[Nouvelle courte] (vulgaire). Prototype de narration.
(Normalement y'a un code couleur pour les dialogues mais bon, c'est qu'un détail pas très important. "trucs" correspond à ce que vous voulez, c'est fait exprès :)) => version rtf avec code couleur : https://www.dropbox.com/s/10ybqfj4v70v31f/Chlo%C3%A9%20Jinx.rtf?dl=0
On m’a toujours dit que j’étais une tarée, une psycho, une ado paumée, que je ne f'rai rien de ma vie, que j’finirai camée et pute. Les gens ont souvent cette délicate attention de vous dire ce qu’ils pensent alors que vous n’en avez rien à carrer. J’vous dirai pas qui j’suis, j’vous dirai pas mon âge, j’vous dirai pas si j’ai des parents, ce qui m’est arrivé, c’que je sais ou c’que j’aime. Si vous en avez quelque chose à foutre, si ça vous intéresse, démerdez-vous. Vous avez des yeux et un cerveau, servez-vous-en.
Comme d’hab, après une énième journée que j’vous raconterai pas maintenant et une douche bouillante d’une grosse heure, j’suis sortie comme chaque soir, coller ma carcasse à un mur gelé. Pas pour fumer, nan, c’est pas mon délire. Juste pour me glacer le dos et lever la tête vers le ciel, limite m’évanouir de vertige à force de virtualiser l’bordel et surtout me dire qu’un jour, ouais, dans cinq milliards d’années, tout va cramer. Le soleil grossira, avalera plusieurs planètes, la Terre au passage. Splendide spectacle en une seule représentation. Vos petits petits petits petits, et ainsi de suite, enfants vont morfler sévère. M’enfin, je m’en tamponne, ce sera pas mes mômes.
Bref, j’divague. Ça doit faire quoi... trois soirs que ces blaireaux tournent dans le coin, que leurs regards se posent sur moi comme si je n’étais pas foutue de les voir. À la base y’avait que le grand à capuche, puis y’a eu son pote, même gueule, même dégaine d’attardé. Et puis un autre, pas mieux que les deux premiers. Et ce soir, ils sont quatre. J’me demande à partir de combien de fiotes dans leur genre on considère qu’y’a assez de courage cumulé pour égaler celui d’un homme normal. Cinq ? Six ? Dix ? J’sais pas, j’crois qu’on s’en fout. Franchement, qu’ils soient quatre ou dix, c’est pareil, j’espère juste qu’ils vont oser, que leur projet, c’est ce à quoi je pense. C’est tellement cliché.
Ah... Y’a du mouvement.
Bingo, c’est pour ce soir. Les voilà qui s’ramènent. Leur simple présence rend cette rue glauque. Alors qu’en vrai, elle est bien, hein. Mais sans eux, quoi. Je regarde leurs visages, ils ont l’air déterminés, sûrs d’eux. Classique.
— Hé bichette, t’es bonne. Un peu maigre, mais bonne.
Le chef de meute ouvre son claque-merde. Et il me gratifie de ses plus beaux compliments. Je tourne mon regard vers lui. Un petit regard froid et désintéressé. Dire que ces machins arrivent à se reproduire parfois.
— Ils sont jolis tes tatouages. T’as pas trop froid comme ça, à moitié à poil ?
Ça c’est quoi, l’adjudant connard ? Ils se sont positionnés en arc de cercle autour de moi et de mon bout d’mur. J’imagine qu’ils veulent me couper toute issue. Ils sont marrants. En quelque sorte. Stratégie basique, aucune originalité. Ça leur correspond bien.
— Y’a pas beaucoup de tissu, j’suis sûr qu’elle en a d’autres cachés.
Le sergent trouduc cherche des relations là où il n’y en a pas. Beau spécimen. J’en viendrai presque à regretter. Presque.
— Hé répond bouffonne ! Visage d’ange là.
C’est une forme de séduction basée sur le contraste ? Ça marche vraiment des fois ? La vache. Si seulement ils savaient...
— Faut pas avoir peur hein, ça te dirait de sortir avec nous ce soir ? On t’offre un verre et tout. On est des gentlemans, t’inquiète pas.
— Ouais, ça se voit de loin.
Hum, j’aurais pu trouver mieux. Pas assez badass, on fera pas d’film sur moi. Oulah y’en a un qui grimace. Il a compris l’ironie ou il vient de tilter que ses parents l’ont jamais aimé ?
— Vas-y sois respectueuse sale pute !
— Ouais grave, calme ta joie, on est gentils nous.
— Ton regard braqué sur ma poitrine, c’est de la gentillesse ?
Oh tiens, ça lui fait détourner les yeux. Il les baisse sur mon ventre. Pourquoi pas. Ah d’accord, il me reluque, en fait. Et il se mord la lèvre. Sérieusement ? Hum, ils resserrent les rangs, se rapprochent. Ça a mis du temps, mais on dirait qu’ils ont capté mon désintérêt. Dans ce genre de situation, je me pose toujours une question. Une victime, c’est censé avoir peur. Pourquoi ceux qui m’attaquent ne bittent jamais qu’un truc cloche avec moi ?
— Tourne-toi qu’on voit ton cul.
Dur dur de ne pas éclater de rire. Ils sont tellement sérieux et ridicules. Allez, on respire, on garde un visage impassible. Faut pas gâcher. Des « compliments » sur mon corps, j’en ai eu à la pelle. J’corresponds pas trop aux standards de beauté, j’crois que j’suis au-dessus. À mes yeux du moins. J’me plains d’aucune partie. C’est un avantage en tout cas. Je n’pensais pas comme ça avant que deux trois détails chamboulent ma vie. Vous connaissez les plantes carnivores, non ? Pour attirer leur bouffe, soit elles sécrètent un parfum, soit elles se rendent attirantes d’une manière ou d’une autre. Moi, c’est un peu pareil. Mais c’est pas pour la bouffe.
— Tourne-toi on t’a dit !
Monsieur s’impatiente. Réfléchissons. Un truc intelligent et subtil...
— Oh, mais c’est quoi ça ? Ohhh, c’est le doigt qui sort !
Et un petit sourire narquois pour la route, c’est cadeau. La tronche du type ! Ça n’a pas de prix.
— Fais pas la gueule, t’es encore plus moche qu’avant.
— T’es sauvage toi hein ? J’aime les p’tites salopes comme toi.
— Mec, c’est une gamine, laisse béton.
Ses potes se marrent, mais le type bouillonne. Ils sont tous là pour la même chose, mais y’en a un qui passera à l’acte avant les autres, ça annoncera le top départ. Dix balles que ce sera celui-là. Qu’est-ce que je disais. Jolie lame.
— Cinq, six centimètres ? Ça doit être le machin le plus long que tes doigts aient jamais tenu.
Les choses sérieuses se mettent en place. Ils abandonnent la « conversation ». Et hop, trois couteaux de plus. Oh mon dieu, vite, que mon beau prince charmant vienne me sauver ! Je suis si faible et fragile...
— Tu feras moins la maline dans deux minutes.
Que je ne bouge pas d’un pouce ne leur met pas la puce à l’oreille. Ils sont vraiment cons. Rien de surprenant. Et... plusieurs mains m’agrippent d’un coup. Me bousculent. M’étranglent. M’empêchent de crier. Des couteaux me menacent. Il est p'tet temps de poser le premier acte.
Mes trucs sortent, en une seconde l’adjudant connard se retrouve éparpillé sur cinq ou six mètres et dans toutes les directions. Brutalement esthétique. Ses trois potes réalisent, sans comprendre ou l’accepter, ce qu’il vient d’arriver, et reculent. On inverse les rôles. Mais eux ont vraiment peur. Courez, petites merdes, courez pour vos putains de vies.
— Faut me poignarder en plein cœur, c’est votre seule chance, libérez-moi de ma malédiction !
Je retiens un rire. Je ne suis pas très bonne actrice, après tout. Je laisse le moins pétochard des trois restants tenter le coup. Il y parvient. C’était con de ma part, ça fait des fringues à racheter. Tant pis. Même tarif pour lui, écartelé dans tous les sens. Un feu d’artifice de boyaux, de sang et d’os. C’est festif, ça pourrait plaire aux gosses. Vous voyez l’truc ou pas ? Les Japonnais dessinent souvent ça en exagérant. Moi, je le fais vraiment. C’est super fragile le corps humain, n’empêche. Celui des autres en tout cas.
Là. Là ! C’est l’un de mes moments préférés. Qu’est ce qu’il se passe dans leurs petites têtes creuses ? Ils luttent avec quoi ? La peur de l’inconnu, de la mort, du retournement de situation, du passage de prédateur à proie, la terreur de l’implosion organique ? L’un se barre, l’autre recule en me suppliant.
Je décole enfin mon dos du mur. Je jette un œil au fuyard. Ouch, ça doit faire mal.
— Eh ben, elles sont où les jamjambes ?
Il gueule. Fort et mal. C’est pas amusant, c’est la partie chiante. Mais j’dois avouer qu’il rampe bien malgré ses p’tits moignons. C’est beau l’espoir. Mais sans bras, on rampe moins bien. Hop. On va le laisser comme ça je pense. Juste un petit détail... voilà. On retire la gorge. Merde, ça l’a achevé... Tant pis, j’le saurai pour la prochaine fois.
— Bon, à nous ?
Oh... pauvre bichon. Il est tout accroupi, acculé contre le mur. Pauvre bête. Sergent trouduc n’a plus la langue aussi pendue qu’avant.
— T’es quoi putain ?!!!
Je m’attendais à mieux comme ultimes paroles. Genre « J’ferai tout ce que vous voulez, par pitié », ou encore « Aaaaaahhhh ». C’est marrant, les gens qui crient en mode « si ça se trouve ça va me sauver ». Sauf que, bah nan, ça vous sauve pas, bande de glands.
Son regard est creepy. Il sait qu’il va canner, il est pas trop sûr de comprendre pourquoi et par quoi. Voir ses potes explosés doit pas trop l’aider. Vingt ans de psychanalyses, facile. Heureusement que j’suis là pour lui éviter ça.
Ses joues s’ouvrent, ses dents giclent, perçant ses gencives. Tous ses os se compriment. Ses poumons se déchirent. Ses veines se détachent, serpentant en dehors de son corps, déversant leur contenu. C’est beau putain. J’suis pas sûre de pouvoir faire plus ce coup-ci par contre, il a l’air d’avoir déjà clamsé. Bon, pas grave.
Je sors la lame de mon cœur puis de ma poitrine. Mon sang se mêle à tous ces litres qui m’ont éclaboussée. Douche à reprendre et lessive à faire... bordel.
Alors là, j'avoue ne pas trop savoir quoi dire. C'est brutal, c'est gore, c'est malsain. Mais c'est bien écrit et ça se lit.
Beaucoup de vulgaire mais le style est plutôt facile à lire.
Je te conseillerais soit d'augmenter un poil tes descriptions de meurtre si c'est ce côté que tu veux faire ressortir, sinon on a bien le ressenti de l'héroïne donc cela la rend plus vivante et c'est cool.
Globalement c'est plutôt cool, pas trop du style que j'aime mais ça se lit bien.
Je te remercie pour ton retour :)
C'est expérimental, j'ai toujours voulu faire de jolies phrases, avec de jolis mots, du coup là j'ai fait tout l'inverse, avec peu de descriptions et pas de "dit-il, expliqua-t-il" etc (remplacé par le code couleur que vous n'avez pas ici du coup)
Pour le côté vulgaire, j'ai essayé de conserver un vocabulaire du genre "entre potes", plus ou moins, sans partir trop loin et mettre une insulte tous les 3 mots.
Ce n'est pas trop le côté description de meurtre que je veux faire ressortir (bien que je puisse les détailler un poil plus, je voulais juste pas être trop lourd là dessus), mais plus le côté personnage qui envoie chier le lecteur et qui one shot, sans trop qu'on sache comment, ses agresseurs, qu'elle va elle-même chercher. (Grandement inspiré d'Elfen Lied notamment, tout en laissant le champ libre à l'imagination en ce qui concerne ses "trucs". Pour une pote, c'était des tentacules avec des lames au bout, par ex (ce qui m'a fait penser à parasite pour le coup))
Pour le style, ce n'est pas trop le mien non plus, je t'avouerai =p. Ça me va sur un texte court (comme celui-ci) mais un livre entier, ça me soulerait je pense, sauf si l'auteur est plus talentueux que moi.
Ca se lit vraiment bien :) , perso j'ai réussis à suivre sans le code couleur. Le style un peu vulgaire et cru est intéressant, je l'ai lu comme une cool-story ce qui rendait l'histoire d'autant plus intéressante.
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