortel se propager. M. Fleuret et un de ses collègues surgissent alors à pieds par les voies, préviennent pour l'incendie. Mais l'épaisse fumée noire envahit déjà l'ensemble du souterrain.
Le chef de station et M. Chedal, prennent conscience de l’imminence du danger, et décident d'évacuer une fois encore les voyageurs. Mais très peu sont d'accord. La plupart refusent obstinément de se lever, préférant attendre une reprise du trafic, quand d'autres exigent le remboursement préalable de leur billet, n'hésitant pas à insulter et frapper le conducteur impuissant. Pendant que la foule s’énerve, le feu a eu le temps de se propager dans le tunnel et commence à envahir la station. La fumée gagne du terrain et la foule, interdite, réalise son erreur.
A la surface, un commerçant s'étonne de voir un lourd nuage remonter lentement du métro. Déjà, les personnes qui étaient descendues quelques instants plus tôt acheter leur billet remontent et donnent l'alerte, précédées par une une terrible bousculade, une déferlante qui hurle: «De la lumière! De la lumière!»
Il est 19h30.
L'éclairage s’éteint brutalement. Tout à fondu. Le chaos s'installe en quelques seconde. L'obscurité referme ses bras et l'enfer s'ouvre sur les passagers terrorisés. Un enfer sans lumière car ni les lanternes, ni les bougies, ni les allumettes ne parviennent à percer le noir de sa fumée. Un enfer sans cris car la suie étouffe leur voix. Les gens courent, tombent, piétinent, se ruent, avides de la moindre bouffée d'oxygène. Certains y parviendront, en haut des escaliers de l'unique sortie coté Ménilmontant. Les autres n'auront pas cette chance.
Désorientés par la panique et les ténèbres, beaucoup se dirigent au nord de la station où ne les attende aucune autre issue qu'un mur de pierre. Agglutinés au bout du quai, avec toujours l'espoir de trouver une sortie, la plupart mourront asphyxiés.
M. Chedal, qui connaît bien les lieux, longe le quai. Sa main le guide le long du mur lorsqu'il se heurte à des bras tendus. Il s'en saisit, et continue sa route jusqu'à la sortie. À bout de souffle, il s’effondre, lui et la femme qu'il vient de sauver. Tous deux sont transportés et soignés dans une pharmacie.
Dehors, l’anxiété succède à la sidération. Personne ne connaît encore ni la gravité de l'accident, ni le nombre de victimes. Certain osent l'optimisme. Pourtant, il va falloir attendre. Longtemps.
Il est 3h.
Après une première tentative infructueuse vers 21h, l'accès au métro est de nouveau possible. Deux premiers cadavres sont retrouvés. On amène les brancards et le lugubre défilé commence.
A la station Ménilmontant on dénombrera sept morts carbonisés. A Couronne, ce sont soixante dix sept personnes qui ont péris asphyxiées. Les deux conducteurs des rames incendiées furent sérieusement brûlés et des dizaines de personnes furent intoxiquées par l'inhalation des épaisses fumées.
*«Sur le quai, contre le mur fatal où se ruèrent les malheureux en tas, une large tache sombre, qui est une mare de sang, témoigne. Il y a là des ombrelles, des chapeaux de paille (…), un pain frais, une poupée. C’est une vision de cauchemar.»
«On trouve contre un mur un homme tenant par la main une fillette qui, elle-même, serrait dans ses bras une poupée. Celui-ci a encore dans sa main droite le journal qu'il était en train de lire dans son wagon.» Le Journal, 12 août 1903*
Par la suite, les rames furent entièrement métallisées, le circuit électrique fût divisé en deux réseaux séparé et les éléments de tractions qui s'embrasaient sans cesse furent protégés par des fusibles. Enfin, les fameux blocs lumineux de secours marqués «Sortie» furent installés aux endroits cruciaux et l'éclairage des tunnels rendu obligatoire.
Après cette catastrophe, le nombre de voyageurs s'effondra. La panique gagna même les métros européens. À Londres, le «tube» est déserté pour les omnibus. Les gens ont peur d'être à leur tour enfermé et brûlés vifs.
Mais peu a peu, l'appréhension s'effaça et sa praticité fît du métro un moyen de transport indispensable.
Archive: Le Temps le 12 Août 1903 avec témoignages et détails: https://www.retronews.fr/embed-journal/le-temps/12-aout-1903/123/639285/1
Archive: Le Petit Parisien 11 Août 1903: https://www.retronews.fr/journal/le-petit-parisien/11-aout-1903/2/85548/3
En effet, belle box pour une histoire marquante et très bien narrée.
Je ne peux m'empêcher de penser que quelque soit l'époque, la foule ne peut s'empêcher de réagir de la même manière, une belle brochette d'animaux..
J'y pensais, 3 ans après l'ouverture seulement, il y avait déjà son lot de connards...
Dommage qu'on ait l'impression que ce soit un lycéen qui ait écrit le texte, tous ces mots et ces phrases alambiqués pour rien, pas très digeste tout ça.
Tres beau copier coller, je neg
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