Péripéties d'un carabin à l’hôpital 26
L'hôpital. Lieu atypique où se croisent les contradictions, les opposés, les extrêmes.
Certains patients se retrouvent physiquement transformés par la maladie, prenons comme exemple la mastocytose. Cette maladie colore la peau de taches rouges, et cela de la tête aux pieds. Je me souviens de cette patiente qui le vivait parfaitement bien, qui s'en foutait même, contrairement à une autre patiente qui en avait particulièrement honte. Elle portait des manches longues, des tee-shirts/chemises qui remontaient jusqu'au cou. Elle était à la limite de dépression et était prête à prendre tous les traitements, faire toutes les thérapies pour que ça disparaisse.
Ces deux femmes avaient plus de 40 ans, alors que dire d'une jeune femme de 20 ans au crâne chauve, poli par la chimiothérapie. A cet âge là séduction a une part importante dans la vie des hommes et des femmes, et c'est pourquoi elle n'osa à peine me regarder, les joues rougies par la honte de sa condition physique. Je sortis de ma distance protectrice habituelle pour m'approcher d'elle et lui prendre la main, en lui disant que la beauté n'était pas qu'une question de chevelure et qu'elle avait un des plus beaux visages que j'aie pu voir.
Quand vous êtes hospitalisé, vous découvrez de nouveaux lieux, de nouvelles personnes, vous êtes perdus, dépendants, et une sorte de relation enfant-parents s'installe; l'enfant est le patient, les parents sont le personnel médical. Alors certains le vivent bien, repartent psychologiquement comme ils sont arrivés, et d'autres décompensent complètement. Deux patients me reviennent en mémoire, le premier était un papi de 83 ans, adjoint à la mairie, autonome, actif, et physiquement en forme. Il était le rayon de soleil du service, et acceptait tous les traitements, examens, imageries avec bonne humeur. A son départ il était souriant et nous a tous remercié, contrairement à la deuxième patiente qui elle a totalement perdu pieds. Le jour de son arrivée, c'était une femme de 75 ans parfaitement orientée, maîtresse d'elle-même, classe. 24h après elle était devenue une femme confuse, apeurée, qui avait hurlée toute la nuit, qui pleurait quand elle était seule, les yeux dans le vague
La suite en commentaire.
Dans un service les médecins sont tous les mêmes : les blouses blanches, et les patients également : les tuniques bleues. Résumé grossier ? En effet, mais pas tellement, il y a objectivement deux groupes qui ont deux ressentis différents et qui ne connaissent pas celui de l'autre. J'ai pu le constater quand un pneumologue a été hospitalisé dans mon service. Au début quand il avait encore ses vêtements de ville, il était neutre, étranger au service bien que médecin. Il était souriant, rigolard, avenant et cela a commencé a changé quand il a enfilé sa fameuse tunique bleue. Ça y est, il était devenu un patient et était traité comme tous les autres. Il a ainsi pu découvrir que son vêtement ne fermait pas derrière et que ses fesses étaient dévoilées, que lors d'un examen clinique on pouvait voir ses parties génitales, qu'on lui posait des questions intimes sur son transit et sa miction, que n'importe qui pouvait rentrer à tout moment bien qu'il soit nu ou sur la chaise percée en train de faire son numéro deux. Très vite j'ai vu dans son attitude qu'il avait compris ce que vivait les patients, et que même si pour nous la nudité est banale, elle reste toujours gênante pour les patients.
Du coup, tu as pu dragué une patiente mignonne de 20 ans, qui avait une tunique bleue pour seul habit :o
@Mystletoe: Elle était sous son drap, coquinou va ! Et si tu l'avais vu, tu aurais compris que c'était pas de la drague.
@Razorbakk: ça, je veux bien te croire ^^ mais c'est beau de ta part de les soutenir moralement comme ça, par des petites attentions ou phrases
@Razorbakk: Merci razorbakk, j'espère que tu resteras toujours un minimum sensible comme ça. Ma petite amie est infirmière et me parle souvent des médecins et des chirurgiens. Elle m'en parle comme des personnes rarement aimables, dont le temps est compté et surtout extrêmement condescendants.
C'est quand même malheureux cette sale image que laissent les médecins, surtout que souvent les patients ressentent ce comportement. Parfois les medecins / chirurgiens ont ce comportment vis à vis du patient.
J'admets que vous en voyez des vertes et des pas mures, votre métier est infiniment difficile. Mais si toi à ton échelle tu peux au moins garder cet esprit, cette empathie et cette simplicité... Tu seras au dessus de la mêlée..
@Sqlutsqvq: Lol tu connais rien toi, seuls les lâches restent au dessus de la mêlée, tu t'es cru chez les pandaren ou quoi ?
Pos' avant de lire, comme d'habitude!
y'a une raison particulière à ce que les blouses d'hosto soient pas fermées derrière? La seule et unique fois que j'ai subi une opération, on m'en a donné 2 pour que je ne sois pas à moitié à poil dans les couloirs. /csboff
@Eggman: ca me generait pas d'etre a moitié à poil. Un jour devant, un jour derrière et si on te dit quelque chose tu réponds que t'es malade et que t'y peux rien
Tes aventures sont vraiment cools à suivre !
J'éspère que tu développera une de tes histoires sur tes collègues étudiant comme toi, tes rapports, craintes, difficultés ETC...
Dernierement j'ai vu un film qui ma fait penser a tes aventure c'était "Hyppocrate" bref je reste toujour a l'affut des dernieres périéties qui permette de voir d'un autre oeil la profession que tu exerces
Toujours aussi bien tes peripeties ! hâte de lire la suivante :) Bon courage et bosse bien !
Tu as déjà pensé à écrire un livre?
Je pense que ce serait bien vendu et de bonnes critiques. Voir cet aspect du médecin, les interactions, études, comportements...
Merci encore de te livrer à nous!
@Razorbakk: Si ça t'intéresse vraiment essaie de contacter un nègre, non pas que tu écrive mal mais faire des péripéties sur CB et écrire un bouquin il y a un fossé quand même !
Bonne chance ;)
@LostDeD: Je suis bien d'accord qu'il y a une sacrée différence. Je vais réfléchir à tout ça ;)
Sérieusement, je pense que si jamais t'écris un bouquin je serai un des premiers à le lire, ton style d'écriture est tellement naturel, c'est vraiment plaisant, en parallèle avec des anecdotes prenantes/touchantes c'est le top du top.
J'ai tellement d'admiration pour le personnel hospitalier, à tous les niveaux de la hiérarchie. Vous êtes vraiment des êtres exceptionnels, doués de capacités altruistes face à des situations physiquement et moralement parfois extrêmes. Vous savez rester humbles et parfois même, vous gardez la souffrance des autres au plus profond de votre être sans que cela ne transparaisse jamais. Vous êtes la définition même du sacrifice humain, de la confidence. Bref, vous êtes la bonté incarnée.
@Razorbakk: non, c'est normal. Je le pense sincèrement. On devrait graver une plaque pour les gens comme toi et même vous célébrer lors de cérémonies comme le 14 juillet...
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