Tendresse

Je fixe d'un regard tendre ton visage endormi, jouant du bout du doigt avec le ruisseau de ta chevelure. Dans ton tendre sommeil, seul le souffle s'échappant de tes lèvres agite un détail de ton corps, un cheveu pris dans la tempête de ta vie. Ta tête si merveilleuse scelle mon bras gauche par un simple appui, et ton bras si doux enserre mon torse comme si tu voulais me garder prisonnier. J'ai bougé doucement pour refaire circuler le sang dans mon bras, et tu m'as étouffé en grognant, comme si tu avais peur que je te quitte, comme si tu pensais que j'allais partir sans te dire au revoir, comme les autres qui ont partagé ta couche : des personnes tendres mais cruelles, qui t'ont fait sourire mais qui t'ont quitté au pays des rêves. Combien de fois t'es-tu réveillée seule et pourtant endormie accompagnée ? Femme forte, mais si apeurée.

Pourtant je ne suis pas comme les autres. Je me sens heureux que tu m'ais attrapé, je n'ai pas envie de fuir ce bonheur, que trop de personnes appelaient prison. J'aime tout chez toi, ta maladresse, ta délicatesse, tes colères et tes rires, tes larmes et tes rêves. Tes piques et tes grimaces, ton côté têtu autant que ta tendresse à mon égard.

Je te vois ouvrir les yeux, comme ce matin-là, il y a tant d'années. Le temps a creusé ton visage et blanchit tes cheveux, mais rien ne saurait éteindre le feu de la lumière de tes yeux : toujours cet émerveillement sans fin, comme si tu ne t'attendais pas à me voir prisonnier de tes bras, et toujours cette même phrase :

"Tu es là.", me dis-tu le sourire aux lèvres.

"Où veux-tu que j'ailles quand ma place est à tes côtés ?", répondis-je en t'embrassant, comme lorsque nous avions 20 ans.