L'Impérialisme Américain en Amérique Latine 3/4

GUATEMALA ET CUBA

Déjà traités dans deux boxs, sur l'opération PBSUCCESS de la CIA contre le Guatemala en 1954 ainsi que la Révolution cubaine de 1959 : https://choualbox.com/qn6dm et https://choualbox.com/NiSMm.

L'OPERATION BROTHER SAM

La seconde république du Brésil débuta en 1945 à la suite d'un Coup d’État pacifique. Pour autant, les États-Unis ne cessèrent de vouloir garder leur influence sur le pays, notamment en tournant le peuple contre leurs présidents libéraux et vers les conservateurs pro-US.
Cela commença avec la fondation de l'École Supérieure de Guerre (ESG) en 1949, sur le modèle du National War College de Washington. L'ESG formait aussi bien des militaires que des civils et adopta la doctrine de la sécurité nationale. Cette doctrine était une doctrine anti-communiste venant tout droit des États-Unis, quand le président Harry Truman déclara en 1947 que les américains étaient disposés à intervenir militairement partout où il y auraient des soulèvements communistes. À ce titre, on introduisit des cours sur la guerre anti-révolutionnaire à l'ESG. De ce fait, en faisant craindre à une insurrection communiste imminente, la population laisserait les USA garder le contrôle du pays.
La police brésilienne fut également gagnée à la cause américaine avec des cours donnés par des agents de la CIA et par l'Office of Public Safety. Entre 1958 et 1974, pas moins de 100 000 policiers brésiliens ont été formés par les États-Unis.
Dès la fin des années 1950, des Think Tank -laboratoires de pensées- d'entreprises privées répandaient une propagande conservatrice anticommuniste auprès de la société civile. Parmi ces Think Tank influent on retrouvait l'Institut Brésilien d'Action Démocratique, qui était financé par les États-Unis.
Les années 1960 virent l'augmentation de nombreux mouvements sociaux, au Brésil comme ailleurs dans le monde, ce qui ne plaisait guère aux conservateurs. Joao Goulart est élu président en 1961. Surnommé Jango, il est populaire parmi les classes pauvres (notamment pour avoir doublé le salaire minimum en 1953), mais la classe supérieure conservatrice pro-américaine se tourna contre lui.
Avec la doctrine de la sécurité nationale, l'anticommunisme prit de l'importance. Entre janvier et mars 1964, des manifestations anticommunistes ont lieu au Brésil, comme par exemple les « Marches de la Famille, avec Dieu, pour la Liberté » organisées par la Campagne de la Femme pour la Démocratie (mouvement financé par le patronat). L'administration du président américain Johnson soutint également une campagne de presse au Brésil anti-Goulart.
Ainsi, en 1964, nombre de hauts dirigeants brésiliens, civils et militaires, sont persuadés qu'une insurrection communiste est en préparation dans le pays et que le président Goulart ne fera rien pour l'en empêcher. De plus les problèmes économiques n'arrangèrent pas la situation. Ces craintes étaient purement fantaisistes, comme l'explique Marie-Monique Robin, journaliste d'investigation française : « il n'y a au Brésil ni guérilla ni mouvement armée de gauche, ceux-ci naissant bien après le coup d’État de 1964, en réaction précisément à la dictature militaire ».
Pourtant, les militaires prirent le pouvoir. Le général Olimpio Mourao Filho marcha avec ses troupes dès le 31 mars 1964 vers Rio de Janeiro. Le putsch est organisé et soutenu par la CIA, notamment avec le lancement de l'Opération Brother Sam. Des navires de guerre américains se tenaient près des côtes brésiliennes, prêts à intervenir si jamais le putsch venait à échouer et si le peuple se rebellait en faveur de Jango. L'ambassadeur américain de l'époque, Lincoln Gordon, admettra d'ailleurs que la « seule main étrangère impliquée (dans le Coup d’État) fut celle de Washington ».
Suite au putsch, une dictature militaire est mise en place, avec à sa tête le maréchal Branco. Ce choix n'est pas fait au hasard. En effet, Castelo Branco -ainsi que son successeur Golbery do Couto e Silva- avaient combattu avec le corps expéditionnaire brésilien en Italie lors de la Seconde Guerre Mondiale, sous le commandement américain. Ils avaient dès lors été de grands alliés des États-Unis. Ils y rencontrèrent d'ailleurs le général Vernon Walters, qui joua un rôle important lors du putsch de 1964, et qui deviendra plus tard directeur adjoint de la CIA de 1972 à 1976.
Ainsi se mit en place une junte militaire au Brésil, de 1964 à 1985, largement pro-US. La dictature aurait causé la mort de 400 personnes directement, l'exil forcé de 10 000 personnes et l'arrestation ainsi que la torture de dizaines de milliers d'opposants, principalement des personnes de gauche et des syndicalistes.

L'OPERATION POWER PACK

La République Dominicaine se démocratisa après la mort du dictateur pro-américain Trujillo et des élections furent organisées en décembre 1962. Celles-ci furent remportées par Juan Bosch, fondateur du Parti Révolutionnaire Dominicain sous la dictature. Il lança de profondes réformes : nouvelle constitution qui garantissait des libertés au peuple comme la reconnaissance des syndicats, l'égalité homme-femme, la protection des fermiers, la légalisation du divorce, l'égalité des enfants naturels et légitimes, le contrôle des finances et de la corruption, l'annulation de contrats avec des entreprises américaines pour privilégier les intérêts dominicains et posa les principes d'une réforme agraire.
Face à ces réformes socialistes, Bosch n'obtint pas le soutien des élites conservatrices ni de l'église catholique. Il fut renversé par un coup d’État militaire en septembre 1963. Bosch resta néanmoins populaire et des groupes loyaux à Bosch (pour la plupart marxistes) combattirent à leur tour ce nouveau dictateur. Le Palais National tomba le 24 avril 1965 par des manifestants prônant un retour de Bosch ainsi que le rétablissement de la Constitution.
Ne voulant pas voir la République Dominicaine devenir socialiste/communiste, les États-Unis lancèrent l'Opération Power Pack. Le 28 avril, 23 000 marines furent envoyés en République Dominicaine. Les forces loyales à Bosch refusèrent l'occupation militaire et formèrent un Congrès qui élit Caamano comme président. Les fonctionnaires américains ignorèrent cette élection et soutinrent le général Barrera, ce dernier est nommé président le 7 mai 1965. Les forces loyalistes et marxistes continuèrent la guérilla jusqu'à la trêve le 31 août 1965, après des opérations de « nettoyage » menées par les forces américaines.
Finalement, la présence sur l'île est laissée à des forces interaméricaines jusqu'en septembre 1966. L'occupation de la République Dominicaine aura coûté la vie à 44 américains, et entre 6 000 et 10 000 dominicains.

COUP D'ETAT AU CHILI

En 1970, Salvador Allende est élu président du Chili. Étant de gauche, il continua les réformes de son prédécesseur : nationalisation des mines de cuivre en expropriant les compagnies américaines, redistribution des terres en faveur des paysans pauvres, nationalisation de 90% des banques, augmentation des salaires, distribution gratuite de lait pour les enfants, etc.
Sans surprise, ces actions firent grandir l'inquiétude des États-Unis qui cherchèrent à affaiblir Allende. Le Chili restait très dépendant des USA, mais les crédits accordés par les américains furent diminués par dix, passant de 300 millions à 30 millions de $.
La CIA soutint activement l'opposition d'Allende, que ce soit les politiques conservateurs ou les journaux papiers. À ce moment là, le directeur adjoint de la CIA n'était autre que Vernon Walters, qui eut un rôle important lors du Coup d’État militaire brésilien de 1964. Les soucis économiques et politiques, causés par l'inflation mêlé par l'instabilité provoqué par les opposants au régime, mena au Coup d’État du 11 septembre 1973, par le général Augusto Pinochet.
Allende est retrouvé sans vie dans son palais. Pinochet mit en place une dictature militaire pro-US, oppressant et persécutant ses opposants politiques -notamment ceux de gauche-. Les livres avec des idées socialistes et communistes sont interdits et brûlés.
Suite au Coup d’État, la situation économique au Chili est au plus bas. Sous prétexte de relancer le pays, Pinochet fit appel aux Chicago Boys, des économistes formés aux États-Unis, pour mettre en place une politique néo-liberal, en rupture avec les politiques de ses prédécesseurs.
En 2011, un rapport sur les violations des droits de l'homme commises sous la dictature de Pinochet, entre 1973 et 1990, estime que le régime tua directement 3 200 personnes, en tortura 38 000, en emprisonna plus de 130 000 et poussa à l'exil un million de chiliens.

L'Impérialisme Américain en Amérique Latine 3/4
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Senten
Senten
5 ans

Vivement la prochaine box.

RagZok
RagZok
5 ans

Happy choc theory

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