Un aéroport, un stylo, 18h et moi.


Me voilà terminal 17, cris d’enfants, agents de sécurité polis, lumière pénétrante du soleil timide de Winnipeg (Canada) en cette matinée bien trop… matinal. On pourrait se croire dans un film à la Sofia Coppola, tout est neutre, clean, brossé aux moindres détails. La lumière est claire, chacun est à son poste et chaque poste à son chacun. Il est 6h30 et je m’en vais pour Puerto Morelos (Mexique). Je viens de passer la nuit appuyé contre une immense structure d’aéroport bien trop blanche. Assis contre un coin, face à l’arrivée des bagages, face à l’instant très mal décrit par cette humoriste/ Show man/ Artiste et puis je sais même plus ce qu’il fait d’ailleurs à force d’accumuler la diversité ; Je parle bien de la description faussement humoristique de l’arrivée des bagages de Mr Elmaleh. Et oui car sa description minimaliste, comme toute ces descriptions trop accessibles, peu poussées, ne ressemble en rien à la réalité. Pour comprendre ce qu’est cette instant il faut avoir passer la nuit devant ce haut lieux d’échange. Il faut ressentir la tristesse, la passion, le bonheur que ressentent ces gens; Devenir tout simplement spectateur de cette effervescence qu’est la mondialisation. Voyez dans le regard d’une famille américaine, le restant d’une once de soleil capturée lors de leur séjour all inclusive, au sein de ces immenses structures, faux bijoux d’architecture et vous comprendrez enfin ce qu’est vraiment qu’: « une arrivée de bagage ».

Petite parenthèse :
Qu’est ce que viennent foutre toutes ces structures dans des pays en voie de développement ? C’est l’apologie de l’oxymore touristique : Vacances dans un all inclusive. C’est comme de décider de faire une étude ethnologique sur une population indigène, de tenter de comprendre leurs rites, leurs traditions, et d’emmener avec soit son ipod, sa télé, son porte monnaie intégré, son assistant traducteur all fonction 47 langues pré enregistrées et son calculateur de perte boursière… Ce n’est simplement qu’une facon de partir pour partir. On retrouve son confort, ces habitudes, son train train, mais face à la mer. Je vois bien déjà les conversations de ces dames en rentrant de vacances :

« ben dis donc, t’es ben bronzé ma belle. »
« Tu comprends, avec les enfants et mimi nous sommes parti au Mexique, incroyable voyage, un dépaysement complet ; Tu te rends compte, ils vivent dans des maisons sans l’eau courante… C’est notre bonne de chambre qui nous la dit. Incroyable. Heureusement que Mimi avait prévu le spa, le jacuzzi, et la piscine avec jet d’eau potable en continu, je dis bien potable… ». Pathétique.
Odeur de moquettes neuves, produits d’emballages, accent anglais, quelques claquements de mâchoires. Me revoilà face à mes amis d’une nuit, comme le dit Tyler Gordon, on ne peut jamais être aussi satisfait que par une amitié temporaire, linéaire, à sens unique. C’est ce que je me suis créé pendant cette nuit. Le mélange culturel est là, l’aller et venu de ces petits bouts de vies à roulette les inquiète. Tiens une famille vient de retrouver ces proches.. Calins, cris, accolades. Mais dès lors on sent en eux un faux sentiment de joie, une fausse exaltation de leur bonheur, une frustration de revoir cette famille qui ne les avait pas tant manqué que ca finalement.. On est enfin face aux faux qui décrit si bien notre société. Cette tendance à toujours se cacher sous une façade, ne pas confronter nos sentiments à nous même, au point de ne plus rien ressentir. Et pour cela notre environnement sociétale nous aide en nous prenant par la main, nous cachant les yeux, et nous soufflant de par son manque d’interet : « ne t’inquiètes pas, tu n’auras plus besoin de ces sentiments, il existe un monde bien plus simple ». C’est là le but de ce texte.
Si l’on m’avait dit que j’allais écrire sur mon billet électronique une partie de mes frasques et pensées réflexives… Le manque de nourriture depuis maintenant 12h m’aide à avoir les idées plus claires.
Avant de monter à bord j’ai pu à ma grande habitude, me délecter d’un visionnage des 4 derniers jours de zapping. Tel un résumé de la déchéance télévisuel, le zapping a la capacité d’alterner les shorts cuts d’émissions sans intérêts, mixé aux petites anecdotes de présentateurs. Le tout lié dans une sorte de mini déroulement de 7 min avec parfois connexions, voir liens entre les « zaps ».

Je fus aujourd’hui consterné par le peu d’attraction que les émissions actuelles proposent. Il est bien connu que nous vivons dans une société hypermoderne, où l’ironie et le sarcasme est à son apologie. C’est d’ailleurs ce que dit avec de très belle façon Nicolas Langelier dans son livre, réussir son hyper modernité. Son titre évocateur d’un vieux best seller qu’une quinquagénaire achèterait pour se remettre en question, ne reflète pas du tout l’intérêt du bouquin. Une pépite à mettre entre toutes les mains. Aujourd’hui la célébrité rime avec sex tape , la décadence est mise au rang de valeur moderne, et le manque de transmission culturel règne au sein des medias. Mais cet aspect de manque d’éthique ne me choque même plus. Il est devenu habituel de voir une icône adulé par tant de jeune, passé du statut de chanteuse à star internationale après avoir exposer ces talents de blowjobbeuse. Aujourd’hui c’est le manque d’interet des émissions qui m’atteint le plus. L’intérêt est défini de diverse façon, par thématique. Interet culturel, politique, social. Ils se rejoignent dans la procuration d’un enrichissement cérébral. Il peut parfois être possible de mettre de coté la notion de divertissement, et ainsi des émissions comme « ce soir (ou jamais) » offrent un interet de débat et d’offrande culturel sans divertissement quelquoncque. Or le contraire semble impensable. Proposer une émission ou le spectateur n’a même pas une base de divertissement est à l’opposé de la définition de Programme T.V. Et c’est pourtant ce qu’ont osé des producteurs d’émissions comme « splash ». Ce genre d’émission ou l’on élève au rang d’exploit, un saut de 6 mètres dans une piscine trop chlorée, trop bleue, sur contrôlée par une armadas de Plongeur prêt à sauter pour sauver la personne d’un éventuel malaise… Comment peut on se divertir face à ce manque de contenu ? Comment peut on recevoir ce manque d’information, sans même se demander une seconde si nous ne perdons pas notre temps à voir toute cette merde entassée, servie sur un plateau, présentée comme « nouvelle stratégie de divertissement » alors que l’on nous ressors toujours la même recette. Alors oui, on les entends d’ici ces protagonistes alpha (pour ne pas en fâcher certains) nous proposer l’argument d’une évasion, d’une pause au sein de leur quotidien trop tendu.
« Il faut bien poser notre cerveau, et apprécier le moment présent »…
J’ai du entendre cette phrase des milliers de fois, et à chaque fois c’est la même envie de prendre n’importe quelle outil pointu, tranchant, rouillé, et de découper en morceaux cette excuse prémâchée. Toute personne a le droit de vivre, mais une idée comme ca ne peut etre autoriser à persister ainsi. Nous devons nous révolter contre cette fausse idée de l’évasion ;
Car l’évasion se fait par la réflexion.
Je peux comprendre qu’une vie de bureau monotone soit autant ennuyante qu’un épisode de Derrick un dimanche après midi chez tata reinette pour vos 15 ans avec vos parents assis à deguster le thé et le restant de votre gateau d’anniversaire acheté en réduction chez le Liddle du coin. Mais la reflexion n’est en rien une prouesse, un exercice de style. Elle est accessible à chacun et ouverte à tous. Elle est l’or du pauvre car elle permet à chacun de se voir n’importe ou. Elle offre la procuration par l’imagination. Cela peut etre la sensation d’un baiser au coin des lèvres, la douce brise de votre enfance lors de vos longues marches encadrées par la partie maternelle ou l’odeur de cuir chauffé lors de vos escapades dans les Souks marocains. Elle s’oppose à toute restrictions, à toute censure. Elle vous offre la possibilité du libre arbitre, des milliers d’interconnections dans un seul but, une seule visée, sa propre introspection. Elle n’a finalement besoin de rien d’autre que d’elle même, et de vous, prêt à tenter cette expérience.

Alors qu’attendez vous ?

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SpirituaL
SpirituaL
11 ans

J\'vais pas répondre à ta question mais juste te dire qu\'à part quelques fautes par-ci par-là, j\'adore ton style d\'écriture et la façon dont tu amènes la chose.

La 1ère fois que je vois ça sur Choualbox. Gg

shame
shame
11 ans


Allez je vais être gentil, la communauté m\'inspire. :)

SpirituaL
SpirituaL
11 ans

Dans ce cas j\'attend ta prochaine box avec impatience.

shame
shame
11 ans

J\'en ai déjà poster une si tu veux voir dans mes historiques

SpirituaL
SpirituaL
11 ans

Yes, je l\'avais lu à l\'époque.

anonyme
anonyme
11 ans
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MenteurRouge

That\'s my boy .

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Mogg
Mogg
11 ans

« Il faut bien poser notre cerveau, et apprécier le moment présent\"

En effet, c\'est tellement vrai, ils disent quasiment tous ça ...
\"oui, on sait que c\'est nul mais on regarde pour se moquer des gens à la télé\", c\'est bien mais au final tu es quand même quand même l\'émission à faire grimper l\'audience pour un programme de merde -__-

Nabu
Nabu
11 ans

Merci beaucoup d\'avoir partagé ça avec nous. Je n\'ai personnellement plus la télé depuis que je suis toute petite (et aujourd\'hui j\'en suis contente et même fière), et depuis toute petite, mes parents m’emmènent voyager un peu partout dans le monde, et je le répète encore, la seule chose qu\'il faut emmener avec soi comme distraction quand tu pars en voyage c\'est un LIVRE ! (encore mieux s\'il parle du pays dans lequel tu va).
Vraiment, c\'est pas parce que tout le monde a une télé, un ordi portable, un ipod, et encore pire, un smartphone, que vous êtes obligés d\'en faire autant...

Flyfire
Flyfire
11 ans

Tout d\'abord c\'est sympa de poster un article comme ça, je suis tout à fait d\'accord avec les idées que tu exposes.
Je pense malheureusement que nous vivons dans une société gangrenée par la stupidité, l\'avidité la désinformation et j\'en passe, nous vivons dans une société qui refuse que l\'individu pense/agit par lui-même tout en lui faisant croire que c\'est ce qu\'il fait.
Des que nous sortons des clous, où de ces cases exigues dans lesquels notre épanouissement est contrôlé, exploiter on devient un marginal, une personne qui nuie à la société.

Je voyage depuis maintenant 1 an (Australie,Thaïlande Vietnam) et je pense que se \"couper du monde\" permet justement une réelle connection avec les gens, leur expériences, conseil critique et j\'en passe.
Je suis moi aussi exaspéré quand j\'entends des gens dire \"j\'ai visité tel ou tel pays\" en ayant passé 1-2 semaine au club med et les seuls contacts avec là population sont la prostitution,un service (bar,restaurants,taxi ect) ou le vendeur de souvenir.

Tout n\'est que paraître, prétendre et mentir la plus belle des choses estest comme tu le dis notre réflexion. Comme tout muscle il faut s\'en servir et pas devenir un assisté de la pensée.

(je suis sur mon tel qui bug un peu donc dsl des fautes de frappee non corrigées)

Darwin
Darwin
11 ans

GG également, j\'étais passé à côté mais c\'est toujours aussi sympa :)

anonyme
anonyme
11 ans

Vraiment sympa ta façon d\'écrire ^^ Et bizarrement je me suis rendu compte que je pense à peu près comme toi

Speeder
Speeder
11 ans

Ce passage concernant la télé est vrai. Je ne regarde plus la télé depuis un an et demi, je m\'en porte bien mieux, j\'étais déjà contre ces programmes de télé-réalité qui rendent abruti les gens.
Je ne regarde que des reportages sur YouTube que je sélectionne comme sur Arte Thema. Il y a aussi Envoyé Spécial mais c\'est pour le sensationnel et des fois ils disent vraiment de la merde.

Nous pensons plus ou moins dans la même direction. Comme quand tu abordes le sujet des vacances. Les passée dans un gros buildings avec des gens de la même nationalité avec le même luxe n\'apporte aucune ouverture d\'esprit, après il y a des pays où je n\'irai pas passer mes vacances dans l\'hôtel miteux du centre ville d\'Afrique ou du Brésil.

Diogene
Diogene
11 ans
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Commentaire supprimé.

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