La guerre du Mexique (1861-1867)

Les origines du conflit

Le Mexique a obtenu son indépendance en 1821 mais le pays s'est révélé instable depuis sa création, gangrené par les guerres civiles et l'absence d'une administration et de fonctionnaires efficaces. Pour survivre, le Mexique a recours aux emprunts qu'il est incapable de rembourser ce qui avait déjà conduit Anglais, Espagnols et Français à récupérer leurs créances par la force en bombardant, occupant et en prélevant eux-même les droits de douane à Vera-Cruz jusqu'à ce que la dette soit réglée. L'exemple le plus connu étant la « Guerre des gâteaux » en 1837-1839. En 1861, le Mexique est de nouveau endetté ce qui provoque une nouvelle intervention européenne.
Outre ces motivations financières, les États européens ont d'autres projets, notamment protéger les possessions européennes du puissant voisin américain alors en pleine expansion. Il existe aussi des motivations particulières. Par exemple l'Espagne n'a pas renoncé à reprendre la « perle » de son empire. La France nourrit des projets plus ambitieux. En effet, Napoléon III entend préserver les nationaux dans les Antilles mais aussi créer un État « latin » et catholique proche de la France et faisant barrage à l'hégémonie anglo-saxonne et protestante nord-américaine. Dans ce cadre il entend aussi mettre en place un gouvernement stable dans un pays où règne l'anarchie depuis l'indépendance. Il s'agit aussi de profiter d'un pays mal connu qui est présenté comme riche en ressources agricoles et minières.

En juillet 1861, la décision du président Benito Juarez de ne pas rembourser ses dettes entraîne l'alliance de l'Espagne, de la France et de la Grande-Bretagne en octobre 1861 dans le cadre de la Convention de Londres. Les flottes européennes débarquent leurs soldats à Vera-Cruz en décembre-janvier 1861-1862. Mais dès leur arrivée ils sont touchés par la fièvre jaune (vomito negro). La maladie affaiblit la position des Européens qui commencent déjà à négocier avec Benito Juarez. Ce négocie lors de la Convention de Soledad le 19 février 1862 puis finit par promettre le remboursement des dettes le 9 avril. Cette décision satisfait Britanniques et Espagnols qui quittent le Mexique.
Cependant Napoléon III entendait mener à bien son projet et envoya le comte de Lorencez et 4500 hommes en renfort. Lorencez, promu commandant de l'expédition, déclara la guerre au gouvernement mexicain – et pas aux Mexicains – en prenant pour prétexte des mauvais traitements qui auraient été infligés à des Français à Mexico. L'objectif était alors de marcher sur la capitale (Mexico) et mettre fin à la République de Benito Juarez.

La France continue le combat

Le général Lorencez débute l'expédition avec 6 500 hommes, 10 canons. Il a très peu de munitions et de vivres et se situe en terrain ennemi. Il poursuit pourtant son chemin jusqu'à la ville fortifiée de Puebla défendue par 12 000 Mexicains qui barrent le passage vers la capitale. Faute de pouvoir se replier Lorencez attaque les forts de Loreto et Guadalupe le 5 mai 1862. Il envoie les zouaves à l'assaut des fortifications sans succès. Le général entame la retraite vers Vera-Cruz en attendant les renforts envoyés de France. En tout 23 000 hommes arrivent à Vera-Cruz en septembre 1862 à la tête desquels se trouve le général Forey qui prend la direction des opérations.
Jusqu'en février il prépare l'expédition : organisation de l'armée, étude du terrain, rassemblement du ravitaillement et mise en place d'unités de contre-guérilla. En mars 1863 les Français mettent de nouveau le siège devant Puebla et organisent une approche méthodique de la ville par le biais de bombardements et le creusement de tranchées. Les Français prennent le fort San-Javier le 28 mars et commencent la conquête de la ville lors de combats de rues sanglants : assaut de barricades, avance maison par maison. En parallèle les Français devaient tenir à l'écart les armées mexicaines et assurer le ravitaillement des soldats. La sécurité de la route était assuré par le « Bataillon nègre égyptien » (prêté par l’Égypte), la Légion Étrangère et la contre-guérilla qui luttaient contre les brigands et les raids des troupes régulières. C'est sur cette route, le 30 avril 1863, qu'a eu lieu le fameux combat de Camerone où 65 légionnaires ont résisté héroïquement jusqu'à la mort à 1 200 Mexicains afin de protéger un convoi d'artillerie et de munitions. Le siège se poursuivit et les Mexicains tentèrent de lever le siège en organisant une contre-attaque à San-Lorenzo. Elle fut stoppée par le général Bazaine qui fit fuir les Mexicains et captura les munitions destinées aux défenseurs. Les Français finirent par ouvrir une brèche dans les fortifications, mais à court de vivres et de munitions les Mexicains se rendirent le 17 mai 1863. Après 2 mois de combats acharnés, la ville tombait aux mains des Français qui pouvaient continuer leur route vers Mexico où ils arrivèrent le 10 juin 1863. Les notables mexicains rassemblés en junte (assemblée politique) adoptèrent la nouvelle constitution monarchique du Mexique et appelèrent l'archiduc Maximilien sur le trône le 10 juillet 1863. Si ce dernier venait à refuser le trône, l'assemblée laissait le choix à Napoléon III de choisir un autre empereur alors qu'il aurait préféré organiser un plébiscite laissant le choix du régime aux Mexicains.
Malgré cette entrée triomphale dans la capitale, la guerre n'était pas gagnée car Benito Juarez, surnommé le « petit Indien », et les forces républicaines s'étaient retirés dans le Nord du pays où ils bénéficièrent de l'aide des Américains favorables à la République. Ils refusèrent d'abandonner le combat et optèrent pour la guérilla.

L'instauration d'un Empire éphémère

Un conseil de Régence fut mis en place - en attendant la réponse de l'archiduc Maximilien - où dominaient les conservateurs et les réactionnaires. Le 10 avril 1864, Maximilien accepta de prendre le pouvoir au Mexique et arriva en juin.
Entre-temps, la situation se dégrada fortement au Mexique : les notables étaient corrompus et aucune administration ne fut mise en place, aucune armée nationale efficace ne put être formée, le brigandage restait endémique et le clergé menait une politique ultra-réactionnaire impopulaire. Sur le plan militaire, le général Bazaine commença la pacification contre la guérilla et les troupes républicaines. Il parvint à élargir la zone d'influence française autour de Mexico sans pour autant vaincre les forces républicaines qui s'étaient retirées plus au Nord et évitaient au maximum les combats. La pacification est marquée par l'attaque de villages, des coups de main, des actions violentes côté contre-guérilla et quelques batailles de moindre envergure. En 1864, Maximilien s'installe à Mexico où il se révèle être un piètre dirigeant menant une politique maladroite et impopulaire.
La fin de la Guerre de Sécession, le 9 avril 1865, changea la donne puisque les États-Unis accentuaient leur aide à Benito Juarez et firent pression sur Napoléon III afin qu'il retire ses troupes. Les Américains étaient restés fidèles à la doctrine Monroe (1824) selon laquelle les Européens ne pouvaient pas intervenir en Amérique. Outre la pression américaine, les affaires européennes devenaient préoccupantes du fait de la guerre austro-prussienne (1866) et de la montée en puissance de la Prusse. Napoléon III changea sa politique : il rassembla puis évacua ses troupes du Mexique entre janvier 1866 et mars 1867, laissant Maximilien seul au pouvoir, celui-ci refusant d'abdiquer. Suite au retrait français, les Républicains repassèrent à l'offensive et battirent les troupes de Maximilien le 8 février 1867 à San Jacinto. Il fut contraint de s'enfermer dans la ville fortifiée de Queretaro et capitula le 15 mai avant d'être jugé le 13 juin et fusillé le 19 juin 1867 avec ses deux généraux, conformément aux instructions implacables de Benito Juarez. La nouvelle arriva en pleine Exposition Universelle à Paris le 1er juillet 1867 éclaboussant « l'honneur français ».

Constats d''un échec

L'expédition du Mexique a fait 47 000 victimes dans les deux camps. Du côté Français on compte 6 500 morts dont 4 700 de maladie (plus particulièrement la fièvre jaune) ce qui est peu élevé. Le coût de la guerre a été assez élevé sans être ruineux.
Cette guerre a une particularité puisqu'elle a avant tout été une guerre de guérilla ce qui a amené les Français a mettre sur pieds des unités de contre-guérilla sous les ordres du colonel Dupin. Ces unités étaient constituées de locaux qui connaissaient le terrain et menaient des actions de harcèlement en marge des unités françaises.

L'expédition française au Mexique se solde par un échec. Cet échec a plusieurs causes :
-Napoléon III a lancé l'expédition alors qu'il ne connaissait pas le Mexique. Il a succombé à des chimères.
-Le manque de préparation de l'expédition : les objectifs flous et le manque de matériel expliquent les premiers échecs et l'enlisement du conflit.

L'échec du Mexique a surtout pour conséquence la perte de prestige de la France et de Napoléon III, 10 ans après la victoire de Crimée. Cet échec montre un certain essoufflement de la France au niveau international jusqu'au désastre de 1870...

La guerre du Mexique (1861-1867)
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anonyme
anonyme
8 ans

Légende:
1-Carte de l'expédition du Mexique
2-Benito Juarez
3-Général Bazaine, Jean-Adolphe Beaucé
4-Maximilien empereur du Mexique, Mathew Brady, 1864
5-Tableau de la bataille de Puebla
6-Le Siège de Puebla, Jean-Adolphe Beaucé, 1867
7-Siège et prise de Puebla, Image d’Épinal, 1863
8-Bataille de Camerone
9-Entrée des troupes françaises à Mexico, 10 juin 1863, Jean-Adolphe Beaucé, 1867
10-Légion belge au Mexique, Charles Dominique Oscar Lahalle, 1869
11-Bataille de Hierba Buena, 8 juin 1865, Jean-Adolphe Beaucé, 1868
12-Photo du colonel Dupin.
13-Photo de volontaires belges au Mexique.
14-Photo du peloton d'exécution de Maximilien, François Aubert,1867
15-Photo de l'exécution de Maximilien à droite.
16-Exécution de l'Empereur Maximilien, Image d’Épinal, 1867
17-L'Exécution de Maximilien, Édouard Manet, 1868

Sources :
http://www.napoleon.org/fr/salle_lecture/articles/files/479805.asp GOUTTMAN Alain, « Guerre du Mexique », in Napoléon III la revue du Second Empire, n° 21.
http://provostmichel.blogspot.fr/2012_07_01_archive.html Blog sur l'expédition française au Mexique.
http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/guerre_du_Mexique/133010 Encyclopédie Larousse
BASCOU Marc, DANSETTE Adrien, Universalis, « EMPIRE SECOND - - (1852-1870) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 8 septembre 2015. URL : http://www.universalis-edu.com/encyclopedie/second-empire/

Courage
Courage
8 ans

En faite on est comme des chiens on a vraiment levé la patte un peu partout

Whitat
Whitat
8 ans

C'est vachement bien rédigé, merci pour ce post.

Mezut
Mezut
8 ans

Box très interessante, autant la guerre de Crimée je connaissais à peu près autant la... Continue si tu as le temps !

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