Oui, Seigneur des Ténèbres !

Jeu de Chiara Ferlito, édité par Edge Entertainment, le Oui seigneur des Ténèbres est un jeu qui a le cul entre deux chaises : d'un coté, le majestueux trône d'or des jeux de rôles ; de l'autre, la froide chaise métallique des jeux de cartes stratégiques, efficaces et assassins. Et c'est de la bonne, bébé.

Le principe, ici, ne sera pas de gagner, mais de tout faire pour ne pas perdre. Un joueur tient le rôle du Seigneur des Ténébres, le meneur de jeu bourru ; les autres endosseront ceux de ses fidèles Larbins, qui sont tous coupables d'avoir magistralement planté une mission crucialement importante - et dont les subtilités dépendront de l'imagination du Seigneur. La partie commence dés lors que le contexte est énoncé par ce dernier, accusant un premier joueur d'avoir misérablement merdé dans le même élan.

A partir de là, les joueurs vont devoir se renvoyer la balle, aidé par deux types de cartes : les actions et les excuses. Si les premières permettent de lancer un argumentaire contre un autre joueur ou au contraire, de stopper celui d'un rival, les secondes permettent de leur coté d'étoffer ledit argumentaire d'une manière plus ou moins cohérente. La fureur du Seigneur se reporte donc d'un joueur à un autre, jusqu'à ce que l'un d'eux bafouille un peu trop, soit en manque de cartes actions pouvant lui sauver les miches, qu'un larbin imprudent commette l'erreur de couper la parole du Seigneur ou même que l'un des joueurs se permette l'outrecuidance d'exister un peu trop fort au gout du meneur de jeu.

Le malheureux se voit alors attribué une carte Regard Noir - cartes qu'il faudra absolument éviter, puisqu'au bout de la troisième, la partie se termine, avec en bonus l'humiliation cuisante du vaincu.

Ce jeu est une perle. D'une part, pour les possibilités qu'il ouvre - à vous de placer l'action dans l'univers que vous souhaitez, que vous vouliez incarner Sauron qui réprimande ses Nazgulls à propos de leur incapacité à mettre la main sur une bague et quelques semi-hommes, Voldemort passant un savon à ses sbires parce qu'ils ne lui ont pas assez lustré la baguette, voir même les boss de Daboulganiech, qui sont prêt à mettre la boite à feu et à sang pour savoir qui à bien pu commettre une faute grave dans leur dos.

D'autre part, pour le gros potentiel d'improvisation du bousin. Mention spécial dans la catégorie brisage de glace, avec des gens que vous ne connaissez pas et/ou qui sont relativement timide.

Enfin, sachez que ce jeu est édité en deux version, la rouge et la verte. Aucune vrai différence entre les deux, si ce n'est que chacune contient deux types particuliers de cartes actions que l'autre n'a pas. Si les mecs d'Edge Entertainment argumentent que c'est pour ne pas perdre les joueurs avec trop de cartes actions - les joueurs de Larbins leur répondant allègrement ah, tapettes ! dans le lointain - le fin limier que vous êtes aura certainement comprit qu'il s'agit là d'une raison pécuniaire. Effectivement, il est beaucoup plus rentable de vendre un jeu deux fois plus qu'une seule.

En tant que gros pigeons qui a acheté les deux, mon avis sur la question : les deux sont cool et complémentaires, mais se suffisent à elles mêmes, séparément.

Pas de véritable limite de joueurs ici. Jouable à partir de 3 pékins, intéressant à partir de 5, difficilement gérable au delà de 8.
Disponible pour 20 boules.

Troisième et dernier zoubi pour aujourd'hui !

PS : se marie et se combine extrêmement bien avec un Munchkin. J'vous dirais comment et pourquoi un autre jour.