Péripéties d'un carabin à l’hôpital 13
La veille de chaque nouveau stage, je suis généralement un peu stressé et mon sommeil s'en retrouve perturbé. Ce soir là j'avais toutes les raisons d'être anxieux vu ce qui allait m'arriver.
Lundi matin 9h00, j'arrive dans mon nouveau service avec 3 potes de ma promo et personne ne nous accueille. Enfin si, une stagiaire est là et nous bredouille 2,3 explications pendant que je constate l'effervescence matinale. Pleins de nouveaux patients arrivent et il faut faire les entrées, et je suis donc la jeune étudiante vers la chambre d'un patient récemment rentré. Je trouve à l'intérieur deux autres stagiaires qui semblent perdus. Leur observation médicale est bancale et je reprends les rênes en perdant un temps fou à réécrire par dessus. Décidément il y a une activité folle dans ce service, les missions s'accumulent et le staff de 14h arrive; je n'ai pas eu le temps de manger. Aucuns de mes co-externes n'a pu compléter ses observations médicales et le stress monte en flèche.
Pendant 7 semaines, il y aura ce staff quotidien anxiogène ou je devrais présenter mes patients qui se feront opérer.
Coup de bol, mes patients se font opérer dans une semaine donc pas de présentation. Le reste de la journée est dense et je finis à 19h au lieu de 17h, je ne finirais jamais à l'heure officielle de toute manière. Le lendemain matin, on nous présente enfin le stage et je me décompose littéralement devant le nombre de taches qui nous sont attribuées. Déconfis, je retourne voir les nouveaux patients et le bloc opératoire appelle, ils ne savent pas quelle opération doit avoir le patient sur le table : Nous étions sensé deviner sans aucunes présentations du stage, la veille au staff que nous étions chargé de marquer les décisions opératoires dans les dossiers des patients opérés le lendemain. J'hallucine de la situation et passe le relais à un interne. C'est un bordel monstre dans le service et 14h arrive sans que j'ai eu le temps de manger ou pisser.
La suite en commentaires.
Je présente un de mes patients, le chef de service juge que je n'ai pas assez décris la radio du thorax et me demande de me mettre à côté du négatoscope. J'ai passé 10 minutes debout à me faire bombarder de questions ardus devant une assemblée amusée du spectacle.
A ce moment je comprends que je vais en baver et en effet, les jours deviennent de plus en plus éprouvants. Je suis écrasé sous la masse de travail, les externes en année supérieure ou inférieure ne m'aident pas moi et mes potes et le moral commence a chuter. Certaines infirmières nous parlent comme de la merde, nous balancent des "L'externe" quand elles ont besoin de quelque chose, nous disent "Hé on en a besoin pour travailler nous hein" quand on utilise les dossiers des patients... Entre mes potes et moi des disputes futiles éclatent, nous sommes constamment sur les nerfs et nous encaissons en plus les remarques des autres externes qui affirment que nous foutons rien. En staff certains médecins s'en branlent de notre travail et nous demandent juste de lire la conclusion de nos observations alors que nous avons passé beaucoup de temps dessus, d'autres nous allument parce que nous avons bafouillé 2,3 fois.
5 ème semaine de stage, je suis dans un état de fatigue physique et psychologique très avancé, j'encaisse les journées de travail, les gardes, les samedis matins, 2 de mes potes se sont mis en arrêt maladie, j'ai failli faire un malaise dans le service, les stagiaires sont partis et nous nous retrouvons mon dernier pote et moi à deux pour faire le travail de : 10 personnes.
Nous n'en pouvons plus mais les autres externes et certains internes affirment que nous foutons rien; un externe se montrent menaçant. Alors que je me trouvais dans la chambre de vieilles dames, il ouvre la porte et me demande de sortir pour me parler. J'étais débordé donc je refuse, il hausse le ton et finit par claquer la porte. Les scopes des deux patientes affichent une franche tachycardie. Elles ont peur.
J'ai des difficultés à garder mon calme et je sors furieux pour affronter ce gros con et heureusement je ne le trouve pas.
L'ambiance dans le service est abominable, personne se parle, le travail est gigantesque, 2 des internes pleurent, les médecins ne sont jamais là, les staffs quotidiens sont stressants au plus haut point, je commence à avoir du mal à marcher et à rester alerte mais je tiens bon pour mon pote et lui tient bon pour moi. Les erreurs professionnelles, administratives dans ce service sont effrayantes, il n'y a aucune organisation, aucun chef présent, tout le monde est en roue libre. Un matin l'ambiance est exécrable et l'externe abruti qui avait essayé de m'intimider interpelle mon pote et l'humilie devant 2 infirmières.
Il ne répond pas, ça me rend fou, donc je m'en mêle. L'agresseur pète les plombs, m'insulte et menace de me frapper. Je reste stoïque mais j'affiche un sourire narquois en espérant me faire cogner afin de porter plainte, et de rapporter l'incident au doyen du CHU pour l'enterrer définitivement. Malheureusement il se dégonfle.
Un vendredi soir ma mère m'appelle et prend peur en entendant ma voix blanche. Le lendemain en voyant mon état physique, elle m'ordonne de m'arrêter et me fait un arrêt de travail vu qu'elle est médecin. Le dernier jour de stage arrive, je suis vidé, à bout mais je dois supporter le mépris de certains internes, l'indifférence des chefs, de certaines infirmières et aides soignantes. Plus grand monde me parle et le soir venu je quitte avec mon pote ce putain de service et je jure de ne plus jamais y mettre les pieds.
J'ai des dizaines d'autres anecdotes à raconter comme les dossiers perdus, les patients en fuite, l'informatique qui bug, les fichiers informatiques effacés, les patients sans chambre toute une journée, les décisions opératoires prises à l'arrache, les erreurs médicales mais j'ai déjà écris un sacré pavé ;)
@Razorbakk: Y a pas de quoi bro, bon courage dans le futur en tout cas! Quand je pense à mes potes qui font médecine j'espère que ça ira pour eux
@Razorbakk: Mon dieu ce que je comprends la frustration de quand tu donnes à fond et y'a des connards, qui pour d'obscures raisons, te disent et affirment que tu ne fous rien.
D'autant plus que toi tu as également l'impression que celui qui te dis ça en fait encore moins que toi !
@KeiserSoze: Si nous payons les impôts qui les payent, dans ce pays, qui nous paye dans ce cas là ?
Commentaire supprimé.
@Razorbakk: T'aurais quand même dû choper ce fils de pute le dernier jour de ton stage, l'écraser devant les infirmières. Quitte à l'attendre dans le parking, lui casser les deux mains histoire que sa carrière s'arrête sur le trottoir, je t'aurais adulé.
En tout cas, continue tes péripéties, c'est super intéressant.
Et surtout, putain bon courage !
@Grumpy: Impossible, ça aurait été la fin de ma carrière et j'aurais fini au poste. Il vaut mieux la jouer à la Franck Underwood ;)
Je lui ferais payer si j'en ai la possibilité, je te le garantis.
Merci l'ami.
@Razorbakk: Cagoulé ! Non mais c'est certainement plus sage et encore plus rageant pour lui de ne pas réagir.
Je suis sûr qu'il y aura quelques occasions qui se présenteront. Ne serait-ce qu'appeler son supp de manière anonyme en disant qu'il effraie les patients etc..
@Grumpy: C'est pas mon genre, si je dois le couler ça sera en frontal et je le regarderais droit dans les yeux.
@Razorbakk: ouais mec hein au risque de radoter un peu et de reprendre ce que les autres disent, elles sont top tes boxs là-dessus, c'est un plaisir à chaque fois de les lire vraiment.
Je comprend pas comment on peut vous traiter comme ca, vous ètes la pour aider les gens, je comprend pas l'ambiance. C'est peut-être du au fait que vous côtoyer des choses "dure" tout les jours, mais apart ca je ne comprend. Chez nous les pompiers c'est plus dans l'entraide, le dialogue, je comprend pas le décalage.
@AlexCendres: Le manque de pédagogie, le mandarinisme, le travail monstre, le sous effectif, le manque de moyens etc...
Vous côtoyez des choses bien plus dures que nous parfois tu sais, j'ai un profond respect pour ta profession.
@AlexCendres: faut pas oublier un autre truc : en général les pompiers sont pompiers parce qu'ils veulent aider les gens (ou alors qu'ils "aiment" le feu).
80% des gens qui font médecine font ça pour le fric, un bon 10% fait ca pour le fric mais a une conscience professionnelle et s'applique dans son travail, et tu dois avoir 10% grand maximum de gens qui sont la par passion. j'ai pas mal de potes qui sont en medecine (au total je dirais une 15aine) et ils sont tous déprimés par l'ambiance de merde de leur promo. même mon généraliste est déprimé quand il revient d'une conference après avoir vu ses "confrères".
tl:dr : les pompiers sont des passionnés, les médecins aussi. Mais eux c'est principalement par le fric
Assez de voir des gens avec ce comportement dans un métier avec un taux de relationnel dépassant les 100% :<
@Razorbakk: T'as intérêt de l'être, vu le nombre de manches à couilles qu'il y a l'air d'avoir ! Bon courage quand même
Tout d'abord merci et encore merci de t'occuper des gens qui ont besoin de toi et d'une aide médicale maintenant j'arrive pas à comprendre pourquoi à chaque fois tu te retiens de l'ouvrir, pourquoi tu prends tout sur toi ? Sans exploser affronte les avec un air hautain non ? Tu risques quoi exactement si tu t'embrouille avec par exemple un interne ?
Parce que sur toutes tes péripéties ont dirais un mec qui n'a pas confiance en sois mais je suppose que si tu rétorque pas c'est que y'a des raisons !
@NoFace: Il y a tellement de raisons que je ne sais pas par où commencer. En gros je ne vaux rien à l’hôpital pour l'instant, je suis quasiment tout en bas de l'échelle hiérarchique et répondre ou exploser = mon arrêt de mort dans le service. J'ai pieds et mains liés et je dois serrer les dents.
Ma marge de manœuvre est extrêmement faible.
Si tu bosse en hôpital quand tu sera médecin, dis nous lequel c'est histoire qu'on sache où aller si on a une couille.
@Razorbakk: Vu tout ce que tu nous racontes je comprend bien ^^ Il te reste combien d'années d'études là ?
Ça doit être très très stressant de travailler, d'apprendre, dans ses conditions. Voir dégouter les gens. Déjà les études sont difficiles, alors si en plus les stages sont comme ça.
@Ptilait: C'est psychologiquement éprouvant, je connais des gens qui ont jeté l'éponge...
@Razorbakk: Qui n'en connait, le nombre de gens qui entreprennent médecine et jette l'éponge cours les rues.
@Razorbakk: En tout cas bravo à toi d'avoir pu franchir ces études, et d’exercer le métier (qui te plait ?) aujourd'hui.
@Dracaufeu: Je suis externe, pas encore médecin ;)
Je m'accroche et j'aime ce qu je fais.
Je suis moi même étudiant en infirmerie et quand je lis ton pavé, je me dit waow quelle différence entre ici ( Belgique ) et en France, après c'est surement plus une dif d'hosto que de pays
Courage mec, ma copine en stage est tombé dans un service (presque) pareil que le tien qui s'est soldé par une invalidation de stage parce qu'au lieu de faire le boulot des 15 flemmards elle a fait ceux des 14 autres.
Tous des batards sauf maman.
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