L'Armée Fantôme du général Patton, Opération Fortitude, 1943-1944

En 1943, alors que les alliés prévoient d'envahir la Normandie, il devient évident qu'il n'est plus possible de cacher un futur débarquement. En fin d'année est alors lancée l'une des plus grandes opérations de désinformations de l'histoire : Opération Fortitude.

Son but est tout bonnement de faire croire aux forces de l'axe que les troupes anglo-américaines allaient débarquer soit au Nord-Pas de Calais soit en Norvège. Pour ce faire, ils mettent en place tout un tas de dispositifs, comme l'envoie de faux messages radios et le bombardement intensif du Nord de la France.

Mais même si l'Angleterre est maître des airs, ils n'étaient jamais à l'abri d'être observés par les allemands qui auraient pu tout de suite repérer la très forte concentration de troupe dans le Sud (notamment Sud-Ouest) du Royaume-Uni. On eut alors l'idée de contrebalancer ces forces en en créant une autre à l'Est, c'est ce qu'on appelle l'Opération Quicksilver, qui commence en janvier 1944.

La First United States Army Group (FUSAG), sous le contrôle direct du célèbre général Patton, s'établit alors dans la région de Douvres, dans le Sud-Est de l'Angleterre. Pas moins de 11 divisions, représentant près de 30 000 hommes, des centaines de canons et de chars, 200 navires de débarquements et 50 escadrilles de Spitfire et P-51 se tiennent prêt à attaquer le Nord de la France. Une force redoutable qui inquiète les généraux allemands qui se doutaient déjà que les alliés chercheraient à débarquer dans le Pas de Calais. Sauf que la FUSAG... n'existe pas !

En réalité, on attribua à un millier d'hommes environ la tâche de créer une fausse armée de toute pièce, utilisant des chars gonflables (créés par Goodyear), des canons et des avions en bois, de fausses infrastructures, et de tout bouger de place régulièrement pour donner l'impression que l'armée est belle et bien en mouvement. Patton, bien connu et redouté par les allemands, avait été nommé général uniquement pour attiré l'attention de l'axe sur ce corps d'armées fictif. La FUSAG est surnommée la « Ghost Army » (« l'Armée Fantôme »).

La supercherie fonctionne à merveille, même mieux que prévue. Quand les alliés débarquent en Normandie, Hitler est persuadé que c'est une diversion et que le reste de l'armée est toujours prêt à débarquer dans le Nord de la France. Environ 15 divisions allemandes sont gardés en réserve au lieu d'être envoyé sur le front, ce qui permet rapidement aux troupes anglo-américaines de progresser en Normandie et d'y établir une tête de pont solide. L'opération est tellement un succès qu'elle continua même après le 6 juin 1944, et ne fut arrêtée que le 28 septembre, à ce moment là Hitler comprit qu'il avait été berné, mais c'était déjà trop tard.

À noter que cette technique fut utilisé en Afrique du Nord en 1942 et 1943, mais est également encore utilisée de nos jours, par exemple par ISIS, mais aussi par des armées plus « professionnelles » comme la Russie, qui a récemment décidé d'investir des milliers de dollars pour créer des copies gonflables de ses chars, avions et missiles.