Les porte-avions volants, 1931-1935

Suite à la crise de 1929, l'US Navy chercha de nouvelles solutions pour armer sa flotte, notamment sa flotte aéronavale. À cette époque, l'armée américaine utilisait des avions -principalement des biplans- et des dirigeables. Ils reprirent alors une idée qu'avait déjà eut les britanniques en 1924 : transformer des dirigeables en porte-avions.

Les dirigeables avaient démontré leur utilité lors des guerres précédentes, comme la première guerre mondiale ou bien la guerre du Rif, pour bombarder ainsi que pour la reconnaissance. Les combats aériens lors de la Grande Guerre démontrèrent néanmoins sa vulnérabilité en cas d'attaque, il fut donc décidé de garder ces dirigeables surtout pour la reconnaissance, ce qui était déjà le cas à l'époque. La nouveauté ici était l'ajout d'avions à bord, qui pouvaient être largué et récupérer en plein vol, aidant autant à la reconnaissance mais également à se défendre.

Cette conception était totalement nouvelle et personne ne savait vraiment comment utiliser ces dirigeables, s'il fallait les garder uniquement pour la reconnaissance en retrait, ou bien les faire participer sur le long terme à des offensives, transportant plus d'avions. Il y avait là un potentiel qui ne demandait qu'à être développé.

L'armée utilisa leur dirigeable USS Los Angeles pour faire des tests dessus, il servit alors de prototypes pour les futurs porte-avions volants. Globalement ils n'étaient pas très différent des autres dirigeables et fonctionnaient de la même manière, ils avaient simplement un hangar rajouté en dessous où étaient entreposés les avions. Ceux-ci, modifiés spécialement pour ce rôle, étaient accroché à une sorte de bras métallique articulé qui descendait l'appareil, puis après avoir démarrer le moteur il pouvait s'envoler. Pour retourner au dirigeable, la manœuvre était sensiblement la même, mais inversée : le pilote devait revenir s'accrocher sur le crochet avant d'éteindre le moteur. Cette dernière opération était la plus périlleuse, et il était courant qu'un avion soit obligé de s'y reprendre à plusieurs reprises pour y arriver. Le premier vol de largage-récupération eut lieu le 17 octobre 1931.

Deux porte-avions volants furent produit par l'US Navy, le USS Akron, lancé le 23 septembre 1931, et le USS Macon, lancé le 23 juin 1933. Ils avaient globalement les même caractéristiques : 8 moteurs de 560 chevaux, 239 m de long, 46.5 m de haut, 40.4 m d'envergure, une autonomie de 11 000 km, 8 mitrailleuses de calibre .30 ainsi que la place pour 5 avions. Ces derniers étaient des Curtis F9C Sparrowhawk principalement, leur petite taille (6 m de long et 7 m d'envergure) en faisait des avions parfait pour ce genre de rôle.

Le point fort de ces dirigeables était nettement leur autonomie ainsi que leur vitesse, pouvant dépasser les 120 km/h, alors que les porte-avions conventionnels dépassaient difficilement les 50 km/h au maximum. En revanche, c'était leur seul point fort, car ils restaient extrêmement fragile.

Cela se prouva une première fois le 4 avril 1933, quand le USS Akron, suite à une tempête, sombra dans l'Atlantique. On y envoya un autre dirigeable pour secourir d'éventuels survivants, mais il sombra lui aussi, alourdissant le nombre de perte. Le bilan total du crash fut de 73 morts, ce qui représentait le désastre aérien le plus mortel de l'histoire à cette époque. À peine deux ans plus tard, ce fut au tour du USS Macon de sombrer au large de la Californie, causant la mort de deux hommes, le 26 février 1935.

Après ces deux désastres, l'armée américaine abandonna l'idée de créer des porte-avions volant, et les dirigeables disparurent petit à petit de toutes les armées de mondes, jusqu'au célèbre accident du Hindenburg, le 6 mai 1937, qui marqua définitivement la fin de l'âge d'or des dirigeables.