
Faux. Quasiment tous les écrits grecs nous ont été transmis par Byzance et les arabes. Peut-être une moitié des écrits romains par les moines.
Transmission des écrits grecs
La majeure partie des œuvres majeures de la littérature et de la philosophie grecques qui nous sont parvenues l’a été grâce aux copistes byzantins, qui ont continuellement recopié les manuscrits en grec au sein de l’Empire byzantin, puis transmis ces manuscrits à l’Occident à partir du XIIᵉ siècle environ
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. Les traductions arabes jouent un rôle important, mais pour un nombre relativement restreint d’ouvrages : elles ont permis de préserver certains textes grecs autrement disparus (notamment dans le domaine scientifique ou philosophique moins largement copiés en grec), et, via ces versions arabes, plusieurs œuvres ont été réintroduites en Occident par des traductions latines depuis l’arabe. Toutefois, il s’agit d’une part minoritaire du corpus : la plupart des grands classiques (Aristote, Platon, beaucoup de tragiques, etc.) nous sont parvenus directement en grec grâce aux traditi-ons et recopiages byzantins, et non uniquement via l’arabe
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Rôle des savants arabes
Le monde islamique a en effet entrepris aux VIIIᵉ–Xᵉ siècles des traductions systématiques des traités scientifiques et philosophiques grecs (Aristote, Galien, Hippocrate, etc.), ce qui a sauvé certains textes absents ou très rares en grec. Ces traductions ont été intégrées dans la tradition intellectuelle islamique, enrichies de commentaires, puis redescendues vers l’Occident latin à travers des écoles de traduction (Tolède, Sicile, etc.). Mais cette transmission arabe complète (ou quasi-complète) ne concerne pas la totalité des œuvres grecques : beaucoup d’auteurs classiques ont continué à circuler en grec au sein de Byzance, et ce sont ces manuscrits hellènes qui ont fourni la base de la plupart des éditions modernes
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Transmission des écrits latins (romains)
La situation des textes latins antiques est différente : ces œuvres ont globalement été préservées dans l’Occident médiéval, principalement par les moines dans les monastères qui copiaient les manuscrits latins. On estime que la quasi-totalité des textes latins que nous connaissons aujourd’hui nous sont parvenus via cette tradition monastique occidentale
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. Bien sûr, beaucoup d’œuvres latines ont disparu ou ne nous sont connues que par des fragments, mais les textes majeurs (Cicéron, Virgile, Ovide, Tacite partiellement, etc.) ont survécu grâce à la copie continue dans les scriptoria monastiques et, plus tard, dans les bibliothèques universitaires. On avance parfois que seulement une faible fraction (quelques pourcents à un pourcent) de la littérature antique latine a survécu intégralement, mais cela signi-fie surtout que beaucoup d’auteurs mineurs ou d’œuvres moins copiées ont disparu ; en revanche, pour les textes dits « classiques », la survie via les moines est massive
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Nuancer l’idée de “presque tout” ou “moitié”
Dire que “presque tous les écrits grecs” nous sont venus de Byzance et des Arabes est partiellement vrai : Byzance a effectivement préservé la quasi-totalité du corpus grec majeur, et les Arabes ont complété en préservant certains textes perdus en grec. Mais la transmission arabe ne représente pas la majorité des œuvres grecques maintenant disponibles.
Dire que “peut-être la moitié des écrits romains” nous sont venus des moines est moins précis : en fait, la quasi-totalité des textes latins survivants l’a été grâce aux moines occidentaux. Ceux qui supposent “seulement la moitié” semblent sous-estimer l’importance cruciale des scriptoria médiévaux pour la survie des œuvres latines.
Conclusion
L’image juste est que la plus grande part des œuvres grecques classiques nous vient par la tradition byzantine (avec des apports arabes pour des textes rares) et que presque tous les textes latins médiocrement transmis sont passés par les moines occidentaux. Les Arabes jouent un rôle de sauvetage pour certains écrits grecs, mais n’en sont pas la source majoritaire. Pour les textes latins, la transmission monastique est, de loin, le vecteur principal. Ainsi, il faut nuancer les deux affirmations : Byzance est la source principale des manuscrits grecs, avec des contributions arabes limitées mais signifiantes pour certains textes ; et la tradition monastique occidentale a sauvé la quasi-totalité des textes romains survivants.
