La pesée des âmes | Première moitié du XVe siècle

A partir de l'an mil, le diable envahit le décor des églises chrétiennes d'Occident.
Il apparaît dans les sculptures des chapiteaux puis des tympans, dans les fresques des églises méridionales ou, dans le Nord de l'Europe, dans les vitraux.

Ce vitrail anglais de la fin du Moyen Âge représente la pesée des âmes lors du Jugement dernier. Sur un fond bleu vif coloré dans la masse du verre, la balance divine et les personnages se détachent en blanc et jaune. Leurs détails sont finement peints au pinceau en grisaille, une couleur sombre vitrifiable. La forme des deux plateaux de la balance évoque des paniers en osier maintenus par des cordes. Dans celui de gauche, le diable aux poils, aux longues oreilles et aux cornes pointues de bouc nous regarde en écarquillant les yeux et en grimaçant. Sur l'autre plateau, un personnage nu prie avec ardeur pour sauver son âme.

Dans l'iconographie traditionnelle du jugement dernier, le Christ siège en juge, entouré des douze apôtres : en dessous, l'archange saint Michel tient une balance dans laquelle sont pesées les âmes des morts. Au Moyen Age, le diable joue lui aussi un rôle actif dans cette opération : le voilà sur l'un des plateaux de la balance pour la faire pencher de son côté et emporter l'âme du défunt !
C'est ce même type de représentations qu'on retrouve sur les vitraux, les sculptures, les tympans et portails des églises romanes puis gothiques.

Ce vitrail fait probablement partie d'une composition plus vaste qui représentait l'intégralité du Jugement dernier. De nombreux vitraux gothiques anglais ont été détruits, mais il en reste quelques-uns sur le même thème, comme la grande verrière occidentale du jugement dernier de l'église Sainte-Marie de Fairford, qui date du tournant des XV et XVI siècles. Diable et démons y sont là encore représentés avec une grande expressivité.