La voisine

Mais qui est donc cette femme,
Qui passe toute la journée,
A travailler tel un quidam
Vêtue de son tablier ?

C’est toujours la même rengaine,
Tel un film qu’on aurait rembobiné,
Chaque matin elle se promène,
Sur sa terrasse située au dernier,

Puis après cette virée réflexive,
Elle se dirige d’un pas nonchalant,
Telle une victime captive,
Mais toujours le sourire au coin des dents,

C’est là qu’elle se met à travailler,
Ne s’accordant plus aucune pause,
A laver, rincer, nettoyer, repasser,
On la croirait presque sous hypnose,

Mais sa tâche est bien réfléchie,
Chaque chose est à sa place,
Chaque place a sa chose choisie,
Rien de mieux qu’être efficace !

Mais je me demande malgré tout,
Si cet être profondément attachant,
Est réellement conscient qu’au bout,
Il n’y a que le recommencement ?

Comment fait-elle pour se stimuler,
Est-ce donc la foi qui la motive,
Pour réussir chaque matin à se lever
Et affronter cette monotonie afflictive ?

Ou serait-ce peut-être l’espoir,
D’un jour parvenir enfin,
Là-haut, dans son appartement si noir,
A faire infléchir son destin ?

Malheureusement nous ne saurons jamais,
Car j’ai appris par ce radieux matin,
Qu’à l’aurore on l’a trouva décédée,
Le visage fier, le fer en main.