Le problème avec la vaccination et le pass sanitaire

C'est moi ou il est assez hautain dans sa manière de parler ?
Et il te sort un discours digne d'un représentant du gouvernement.
Voici un des commentaires qui est plutôt pertinent selon moi :
"Sur l'efficacité des vaccins pour freiner la pandémie, je suis d'accord. Mais il y a plusieurs points qui me posent problème dans cette analyse :

"il faut penser au-delà de la mort, le confinement ou le couvre-feu ça t'a pas soulé ?" ➡️ c'est exactement le discours du gouvernement, qui réduit la situation en un choix binaire entre vaccination et confinement ; or c'est précisément le manque de planification du gouvernement depuis le début qui le pousse à adopter des mesures extrêmes comme le confinement généralisé ou le pass sanitaire : aucun effort n'a été fait pour renforcer l'hôpital (recrutement et plan de formations accélérées) - pire encore le plan de stabilité 2021-2027 prévoit une baisse des dépenses publiques -, l'approvisionnement en vaccins a été loupé au démarrage, les contrôles aux frontières sont ridicules, l'isolement des cas contacts n'a jamais été correctement appliqué, le test salivaire n'a jamais été généralisé, le traitement des eaux usées est infime alors qu'il a localement montré des preuves immenses dans la prévention des clusters, etc etc etc... je dis pas que tout cet arsenal fait disparaître les variants, mais il aurait permis d'adopter des mesures beaucoup plus fines et de se donner du temps sur la stratégie vaccinale, pour convaincre au lieu d'imposer. Et pour convaincre, quid d'un sondage pour connaître les raisons principales de personnes ne souhaitant pas se faire vacciner ? J'ai du mal à comprendre cette pédagogie à l'aveugle où l'on s'adresse à une masse informe, sans savoir si les arguments avancés s'adressent potentiellement à la raison n°1 ou n°10.

"on est dans une société capitaliste et libérale [...] émancipation des individus [...] prioriser ses besoins à soi" ➡️ c'est vrai, mais ça ne peut pas tout expliquer, car en dépit du discours sur le pass sanitaire (+4 millions de rdv environ) on reste le 33ème pays au monde en proportion de vaccinés ; or le capitalisme est globalisé. il y a donc une spécificité française, et quand on voit le gap de vote entre 2015 et 2021 aux régionales (1 français sur 2 devenu 1 français sur 3), on peut légitimement avancer une crise de confiance dans la politique et la démocratie plus globalement. L'argument du français naturellement réfractaire de tout temps ne suffit donc pas. Ce serait naïf de penser que la répression, les mensonges ou les promesses non-tenues sur ce quinquennat n'ont pas nourri la défiance à l'heure où le sujet, la santé, demande précisément d'avoir le plus de confiance et de réassurance. À titre personnel, je suis vacciné (par choix, dès que ça a été possible) mais réticent au pass sanitaire dans sa version actuelle, et alors même que je me suis posé la question de manifester, ce qui ne m'arrive jamais, la seule éventualité de perdre un bras ou une main, ou plus simplement de me faire gazer, nasser ou autre, m'a fait passer l'idée. Ce qui n'est pas normal dans un état de droit.

"en fait ce que dit le pass sanitaire c'est assez simple, si vous voulez faire partie de la société [...], c'est un choix de société ; vous pouvez ne pas vous faire vacciner, mais vous vous excluez de la société" ➡️ 1. tu dis littéralement juste avant ce passage, à juste titre, que c'est une obligation déguisée ; ce n'est donc pas un choix de société, mais une contrainte pour continuer à faire partie de la société (d'où le terme de ségrégation ou d'apartheid que l'on voit fleurir ici et là, peu importe la forme du symbole, le fond reste à propos) 2. cette manière d'obliger la vaccination (ajoutons que les tests vont devenir payants, comme à l'étranger) sans le faire explicitement, c'est vicieux car ça déplace la responsabilité : ce n'est plus le gouvernement qui après avoir échoué (partiellement ou totalement, chacun en jugera) en prévention, pédagogie, mesures de freinage, doit en passer par l'obligation, ou même plus simplement le variant qui l'aurait dépassé (il date de 3 mois mais devient l'urgence depuis 2 semaines : tardif), ce sont les non-vaccinés seuls qui feraient peser le risque de mesures encore plus sévères que le pass sanitaire, car ils ne prendraient pas conscience de l'urgence. Double peine et inversion terrible des responsabilités. 3. tout est fait pour fracturer la société en deux, et on observe déjà les mêmes stratagèmes que lors des gilets jaunes : le plan des revendications et de la compréhension laisse place à des amalgames douteux pour décrédibiliser le mouvement sur la base de quelques ahuris convoquant la Shoah, ou d'une infantilisation sans nom (les "capricieux" qu'évoque Attal). Où est le projet de société, d'être "dans le même bateau" avec ces procédés ? Alors que c'est précisément en cherchant à comprendre, dans la complexité et la nuance la plus fine des avis, qu'on arrivera à convaincre. Autrement, c'est comme pisser dans un violon (voire déféquer dans un ukulélé) : zinzin.

ps : pas lu "La fin de l'amour", mais "Les marchandises émotionnelles" d'Eva Illouz est fort intéressant. "

Très bonne vidéo