Petit cours de peinture de Brian MacNeil
Brian MacNeil est un artiste américain (dessin/peinture/tatouage) enseignant à l'Academy of Realist Art de Boston.
Voici une de ses œuvres, étape par étape avec ses explications. Vous les retrouverez sur son blog, en anglais: http://brianmacneil.blogspot.fr/
Je vous l'ai traduit ci dessous. Si cela enfreint le règlement de choualbox, tant pis pour la box... Ou sinon, je ne laisse que les tableaux avec un lien.
Son blog contient d'autres conseils de peinture.
Si vous souhaitez ce même type d'explication pour un autre portait regardez ici: http://www.justart-e.com/demonstration-by-brian-macneil.html
"Derrière toute peinture, le dessin est l’aspect le plus important qui résoudra les problèmes de teintes, de luminosité et de couleurs qui apparaîtront au fil de la progression de la peinture. Comme mes étudiants disent : « Bien dessiné, bien peint »
1 - Le bloc
En premier lieu, j’aime débuter par le bloc de la tête. De manière générale, je note la plus grande hauteur et largeur et mesure leurs relations l’une à l’autre.
A ce stade, chaque trait est une improvisation et sera sujet à modifications à n’importe quel moment. J’estime que cela doit commencer quelque part, et si il n’y a rien sur le papier, il n’y a rien à corriger.
Je passe personnellement beaucoup de temps sur cette étape du dessin. Je retravaille constamment les inclinaisons et examine les proportions pour créer un silhouette convaincante. Aussi simple qu’elle soit, mon esquisse est la fondation sur laquelle je vais bâtir mon portrait.
2 - Mettre les traits du visage sur le bloc
Après avoir passé un temps considérable sur le bloc de la tête, j’ai assez de données pour placer les traits du visage. Gardant à l’esprit que le travail sur le bloc initial n’est pas complet, je peux toujours continuer, sachant que mes inclinaisons principales sont bien tournées. En commençant par trouver l’angle et l’orientation de la ligne centrale je peux ensuite mesurer la hauteurs des différents traits. J’aime attaquer en faisant une marque à l’entre-sourcils, plus osseux et non susceptible de bouger. Ma mesure suivante est de l’entre-sourcil au bas du nez. De plus, je vérifie la cohésion des traits avec l’extérieur du bloc pour être sur que toutes les pièces du puzzle se joignent en harmonie.
Une fois tout ces traits marqué verticalement, je peux tracer la largeur de chaque trait du visage
3 – articuler le bloc
Ici, vous pouvez voir que j’ai pris le bloc et articulé la structure pour faire sortir le design du modèle. J’utilise la même approche de blocs pour les ombres que celle que j’ai utilisé pour la tête. En général je rempli l’intérieur des ombres après, pour pouvoir les retravailler comme la structure extérieure. Quand j’établis les lignes finales des ombres, j’essaye de concevoir dans mon esprit quelles surfaces sont déplacées, ou quelles formes sont soulignées par les effets de lumière. J’image comment la lumière s’enroule autour des formes et essaye de reproduire cet aspect sur le papier.
4 – Finir l’esquisse
Après à l’articulation des ombres, je les rempli pour comparer les formes à l’ensemble. Une fois satisfait par le dessin, je suis prêt à le transférer.
5 – Transféré l’esquisse
Deux jours avant j’ai teint de la laine avec de la terre d’ombre et des essences minérales. J’en repends jusqu’à assombrir à un certain point. Une fois sèche, j’ai transféré mon esquisse dessus.
6 – Terre d’ombre lavé rehaussé avec du blanc
Densifiant mes ombrages, j’ai lavé avec une teinte semi-transparente toutes les ombres. En relation avec les ombres, le fond était légèrement plus sombre aussi ai-je créé un ombrage approprié. Avec du plomb blanc (Attention, toxique) je frotte les zones claires gardant en tête leurs relations avec les plats et les formes. Tout ombrage réside dans les teintes que j’ai laissé et la pré-teinte de la laine. Puis je laisse sécher avant d’appliquer la couleur.
7 – Palette de couleurs
Je mixe donc plusieurs tas de couleurs que je pense pouvoir retrouver dans ce portrait.
8 – Plans/Ébauche
J’approche mon ébauche en pensant aux aplats de la tête. Je démarre par les ombres et ensuite passe aux demi-teintes. Quand j’imagine les formes des aplats, je mélange une teinte avec l’ombrage de l’aplat adjacent à celui ci. À ce point je ne me soucie pas de mélanger ou modeler la forme. Si les ombrages sont corrects, le sens de la forme va apparaître en résultat.
9 - Finition des plans/Ébauche
A ce moment, j’aimerai parler un peu de qualité de peinture. L’ébauche est sensé être une fine esquisse. A ce stade, je dilue la peinture avec une mixture d’une part d’huile de lin pour trois part d’essence de térébenthine. Typiquement, je plonge mon pinceau dans le récipient et ensuite essuie l’excédent d’huile. L’huile restante est généralement suffisante pour amincir la peinture.
Mon raisonnement pour peindre cette fine couche est d’établir toutes les couleurs et leurs relations entre elles. On peut se dire que cela semble assez difficile de peindre avec autant d’étapes… Mais pour un peintre inexpérimenté, cela peut l’aider à construire une meilleurs structuration pour finir sa peinture.
10 en commentaire
10 - Peinture des formes
La peinture des formes est l’étape ou je repeins tout le visage bout par bout. Pour certaines raison, je commence toujours par le cou. Je remonte lentement et prudemment en modelant les formes à chaque zone. Cela aide beaucoup d’avoir l’ébauche (9) sous les yeux. Cela me permet plus de penser au modelage et moins aux couleurs. Je n’essaye pas de rusher et bouger à une autre partie avant d’avoir terminé la section entamée. Néanmoins je m’autorise à prendre des pauses, pour pouvoir reprendre ensuite avec patience. Parfois, en me pressant, je me rends compte que je n’obtiens que plus de travail pour plus tard. Trop de hâte dans la peinture ne rendra que de la boue. Donc hormis d’un nombre incalculables d’erreurs, je n’ai qu’à être un peu plus réfléchis dans mon application de la peinture. "
Intéressant de voir le chemin depuis l'esquisse dégueulasse de la forme du visage.
Mais clairement à partir du 3, si t'as pas le skillz, c'est cramé.
@Puke: Sans doute, mais les prédispositions sont quand même pas négligeables. Clairement sans modèle je passe pas l'étape 2 non plus.
Toi t'es un mécréant qui dessine bien, ça compte pas
@Daboulganiech: J'utilise des modèles ! Comme tout le monde. Je peux me représenter des choses dans ma tête, mais c'est plus dur de les mettre sur le papier. Je peux transférer mes idées au papier grâce à la technique, et la technique s'apprend. Si tu suis patiemment chaque étape de la box, tu arriveras à faire un truc sympa. Y'a pas de raison de pas y arriver ! Après tu peux foirer la colo et l'ombrage si tu ne comprends pas pourquoi il fait comme ça. Mais y'a 100% de chances de réussir à arriver au moins à l'étape 3.
@Puke: Tiens d'ailleurs par curiosité, t'as suivi un cursus particulier ou t'es 100% autodidakt ?
(la couleur c'est clairement le plus compliqué, autant je peux m'en sortir sur un n&b d'après un modèle, mais poser les couleurs comme il le fait, j'essaye même pas)
@Daboulganiech: Je ne suis pas très bon. Ma maman est artiste, elle avait donc des bouquins. J'ai eu du mal à apprendre car je suivais vachement sa technique... qui ne me correspond pas du tout.
Donc c'était : bouquins, entrainement et vidéos sur YT. Et conseils de Poulop.
@Puke: Ouais c'est clair que le style c'est l'essentiel et la copie a beau aider à progresser, ça a jamais défini le style de personne (enfin il me semble).
En tout cas t'as bien fait d'y passer du temps, j'aime beaucoup c'que vous faîtes
@Daboulganiech: Je prends avec plaisir !
Et je veux bien que tu me dises quels sont les dessins qui t'ont plu en MP. Cela m'aidera à comprendre la réception de ce que je fais, ce qui est bien/moins bien etc...
@Daboulganiech: Les prédispositions sont une idée reçue. Quand les gens parlent de "prédisposition", ils évoquent une sorte de capacité personnelle à effectuer une tâche plus ou moins facilement, "naturellement".
Alors que cette capacité se construit au fur et à mesure de l'apprentissage !
Je fais du dessin -> J'améliore ma motricité fine, ma capacité à tracer des courbes naturellement -> J'aiguise mon sens de l'observation et ma représentation des volumes et de l'espace -> J'ai de meilleures dispositions pour continuer l'apprentissage.
Et plus on commence tôt, plus ces éléments s'assimilent rapidement. La prédisposition, c'est l'excuse de l'échec.
@Poulop: Je suis complètement d'accord avec l'idée que l'apprentissage et l'expérience font le boulot pour devenir doué, mais, à mon sens, ça ne suffit pas.
Ce serait lié à quoi le fait que certains mômes s'en sortent bien dès la maternelle alors que d'autres font des bâtons jusqu'à 8 ans ? Même si on est pas dans la prédisposition au sens dessin, y a quand même une faculté d'appropriation et de restitution de l'environnement par l'observation qui n'est pas la même pour tous.
@Daboulganiech: Ce fameux exemple du gamin de maternelle est celui qui revient le plus souvent.
Pour avoir bossé plus de 10 ans avec des maternelles, je peux t'assurer que la plupart font des trucs immondes comme tous les enfants.
Si certains sortent du lot, alors la question à se poser est la pratique du dessin ou autre à la maison, sa régularité, et les occupations générales du gamin quand il est chez lui.
Je me souviens que c'est à partir du CE1 que les autres enfants ont remarqué que je dessinais un peu mieux que le reste de la classe. Pourquoi ? Parce que je passais tout mon temps à faire ça chez moi depuis tout petit, tout simplement. La pratique régulière est la seule cause possible, couplée à l’observation visuelle appuyée.
C’est vraiment le début de l’activité qu’il faut essayer de repérer. Le gamin qui dessine plus que les autres dès 2-3 ans aura de bien plus grandes chances de développer cette capacité naturelle qu’on associe à un « don ».
Le fait qu’on ne voit pas tout le travail qu’il y a derrière participe sûrement grandement à cette impression de prédispositions, vu qu’on n’observe généralement que le résultat.
Je comprends très bien cette impression, mais les artistes te le diront : tout est travail.
@Poulop: Je confirme que la pratique régulière est primordiale, mais j'avais effectivement pas pensé aux activités que peu avoir le gamin en dehors des moments ou on peut l'observer. C'est même plutôt pertinent.
C'est clair que le fait de ne pas voir le boulot au fur et à mesure est traître, je me suis encore fait avoir il y a peu avec du digital painting d'un balrog.
@Poulop: @Puke: Et que je sois bien clair, quand je parlais de prédispositions, ce n'était absolument pas pour dénigrer la somme de travail derrière, j'évoquais ça comme le coup de pouce initiale.
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