Aigreur nocturne

L'avez vous eu ce sentiment? L'étonnante courbe du "Je vais la remonter cette fichue pente" qui s'inscrit comme une évidence lors de vos "deux pas, de travers mais en avant, la bouche en coeur, six arrière, et l'enivrement qui va avec"?

J'ose bien imaginer que oui, alors quoi. Est-on tous dans ce groupe pour s'entraider dans la maintenance d'un présent lugubre? Hé bien pour ceux qui répondraient oui, sachez que ça me va tout à fait ( je me doute bien que mon avis importe peu, mais j'écris comme tu lis, nous pourrions tous les deux arrêter, mais moi j'ai un coup dans le nez, et ce qui en découle m'effraie. D'habitude je m'arrange pour être autre part que dans ma tête, désolé de faire résonner les dires d'un quidam dans la tienne). J'ai bon espoir, en vérité, qu'aucun ne s'imagine être tant Humain qu'il peut tirer vers le haut celle ou celui qu'il ne connait pas.

Vous arrive-t'il de donner un brin d'affreux "je comprend" aux gens qui vous entourent? Par réflexe, je veux dire. Cette fadeur du "oui et toi" qui suit le vide de sens "ça va?" qui rythme vos putains d'affligeantes journées? Pas de blague, ça touche tout le monde, du punk au corbeau.

Hein, voila, il est est là, enfin pas loin, le cercueil du père de ta pote, amie qui s'est levée en ayant le loisir d'observer un noeud du pendu en trois dimensions cinq jours plus tôt, mitigée bien évidemment : Dieu merci je me lève avant que ma petite n'aille se jeter sur la balançoire / Hé.. Je vais pas la surmonter cette affaire, au diable la désyntox', je sais ce qu'il me faut pour m'aider à ne pas réaliser dans l'immédiat ".

Bah vous voyez, là je viens de faire un sacré truc de trou d'cul. J'me la joue empathique deux secondes et c'est déjà malsain. Mais qu'en ai-je à cirer, je déballe, j'ouvre un sac. Car à elle j'ai dit que je ne comprenais pas. Là c'est entre guillemets l'anecdote, c'est pour donner un poil de consistance au propos peut être merdique que je soumet.

Y a-t'il un stupide génie dans la salle pour nous conter la recette du bonheur? Je chie mou et j'ai le vomi facile, alors faudra pas parler trop fort.

Puis je sais à quoi ça ressemble, du moins je crois. Ca se lit vite : "Hé peï, on t'aime, sors du trou". Puis ça engendre le pire. Ca se permet, et ce sans pression, au zénith lors d'une rare phase de conscience, de gronder ceux qui ont l'absurde talent de nous apprécier : "Moi j'vous aime, mais j'ai raison de vous aimer, vous en valez le coup. Mais vous pensez pas qu'il est temps d'arrêter vos conneries? Foutez moi la paix bon sang, allez rire ensemble, sans moi, vous verrez, je gage que ce sera incroyablement mieux". Et puis les années passent et ceux qui causaient "beau" n'ont visiblement jamais eu l'envie de détruire le pont. Alors on divague et oscille entre l'illusion qu'il est possible d'aller mieux et le dégout d'être entouré de gens qui s'accrochent au bonheur.

Et? On se contente de ça ? On se rachèterait pas plutôt deux ou trois aiguilles pour tricoter les névroses? Bah si hein. Vous la voulez comment la laine? J'ai pas grand chose à proposer, mais visiblement avec du terne de mauvaise qualité on peut faire sourire les plus belles personnes du monde. Ha, ça vous fait pas chier? Hé bien sortez du magasin, foulez le pavé les pieds en croix, et par pitié prenez tout ce qui est mignon avec vous, ne laissez rien. Sauf un ou deux papillons. Pour penser aux morts.

Ha, et pour le sentiment dont je parlais? Faites en ce que vous voulez, mais, sous la pluie, faites un choix. Moi, je le laisserai pousser.

PS : Laissez vos lumières allumées.

PPS : Si ce groupe est pas fait pour ça, je supprimerai. Oui c'est décousu aussi, tant pis. De toute façon je regretterai demain d'avoir écrit ça donc ça m'arrangera. Et pour les fautes, "jammer genoeg".

TL;DR : Je suis aigri.