Duchamp et son optique de précision, épisode 2.
Il y a une semaine, j'ai commencé une analyse sur l'œuvre de Duchamp de 1925 "Rotative demi-sphère, optique de précision" qui est une installation optique et cinétique. Par l'analyse du titre, j'en étais arrivé à deux réflexions contradictoires amenées par ce dispositif ; la première étant que ce dispositif permettrait de corriger la vision, la seconde au contraire, ne permettrait pas de corriger mais de dépasser notre vision limitée.
Pour l'instant, je ne vais pas forcément faire des chapitres qui se suivent parfaitement, je me donne pour le moment l'objectif de délimiter les contours des l'analyse de cette œuvre. Dans ce deuxième chapitre, je vais essayer d'expliciter le contexte dans lequel est Duchamp avant la création de ses deux "optique de précision".
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"Rotative, demi-sphère" est créée en 1925 par Duchamp, mais ce n'est ni la seule ni la première rotative qu'il a construit. En effet, il en a créé une en 1920 intitulée "Rotative, plaque verre". Ces deux dispositifs optiques proposent des pistes de réflexions sur les mêmes concepts. Néanmoins, il y a nécessairement une évolution conceptuelle amenée par l'évolution plastique de ces deux dispositifs optiques. Si l'on s'intéresse à ce qui a poussé initialement Duchamo à effectuer ces dispositifs, il nous donne la réponse dans une interview : "C'est une compensation pour ma pauvre rétine condamnée à l'inactivité".
On peut être sceptique face au sens de cette phrase, ce serait plus que compréhensible ; de fait, Duchamp n'est ni malvoyant, ni aveugle -à moins qu'il soit un chameau- . Cette citation de Duchamp prend sens par son choix d'arrêter de peindre après avoir finir l'œuvre Tu'm en 1918. Et donc, quand il parle de l'inactivité de sa rétine, il parle de son choix d'arrêter de faire de la peinture, autrement dit, d'arrêter de créer des œuvres picturales qui sont intimement et intrinsèquement liées à des problématiques d'optiques.
Pour le lecteur attentif et curieux, une question s'immisce sûrement dans son esprit torturé et perverti, pourquoi diable Duchamp fait-il le choix d'arrêter de peindre ? Il faut savoir que Duchamo est contre ce qu'il appelle " l'art rétinien" (1) , c'est-à-dire un art de la peinture pure, qui essaye simplement de faire plaisir à l'œil. L'art rétinien ne propose rien d'autre que lui-même; il n'en ressort rien, pas de poésie, pas de symboles, pas de concepts, tout dans l'art rétinien est simple coquetterie.
Mais ce dont Duchamp qualifie d'art rétinien va plus loin que cette conception d'art purement illusoire. Pour Dudu, l'art rétinien touche à la peinture en générale et aux mouvements artistiques dans leur globalité. Il considère par exemple le cubisme, l'impressionnisme, le futurisme et le symbolisme comme étant de l'art rétinien (alors qu'il a produit dans ces mouvements artistiques !). Pourtant, ce sont des mouvements artistiques qui proposents des réflexions esthétiques, conceptuelles et philosophiques uniques. Ce jugement de la part de Duchamp paraît complètement infondé.
Pour comprendre pourquoi Duchamp considère la peinture comme un art rétinien, il faut s'intéresser à "Nu descendant d'un escalier n°2". Cette peinture est considérée aujourd'hui comme cubofuturiste. En effet, dans cette œuvre, les concepts fondamentaux du cubisme que sont l'essence des choses et l'immobilité(2), sont utilisés en même temps que les concepts futuristes que sont le mouvement et l'évolution de la perception au sein même du mouvement. Conceptuellement ces deux mouvements artistiques s'opposent. Et c'est justement ce qui va valoir à Dudu le refus d'être exposé par le salon des indépendants(3). Or ce refus affecte Duchamp, et à partir de ce moment, il refuse le genre et le style artistique. Selon lui, le goût/le style finissent par s'installer dans tous les mouvements artistiques imposant une esthétique normée et préconçue. Une œuvre donnée n'est alors plus considérée comme artistique en fonction de ses qualités inhérentes, mais est au contraire considérée comme artistique à partir du moment où elle respecte les codes établies par les mouvements artistiques en vogue. Rien de différent en ce sens avec un art académique. Et en réaction à cela, Duchamp créé ses fameux readymades qui sont intimement liés aux optiques de précisions.
(1) chose amusante, c'est ce que certains reproche dès le 15e siècle à Titien qui est un artiste coloriste. Ces certains sont les grands adeptes du dessin dont Michel-Ange. Le débat entre le dessin et le coloris continue encore au 18e siècle. Grosse engueulade en somme.
(2) L'essence, la nature des choses est un concept immobile, qui ne peut pas évoluer, il est pure immobilité, c'est la base qui nous permet de connaître les choses. Cette idée, nous l'héritons de certains de nos grands penseurs surtout Platon et Aristote.
(3) le salon des indépendants avaient pourtant pour idéologie de d'exposer librement les artistes, en dehors de toutes conceptions conservatrices et académiques.
ps : C'est super chiant, vers la fin, quand j'écrivais l'écran remontait frénétiquement vers le haut, c'est dû à quoi ?
pps : autre truc super chiant dans un pavé comme ça, quand j'ai un message d'erreur me demandant de rafraîchir la page, comment éviter ça ?
ppps : C'est moi ou les astérisques font mettre en italiques et en gras ?
Moi ce que je ne comprend pas dans tout ça c'est son projet derrière tout ça ? Qu'est-ce qui a fait que un jour il a voulu arrêter de peindre juste pour le plaisir de regarder ?
Il veut transmettre quel message ?
Je comprend bien que c'est un artiste qui a sa catégorie à lui tout si je puis dire mais ces œuvres sont plus des concepts philosophiques mis en forme physiquement que des œuvres artistique à proprement parlé.
Avant tout, soucis technique, tout ça, super chiant ces bugs sur ce site quand t'écris des pavés...
J't'avais fait une super réponse mais j'ai bien la flemme là.
Du coup, mode flemme :
Arrêt de peindre à cause de l'humiliation d'avoir été refusé au salon des indépendants qui est censé exposé tout le monde. Ce refus montre bien que l'art est soumis à une norme, et quand quelque chose de nouveau s'impose, alors cette nouveauté devient la norme.
Or l'art doit être penser pour Duchamp, et une oeuvre qui est comprise dans une mode n'est plus penser pour elle-même, mais seulement en tant qu'elle est intégrée dans cette nouvelle mode.
Face à cette humiliation, Duchamp cherche à faire un art qui ne soit soumis à aucune norme et qui n'en produise aucune.
C'est son projet globale, mais c'est assez flou.
Concernant le message, et le projet plus spécifique, ça va arriver dans la suite.
Il flirt toujours entre l'art et la philosophie. Mais on ne peut pas dire que ce sont des concepts philosophiques mis en forme physiquement, c'est réducteur et faux.
Ce sont des oeuvres artistiques pleines de réflexions philosophiques, la nuance est mince mais elle est essentielle.
Ces oeuvres sont destinées à être traduites, décryptés, réfléchis et questionnées. Mais cela reste des oeuvres artistiques, car elles ont pour sujet l'art, et qu'elles ont en leur sein des réflexions artistiques.
Cadrage ? Lumière ? Présentation ? Représentation ? Mise en scène ? Tout est pensé artistiquement.
j'avais dit plus et plus précisément, mais bah flemme de re-pavé.
au moins j'ai très peu spoil là, il va falloir prendre son mal en patience.
ps : comme dis dans mes précédant messages, j'ai eu aussi des soucis techniques, et j'ai enlever des trucs sinon c'est trop long, du coup il y a des passages moins bien expliqué.
La prochaine fois je ferai peut-être un truc plus long pour voir, à suivre.
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