Mon cher Robert

Robert marchait d’un pas déterminé vers la demeure de son récent agresseur. Enfin… agresseur c’est ce qu’il en pense. Se faire rouler sur le pied, n’est-ce pas là une situation qui arrive à tous les Parisiens ? Il s’était dirigé vers le poste de police le plus proche, numéro de plaque d’immatriculation en main. Heureusement, son écraseur de pied n’était pas un inconnu au poste. C’est-à-dire qu’un avocat travaille conjointement avec les policiers. C’est comme ça qu’il partit en direction du dénommé Richard.

Il entra dans le bâtiment vieillot au style ringard. Un immeuble placé là depuis le 17? siècle ! Pour un jeune comme Robert c’était décidément trop ancien et pourtant il venait d’un orphelinat ecclésiastique.
Il chercha le nom de Richard sur les boîtes aux lettres pour déterminer l’étage auquel il vit. Il se ravisa à monter les escaliers deux à deux, sans pied lui faisant un mal de chien. Il arriva devant la porte. Se retourna au bruit de l’ascenseur qui descendait. Mince pensa-t-il. Il toqua.

De l’autre côté de la porte, Janett se leva de table pour accueillir Robert. Elle resta sur ses gardes et n’ouvrit point encore le passage à cet illustre inconnu.

– Oui ? Qui est-ce ?
– Bonjour madame ! Je m’appelle Robert. Je souhaite voir votre mari !
– Encore une personne qui a besoin de se faire défendre ?!
– Non ! Au contraire c’est pour me plaindre !
– Et vous plaindre de quoi ?
– En 5 ans de métier, je n’ai jamais rencontré un si gros trou du cul. Et pourtant, je suis proctologue madame.
– Drôle de métier ! C’est une passion ? Ceci dit, mon mari n’est pas un trou du cul, un con à la limite oui, mais un trou du cul…
– Écoutez madame, les cons c’est le problème de mon oncle gynécologue. Mais votre mari, m’a roulé sur le pied et ne s’est pas arrêté pour s’excuser ! Et concernant mon métier c’est un projet d’enfance. Le prêtre qui s’occupait de moi me disait souvent : Ne pointe pas du doigt, dieu est partout. En devenant proctologue je savais au moins où je pointais mon doigt !
– Mon Richard vous écrasez le pied ? Il devait être très occupé, il est pourtant si prudent au volant.
– Eh bien, une pipe au volant, ça vous empêche de bien rouler je suppose. Et croyez-moi, mon père est ébéniste. Une pipe comme celle-ci je n’en avais jamais vu !
– Bien bien… mon mari ne fume pas. Mais entrez donc vous expliquez avec lui.

[...]