Ventricules poignardés.

Sens-tu ton cœur se compresser ?
Peut-être sous le poids de la culpabilité,
De nos erreurs, de nos choix passés ?
Comme si il était enserré
Dans des ronces acérées ?
Je sens tout cela moi aussi.
Laisse moi te dire mon ressenti.
C'est le lien tissé qui se délie -
Un peu comme des cordes de shibari -
Qui en se dénouant nous meurtrit.

Sens-tu ta tête bouillonner ?
Comme une fièvre de fin d'année ?
Des chaleurs qui montent en bouffées ?
Le crâne qui va exploser ?
C'est les mots qu'on ne s'est pas dit
Qui enflent sourdement à l'abri
De nos crânes trahis en thérapie.
Chaleur infernale d'un automne gris.
Pas de paradis, mais des pluies infinies.

Sens-tu tes jambes flageoler ?
Une fébrilité, jusqu'en bas des mollets ?
Une rampante anxiété à l’idée
D’avancer maintenant séparés ?
Un pardon réciproque et tout serait fini.
Je te sauve. Tu me sauves. On guérit.
Est-ce trop demander à une amie ?
De demander un peu d'empathie ?
Est-ce trop demander, de nous aimer ?
À ton avis ?

Et si tu réponds que oui, alors tant pis.
J’imagine qu’on vivra bien notre vie
Malgré les symptômes de maladie.
Notre histoire : un epitome terni,
Un membre fantôme trop tôt parti.
Dans un an, ce sera suranné.
Plus qu’un picotement passager.
Dans vingt ans, ce sera oublié.
Une blessure violente cicatrisée.

C’est ce que j’écris.
Dans une pitoyable poésie.
Une énième tentative.
Énième menterie.
Mais c'est faux.
C'est faux.
Archi-faux.
Je porterai cette plaie vive
Nos mesquineries
Comme un fardeau
Jusqu’au
tombeau.