La guerre franco-prussienne (1870-1871)

Les causes du conflit

Depuis les années 1830, la Prusse entend unifier l'espace allemand ce qu'elle parvient à faire progressivement en établissant le Zollverein en 1833 (espace douanier regroupant les États allemands sans intégrer l'Autriche) puis en battant l'Autriche lors de la guerre austro-prussienne (1866). Cette victoire lui permit de créer et dominer la Confédération d'Allemagne du Nord. Malgré tout, les États du Sud (Bavière, Bade, Wurtemberg) résistaient encore à la Prusse et la France apparaissait comme une menace à l'unification allemande. Ainsi, pour terminer l'unification de l'Allemagne, le chancelier Bismarck envisagea une guerre contre la France pour rapprocher les États allemands. Une victoire contre la France lui permettrait d'exhiber sa puissance et lui conférerait du prestige ce qui lui permettrait de rallier les États du Sud à la Confédération d'Allemagne du Nord.
Dès lors, Bismarck fit progressivement monter la tension entre la Prusse et la France lors de différents événements :
-En 1867, il promit à la France de lui laisser le Luxembourg qui appartenait au roi des Pays-Bas. Au moment où la France allait acheter le Luxembourg Bismarck dévoila la transaction en Allemagne ce qui indigna les Allemands et empêcha la vente du duché...
-Bismarck profita ensuite de la crise espagnole : en 1869 la reine d'Espagne Isabelle II fut renversée et dut abdiquer laissant le trône vacant. Le trône fut proposé à Léopold Hohenzollern-Sigmaringen, parent du roi de Prusse Guillaume Ier, qui hésita puis accepta à la demande de Bismarck, avant de renoncer. La France, craignant d'être encerclée par des souverains prussiens, envoya un ambassadeur auprès du roi de Prusse à Ems afin d'obtenir la garantie que le trône espagnol ne reviendrait pas à un proche du roi de Prusse. Cependant, le roi n'accepta pas de rencontrer l'ambassadeur et télégraphia son refus à Bismarck le 13 juillet 1870. Ce dernier tronqua la dépêche qui fut jugée insultante en France. La dépêche d'Ems fit donc débuter un conflit que Bismarck attendait pour réaliser ses projets.

La défaite de Napoléon III

Le 19 juillet la France déclara la guerre à la Prusse, accompagnée des États allemands. Les Allemands adoptèrent alors un plan résolument offensif face à des Français sur la défensive. Les combats débutèrent le 2 août 1870 par une incursion française en Allemagne sans grande importance. Le 4 août les Allemands menèrent une double offensive sur Wissembourg et Sarrebrück puis ils foudroyèrent les armées françaises en Alsace et en Lorraine le 6 août 1870. En Alsace, Mac Mahon fut attaqué à Woerth-Froeschwiller où ses troupes, inférieures en nombre, résistèrent vaillamment aux assauts prussiens. La charge héroïque des Turcos et celle des cuirassiers à Reichshoffen ne changerait rien au cours de la bataille. Le même jour, le général Frossard fut vaincu à Forbach-Spicheren en Lorraine.
Les deux armées françaises décidèrent de se replier vers Châlons-en-Champagne afin de protéger Paris et organiser la contre-offensive. Mac Mahon se replia directement vers Châlons où il arriva le 14 août tandis que Bazaine se dirigea vers Metz où les Allemands réussirent à encercler l'armée suite à trois batailles. Lorsque Bazaine tenta de rejoindre Verdun il fut accroché à Borny le 14 août où il parvint à battre les Allemands. Il fut de nouveau accroché le 16 août à Rezonville-Mars-la-Tour lors d'un combat acharné. Les Français repoussèrent les assauts allemands puis les Allemands percèrent les lignes françaises avec leurs uhlans et cuirassiers fraîchement arrivés. Les Français répliquèrent en envoyant les cuirassiers de la Garde impériale ce qui donna lieu au dernier grand combat de cavalerie de l'Histoire. Malgré cette victoire, Bazaine choisit de se replier sur Metz permettant aux Allemands de terminer l'encerclement de l'armée française lors de la bataille de Saint-Privat (ou Gravelotte) durant laquelle les Français massacrèrent la Garde prussienne et les mitrailleuses françaises firent un massacre avant que la bataille ne se termine par un corps-à-corps dans le village de Saint-Privat. Le piège de Metz se referma sur l'armée française.
Le gouvernement demanda à Mac Mahon de venir en aide à l'armée de Bazaine assiégée dans Metz. Il partit en direction du Nord afin d'éviter les troupes adverses mais il fut stoppé le 30 août à Beaumont. Pris en tenaille par les armées allemandes, Mac Mahon se replia sur Sedan qui fut encerclée le 1er septembre 1870, date à laquelle les Allemands donnèrent l'assaut à la forteresse. Les Bavarois attaquèrent Bazeilles qui fut héroïquement défendue par la Division Bleue pendant 7 heures et donna lieu au fameux épisode des « Dernières cartouches » où 50 marsouins, retranchés dans une auberge, tinrent tête à 3 000 Bavarois avant que les 15 derniers survivants ne se rendent. Les Français finirent par se replier dans la forteresse abondamment bombardée par l'artillerie allemande. Dans un élan de désespoir, les Français tentèrent de briser l'encerclement en faisant charger à plusieurs reprises les chasseurs d'Afrique qui furent taillés en pièce sous les yeux de Guillaume Ier, impressionné par leur courage. Suite à ce désastre, Napoléon III capitula avec ses 80 000 soldats qui furent internés dans de terribles conditions sur la presqu'île d'Iges, surnommée le « Camp de la Misère ».

La lutte continue !

Suite au désastre de Sedan, les Parisiens proclamèrent la déchéance de l'Empereur et le début de la République le 4 septembre 1870. Les républicains modérés formèrent un Gouvernement de la Défense nationale qui décida de poursuivre la guerre depuis Tours.
La situation empirait de jour en jour : les Allemands s’emparaient des villes de l'est une à une et assiégeaient les forteresses tout en avançant vers Paris dont ils débutèrent le siège le 18 septembre 1870. Le général Trochu rassembla toutes les troupes disponibles (400 000) pour défendre la capitale (soldats professionnels, gardes nationaux, mobiles, corps francs et volontaires). L'objectif des Prussiens n'était pas de prendre d'assaut la ville mais de briser le moral des défenseurs par les bombardements et la faim. Le siège de Paris est donc ponctué par des sorties françaises qui se soldent toutes par des échecs.
Outre la défense de Paris, Léon Gambetta, qui quitta la capitale en ballon le 7 octobre 1870, mit sur pied des armées de secours : Armée de la Loire, du Nord, de Bretagne et de l'Est, en tout 600 000 hommes et 1400 canons. Il dispose aussi de l'aide des corps-francs qui entendent protéger le pays : légion des volontaires de l'Ouest, légion de Garibaldi... Cette armée est alors très hétéroclite tant du point de vue de l'entraînement que de l'armement...
A Metz, Bazaine tenta de briser l'encerclement en organisant plusieurs sorties mais il finit par capituler le 27 octobre 1870, livrant 180 000 soldats et tout l'armement de l'armée... Malgré ce terrible revers, les opérations continuèrent mais toutes les offensives échouèrent malgré quelques victoires : l'Armée de la Loire fut vaincue à Loigny et repoussée jusqu'à la Mayenne, l'Armée du Nord fut repoussé à Saint-Quentin et l'Armée de l'Est, malgré son succès initial à Villersexel (9 janvier 1871), dut battre en retraite vers la Suisse où les soldats furent désarmés et internés le 1er février 1871. Suite aux échecs successifs, Paris capitula le 26 janvier 1871 mettant un terme à un siège de 5 mois. Le gouvernement signa l'armistice avec les Allemands le 28 janvier 1871 avant que la paix ne soit signée le 26 février 1871 par le Traité de Versailles. Les soldats ont fait preuve de courage en continuant le combat y-compris dans des conditions extrêmes (neige).
Le Traité de Francfort est signé le 10 mai 1871. Celui-ci prévoit la cession de l'Alsace et de la Moselle à l'Allemagne, le versement de 5 milliards de Francs à l'Allemagne et de 266 millions de dettes de guerre. En plus 21 départements restent sous occupation prussienne afin de garantir le paiement jusqu'en 1873. Surtout, grâce à cette guerre, Bismarck a réalisé son projet car l'Empire allemand a été proclamé à Versailles le 18 janvier 1871 et les États du Sud ont rejoint l'Empire allemand par le traité de Versailles.

Analyse d'une défaite

Cette défaite est le reflet de l'échec de la politique extérieure de Napoléon III. En effet, Napoléon III s'est aliéné nombre d'alliés potentiels.En effet, Napoléon III s'est aliéné nombre d'alliés potentiels comme l'Italie qui voulait prendre Rome, l'Autriche qui ne pardonnait pas la campagne d'Italie, la Grande-Bretagne qui se méfiait de l’expansionnisme français ou encore la Russie qui n'apprécia pas le soutien de l'Empereur aux Polonais en 1863... Cet isolement diplomatique a été fatal à l'Empire.
La défaite est aussi la conséquence des lacunes de l'armée française par rapport à l'armée allemande. Tout d'abord on constate une nette supériorité numérique de l'armée allemande qui comptait 506 000 hommes face aux 222 000 Français. De plus, la France ne pouvait aligner que 986 canons face aux 2046 canons prussiens. [...] suite en commentaire [...]

La guerre franco-prussienne (1870-1871)
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anonyme
anonyme
8 ans

[SUITE] Même si la France possédait des armes modernes comme la mitrailleuse de Reffye ou le fusil Chassepot, les Prussiens compensaient largement cette faiblesse par un fusil Dreyse un peu moins efficace et une artillerie en acier à rechargement par culasse moderne. La Prusse possédait une structure militaire moderne : la Kriegs Akademie formait des officiers spécialisés dans l'art de la guerre à l'inverse des officiers français issus d'écoles prestigieuses mais non-spécialisées. L'Allemagne pouvait mobiliser massivement et rapidement grâce à son service militaire obligatoire. A l'inverse, la France devait compter sur des réservistes peu nombreux et des Mobiles peu expérimentés et mal encadrés, ces unités étant difficilement mobilisables. Il existe aussi une cohésion des troupes et une véritable coopération dans l'armée prussienne le tout combiné à une mobilité que la France ne possédait pas.
La France partait avec de véritables handicaps que seul le courage pouvait compenser...

Une guerre à la charnière de deux époques

La guerre de 1870 conserve des aspects anciens : les objectifs limités de la guerre, la confrontation entre deux souverains, la guerre de mouvement ponctuée par des sièges...
Il s'agit aussi d'une guerre moderne à travers la puissance de feu : le rôle de l'artillerie, les mitrailleuses françaises ont fait de véritables massacres, les fusils à verrou ont eux permis un tir rapide et précis, condamnant désormais toute charge à la baïonnette ou sabre au clair. Pendant cette guerre, les batailles commencent à toucher des civils qui sont à la fois objets de représailles et acteurs (francs-tireurs). Désormais ce sont les combats qui font le plus de victimes et plus les maladies.
En 6 mois on dénombre 250 000 morts ce qui est important. Mais c'est surtout l'intensité des combats qui annonce les guerres modernes : à Saint-Privat, bataille la plus meurtrière de la guerre, en une demie-heure 6 000 soldats sur 15 000 sont mis hors de combat. Ces batailles sanglantes ont d'ailleurs fortement choqués les soldats qui voyaient la mort en masse. De plus, les batailles s'étalent sur plusieurs jours : les batailles du 14 au 18 août 1870 ne forment en réalité qu'une seule bataille ponctuée par des manœuvres et différents épisodes de combats.

Légende :
1-Carte guerre de 1870
2-Bataille de Wissembourg, image d’Épinal
3-La charge des cuirassiers à Reichshoffen, Aimé Morot
4-Bataille de Reichshoffen, Image d’Épinal
5-Le cimetière de Saint-Privat, Alphonse de Neuville, 1873
6-Les Dernières cartouches, Alphonse de Neuville, 1873
7-Napoléon III et Bismarck à Sedan, Wilhelm Camphausen, 1878
8-Bombardement de Paris, Image d’Épinal
9-Siège de Paris, Image d’Épinal
10-Siège de Paris, Image d’Épinal
11-L'Attaque, Étienne Prosper Berne Bellecour, 1874
12-Mobiles à la tranchée, Alphonse de Neuville, 1874
13-Combats sur la voie ferrée, Alphonse de Neuville
14-Défense de la Porte Longboyau, Alphonse de Neuville
15-Bataille de Dijon, Image d’Épinal
16-Bataille de Saint-Quentin, Richard Knötel
17-Bataille de Villersexel, Image d’Épinal
18-Proclamation de l'Empire allemand, Anton von Werner, 1885
19-Carte de l'occupation de Paris à la fin de la guerre

Sources :
http://www.laguerrede1870enimages.fr/ Site complet sur la guerre de 1870.
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/guerre_franco-allemande/120175 Encyclopédie Larousse
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/op%C3%A9rations_et_si%C3%A8ge_de_Metz/132985 Encyclopédie Larousse
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/bataille_de_Sedan/143737 Encyclopédie Larousse
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/si%C3%A8ge_de_Paris/137074 Encyclopédie Larousse
https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9roulement_de_la_guerre_franco-allemande_de_1870 Article Wikipédia sur le déroulement de la guerre
http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/responsabilites_defaite_militaire_1870.asp SPILMANN Georges, Les Responsabilités de la défaite militaire de 1870, in Revue du Souvenir Napoléonienn n° 307, 1979
Marc BASCOU, Adrien DANSETTE, Universalis, « EMPIRE SECOND - - (1852-1870) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 11 septembre 2015. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/second-empire/
http://mapage.noos.fr/jflecaillon/Pages/modernite_de_la_guerre.htm LECAILLON Jean-François, Modernité de la guerre de 1870, 2000.

Kalensk
Kalensk
8 ans

Très bonne box, comme toujours! Bien qu'elle s’intéresse à une guerre que je n'aime pas trop évoquer par fierté patriotique.

Petit complément: Les prussiens étaient également bien mieux préparés niveau logistique, avec un réseau ferroviaire moderne et adapté aux besoins tactiques de l'état major allemand, permettant de mobiliser et de répartir rapidement les troupes sur les différents fronts en fonction des besoins.

Par ailleurs, jusqu'à l'échec opérationnel en hiver 1941 des allemands en Union Soviétique, la logistique allemande était considéré comme étant un des points forts principaux de l'armée de terre Allemande, toujours perfectionné par les généraux de tradition prussienne.

anonyme
anonyme
8 ans

Bien que peu récompensées par les pos, tes boxes sont de grande qualité. Merci

Mezut
Mezut
8 ans

Très bonne box comme d'hab ! Par contre si tu peux encore édit, tu peux remplacer la virgule dans Baden Wurtemberg au début.

Sinon, j'ai déjà eu l'occasion d'aller à Saint Privat et effectivement, il y a pas mal de monument aux morts et les rues sont quasi toutes classifiées comme monument historique.

Hollycam
Hollycam
8 ans

@Mezut: au nord de l'alsace aussi, vers reichshoffen ou woerth y'a plein de stèles et monuments aux morts au milieu des champs. a l'heure actuelle certains forts de garnison allemands a strasbourg servent d'ateliers pour artistes.

Commentaire supprimé.

anonyme
anonyme
8 ans

@Mezut: Bade-Wurtemberg est aujourd'hui le nom du Land allemand. Le Bade et le Wurtemberg étaient deux États distincts.

Mezut
Mezut
8 ans

@Monsieur_Hirsch: Bon bah j'ai loupé une occasion de fermer ma gueule désolé ahah

Rawl
Rawl
8 ans

Merci énormément, c'est du travail de pro tes boxs, tu mérites bien des centaines de pos

Booleume
Booleume
8 ans

merci pour cette box

Honir
Honir
8 ans

Tu te spécialise dans l'histoire militaire du 19ème siècle, non?
Tes boxes sont vraiment bonnes, félicitations.

anonyme
anonyme
8 ans

@Honir: Non là je suis juste dans ma période guerre au XIXème siècle. Je ferai sûrement des boxs (quand j'aurais le temps) sur d'autres périodes.

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