La Grande Décennie - Chapitre 1 - Doméric

La cellule était poisseuse et froide, Doméric était enchainé aux murs depuis des jours. On ne le détachait que pour manger. Le reste du temps, ses poignets restaient enserrés dans ces menottes, l’empêchant d’utiliser sa magie pour se sortir de sa condition. Les mois avaient défilé lentement depuis son jugement. Il ruminait une nouvelle fois les raisons de son incarcération, « tout cela parce que mes recherches s’éloignent des lois » Pensait-t-il en exaltant un soupir où se mêlait l’amertume et la colère.
Le mage entendit un bruit dans le couloir. Deux, voire trois personnes arrivaient. La porte de métal de sa cellule s’ouvrit et, dans la faible lumière qui filtrait du couloir, il vit deux hommes s’avancer vers lui. Ce n’était pourtant plus l’heure du repas, le diner était déjà passé. L’un des deux s’agenouilla et se mit à lui enlever ses chaines, au grand étonnement du mage qui, à cet instant, éprouvait un fol espoir, allait-on le libérer, un bienfaiteur allait-il lui rendre sa liberté ? Ce faible espoir fut mouché au moment où on lui mit de nouvelles menottes à la place de celles qui l’avaient accrochées au mur. L’homme qui l’avait détaché puis rattaché lui posa la main sur l’épaule et lui fit comprendre d’une pression qu’il devait sortir. N’y tenant plus Doméric demanda : « Où m’emmenez-vous ? d’une voix rauque, qu’il n’avait pas utilisé depuis des semaines. « Pour qui travaillez-vous ? » Ajouta-t-il. Mais il n’eut pour toute réponse qu’un « La ferme ! » autoritaire lancé par le plus grand des deux hommes. Doméric choisit donc de s’exécuter. On lui fit parcourir une distance qui lui parut interminable, mais il pensa que c’était juste qu’il n’avait pas marché depuis longtemps. Il arriva dans une pièce à la décoration minimaliste : une table, deux chaises et un homme assis sur l’une d’elle. Rasé de frais, de taille moyenne mais de carrure imposant, , semblait l’attendre. Des papiers, une carafe et deux verres étaient disposés devant lui.
- « Asseyez-vous Doméric ! » lui dit l’homme, et buvez, nous devons parler ».
Doméric pris le verre, le bu, l’eau avait la saveur du miel dans son gosier.
- « Allez, dit le sorcier d’une voix où se mêlaient la fatigue et la colère, en reposant son verre, crachez le morceau ! dites-moi ce que vous me voulez ! »
- « Vous n’avez rien perdu de votre mordant à ce que je vois… L’homme fit une pause, puis repris. Bien, je vais jouer cartes sur table, Doméric Antrez, J’ai un marché à vous proposer : nous avons besoin de vos connaissances en matière de… mmh, magie… particulière. Nous sommes devant un cas que nous sommes incapables de comprendre avec nos moyens actuels.
- « Qu’y gagnerais-je ? » Répondit le sorcier.
- « Et direct avec ça ! Si votre aide est effectivement utile, nous vous permettrons de partir du continent d’aller dans le vieux Monde, vous resterez cependant persona Non Grata sur le continent Ambosien. » Dit l’homme mystérieux.
Doméric mit un moment à digéré l’information, la liberté ! Une nouvelle chance, mais sa joie fut de suite teintée de noir, et il répondit d’une voix où se mêlait de la surprise et de la supplication.
- « Sur tout le continent ? Dis le mage en écarquillant les yeux, mais, ma vie est ici, ma famille est ici, je ne veux pas partir. »
- « Vous avez violez l’une des lois les plus fondamentales de notre pays, et vous pensez à votre petit confort Doméric ? vous pensez vraiment que si vous faites votre travail, nous allons vous laisser repartir librement avec une petite tape sur l’épaule ? » L’homme eut un sourire narquois. « Vous êtes uns des plus grands criminels du pays ne l’oubliez pas ! » Poursuivit-il avec un ton d’une ironie mordante. « Quant à votre femme et votre enfant… » Il laissa sa phrase en suspens.
Doméric, cet instant, éprouvait une colère amère, « je l’aimais » pensa-t-il, « je n’ai découvert ses particularités qu’après coup » Il ne pouvait supporter la condescendance de cet homme, lui aussi n’était qu’un ignorant, qui ne savait rien de ce qui avait pu se passer entre elle et lui.
-L’homme coupa court aux pensées du mage : « Avant que vous acceptiez le marché, sachez que vous serez bien sûr sous bonne garde et que des menottes semblables à celle-ci vous serons misent en toutes circonstances, afin éviter de possibles désagréments que vous pourriez nous causer. »
« Entre aucunes chances de sortir de cet enfer gris et monotone et une chance minime de revoir Sana et Elliott, le choix et vite fait. » pensa le vieil homme.
- « J’accepte… votre marché… » articula le mage « De quoi s’agit-il ? »
-On a retrouvé le cadavre d’un homme, au Sud-Ouest de Dandzimar. Il présentait des caractéristiques inédites et, pour tout dire, franchement préoccupante. » Exposa son hôte. « Trop grand » Poursuivit-il « trop musclé, un médecin l’a autopsié et le corps contenait des substances alchimiques que nous n’avons retrouvé qu’à un seul autre endroit : votre ancien laboratoire. »
Doméric pensa : « Alors l’Empire a commencé à expérimenter sur des humains ? Incroyable, si seulement, je pouvais avoir accès à leurs recherches… »
Le cours de ses pensées fut à nouveau interrompu par une remarque de l’homme : « Nous partirons demain à la première heure après le lever du soleil. Nous prendrons le train entre Sémiole et Dandzimar, puis nous partirons à cheval vers l’aval du fleuve. »
Doméric lui répondit, surpris : « La ligne est fini ? »
Son interlocuteur lui répondit : « C’est vrai que vous êtes resté longtemps enfermé… eh bien oui, cela fait un an déjà. Nous faisons des progrès, nous, pour améliorer le quotidien des gens. Le voyage devrait durer deux jours. »
Doméric avait beau ne pas avoir prêté beaucoup d’attention à la magie dites : « mécanique », a laquelle il préférait celle qui agissait sur le vivant, il avait tout de même été enthousiasmé, à l’époque, par cette invention qu’était le train, pouvoir entrer dans ce nouveau moyen de transport, qu’on disait luxueux et qui filait à une allure folle, colorait un petit peu cette journée. L’ironie systématique de son interlocuteur l’ennuyant de plus en plus, il décida de lui rendre un peu de la monnaie de sa pièce, une rébellion bien faible, mais c’était tout ce qu’il pouvait se permettre.
« Le voyage à beau ne mettre que deux jours, c’est encore suffisamment lent pour que je doive me changer, dit-il avec un ton qui frôlait l’ironie affiché, que vais-je porter durant ce voyage ? »
L’homme le regarda avec une expression étrange, entre l’envie de répondre de façon cinglante ou sincèrement, se dit le mage. L’homme répondit enfin : « Tout sera prêt demain, Gaagi va vous amener dans une pièce plus… confortable que votre ancienne cellule. » Lui répondit l’homme en désignant le plus petit des deux sous-fifres qui l’avaient amené ici.
- « Pourrais-je d’ailleurs connaitre le nom de mon hôte ? »
- « Amarok, et ne commencez pas à avoir ce genre d’attitude, ou vous le regretterez Doméric ! »
Celui-ci s’inclina vers l’avant, cherchant à donner l’impression de respect, mais son visage caché s’étirait d’un petit sourire.
- « Pardonnez-moi. » dit le prisonnier sans en penser un mot.
Son geôlier fit un geste vers le dénommé Gaadi, qui posa sa main sur l’épaule de Doméric et l’invita à se lever. L’entretien terminé, L’homme lui fit prendre un chemin alambiqué pour finalement l’amener à une petite pièce. Celle-ci était meublé de façon très spartiate : un lit et un meuble impossible à distinguer tant la pièce était sombre. Doméric se rendait compte à présent à quel point sa condition de prisonnier l’avait usé et combien il était fatigué, son garde n’eue pas besoin de lui enlever ses menottes ou de lui dire qu’il allait devoir se tenir tranquille. Le mage s’était déjà effondré sur le lit.

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