L'histoire d'une vie

Groupe "Lettre" limité à 2000 caractères (why?) donc je poste ici car après tout, la vie n'est-elle pas une cool story ?


Le premier pas est un peu hésitant
Le nourrisson devient enfant
La vie prend déjà une nouvelle dimension
Lorsque debout on aperçoit l'horizon

C'est le pouvoir de l'enfant roi
Qui pleure pour avoir et dicte ses lois
C'est l'innocence infantile l'insouciance totale
Dans un monde merveilleux loin des nouvelles brutales

On se suffit d'un rien
Construit notre monde de nos petites mains
On joue aux billes sous le préau
Que l'on montre aux filles pour faire le beau

C'est la bêtise sans aversion
Les bras de fer et les batailles de polochons
L'école n'a rien d'une institution
On jouit d'une liberté niaise sans concessions


Un pas de plus et c'est l'adolescence
L'heure de se révolter de cracher sur la France
Le temps des questions métaphysiques superficielles
Aux réponses toujours trop informelles

On renie les saints
On a peur de rien
On a envie de tout
On pense le monde à nous

C'est les première soirées on se couche tard le soir
On rigole entre amis et on commence à boire
Un verre ou deux puis on passe au pétard
Dépravé, ivre d'excès on s'endort soûlard

C'est la première petite amie
Qu'on croit la femme de notre vie
Puis les premières blessures de coeur
Nous font connaître la douleur

Nos aînés nous demandent de choisir
Le chemin qui forgera notre avenir
Sans savoir même ce que l'on est
On doit déjà anticiper une destinée

C'est le temps de l'imagination
On cherche nos passions
On découvre le désir
On caresse le plaisir

On goûte la vie à chaque instant
Un fond d'immaturité dans le sang
Mais une tornade d'ambition dans le regard
On veut le vérité sous ce soleil blafard


Au troisième pas on devient adulte
Fini les moqueries et les insultes
On a grandi on est mature
Peut-être un peu trop sur

C'est le quotidien du travail
La peur des représailles
Quand on arrive en retard
Dans une trois portes, en costard

On préfère la famille à la patrie
Les yeux d'une femme aimante dans lesquels on s'oublie
On a remplacé les soirées dépravées
Par des dîners entre habitués

À la place de se vanter
De nos derniers exploits d'ébriété
On controverse sur nos emplois respectifs
Des paroles vides sur des visages inexpressifs

C'est l'âge ou l'on comprend
La triste valeur de l'argent
Celui ou tu paies les erreurs du passé
Et la retraite de ceux qui t'ont précédés


Ce qui nous mène au quatrième pas
Du retraité qui marche vers son trépas
Un soulagement désiré depuis longtemps
Une liberté évincée par le temps

Tu gis seul dans une maison vide
Essayant vainement de meubler ton quotidien insipide
Tu pleures aux funérailles de ton amour d'ado
Comme les autres, partie trop tôt

Maman n'est plus là pour te consoler
Papa n'est plus là pour te mettre une raclée
Tu n'as plus qu'à t'asseoir et te souvenir
Lorsque bête adolescent tu croyais encore en l'avenir

Tu voulais monter un groupe de rock
Devenir la légende de ton époque
Tu avais l'imagination de Dali
Et l'âme d'un poète endormi

Rien ne semblait pouvoir t'arrêter
Gamin insolent déraisonné
Tu vivais de passion au jour le jour
Et pensais être pour toujours

Aujourd'hui tu parais bien piètre
Immobile dans ta maison champêtre
Scotché au lit sous perfusion
Attendant ta funèbre oraison


Un dernier pas fébrile c'est le décès
Inévitablement la boucle est bouclée
Tu vois la blanche lumière puis rejoins la terre mère
On naît poussière et redeviendra poussière