Intérêts Relatifs

Tu me dégoutes. Et dire que j'ai passé deux ans avec toi.
Tu comptais me le dire ? Me dire que tu ne m'as jamais aimée ? Que tout ceci n'était qu'un brouillard de mensonge dans lequel tu te cachais ?
Toutes ces fois où je t'ai soutenu, défendu, aimé. J'étais folle de croire que ça pourrait être réel.
J'aurais sûrement dû m'en douter, mais que veux-tu, l'amour rend aveugle.
Mais ne crois pas que je te pleure ou que j'implore ta pitié. Si je te recontact, c'est parce que certaines parties de moi en ont besoin.
Ma rage t'écrit, ma colère hurle, et ma fureur te crie que ma haine t'en voudra éternellement.
Je te déteste Stan, et je te détesterais jusqu'à ce que la mort nous sépare.

...

Le téléphone beepa, et ce son bien connu fit néanmoins sursauter Stan. En temps normal, il se serait jeté sur l'écran pour voir de qui pouvait venir le message. Mais il était là, debout, perdu dans ses pensées face à la porte de la demeure de ses parents.
Qu'allaient-ils penser ? Qu'allaient-ils dire ? Lui en voudraient-ils, comme tant d'autres ?
Il tentait tant bien que mal de calmer la boule de stress dans son ventre. Les images de différentes situations se bousculaient dans sa tête, et les pires restaient ancrées dans son esprit.
Il se répétait son speech, du début à la fin, encore et encore. Le développement, l'explication. La peur, depuis tout ce temps et jusqu'à la fin de ce discours prochain.
Il se rongeait les ongles, tremblait un peu. Il se demandait si il pourrait supporter le regard de sa mère. Peut-être la déception sur le visage de son père.
Sa panique s’amplifiait de seconde en seconde, et il n'avait d'autres choix que de faire abstraction de cette terreur, de ses appréhensions, des ses craintes.
L'angoisse prenant bientôt une totale possession de lui, il précipita sa main vers la poignée, désireux de mettre fin à ce cauchemar rêvé nuit après nuit.

...

La porte claqua, laissant l'homme et la femme seuls, assommés d'un silence presque palpable. Le père restait immobile dans son fauteuil de cuir, le regard dans le vide. La mère, quant à elle, avait les yeux rivés sur la fenêtre, des larmes perlant à ses cornées.
Allait-il revenir ? Était-ce une blague ? Un pari avec ses amis ? Ce ne serait pas la première fois. Mais il avait passé l'âge.
Le père était comme en état de choc, des réflexions pleins la tête, jusqu'à en encombrer sa gorge. A cet instant, aucun mot n'aurait pu rompre le calme de la pièce.
La mère tentait de se raisonner ; Ce n'est pas si grave, nous allons nous faire à l'idée. Pourtant, elle repensait aux petits enfants qu'elle s'imaginait déjà voir grandir.
Un dernier regard par la vitre ; Stan ne reviendrait pas. Et les larmes se décidèrent à couler.

...

Stan arriva, l'air quelque peu dépité, et son copain se précipita vers lui et l'enlaça. Un sourire immense sur le visage, il l'assomma de questions ;
Tu leurs as dit ? Comment ont-ils réagi ? Il faut qu'on fête ça, où veux-tu manger ?
Stan était encore perdu, mais son compagnon ne lui laissa pas le temps de sombrer dans le doute. Il lui rappela que c'était la meilleure solution, qu'ils en avaient parlés des dizaines de fois, que ses parents comprendraient, qu'ils avaient juste besoin d'un peu de temps. Et le plus important ; ils étaient enfin libre d'être heureux, ensemble.
Son partenaire réussi finalement a arraché un sourire à Stan. Il le prit alors dans ses bras, et le fit tourner, encore et encore. Ils rirent ensemble, et énumérèrent toutes les activités qu'ils pourraient faire désormais. L'ami s'arrêta soudain, et contempla Stan continuer la liste avec entrain.
Il sourit de plus belle, une vague de joie montant en lui.
Et il l'embrassa, plus langoureusement que jamais.