La catastrophe de Seveso, Italie, Juillet 1976

Durant l'été 1976, d'étranges phénomènes furent observés près de la ville de Meda, dans le nord de l'Italie. Les feuilles des arbres commençaient à jaunir, les animaux domestiques mourraient les uns après les autres, et des lésions cutanés et brûlures apparaissaient sur la peau des enfants. La population italienne n'avait aucune idée de ce qu'il se passait, jusqu'au 17 juillet 1976.

En effet, à ce moment-là de nombreux travailleurs étaient en grève depuis la veille, ceux de l'usine chimique ICMESA, non loin de là. C'est à partir de là que les informations commençaient enfin à circuler : une fuite avait eu lieu une semaine plus tôt. Le 10 juillet 1976, dans le hangar B de l’usine, à cause d’une surchauffe d’un réacteur, une cuve engendra l’émission soudaine d’un gaz identifié plus tard comme étant le 2,3,7,8-tetrachlorodibenzo-p-dioxine (TCDD). L’usine est fermée le 18, et les laboratoires Hoffmann-Laroche (le groupe qui possédait l’usine) communiqua enfin sur la fuite le 19.

Le nuage avait déjà contaminé une grande surface autour de la ville de Meda, touchant notamment la ville voisine de Seveso. Pour autant, la toxicité de l’agent en cause étant relativement peu connu, les autorités tardèrent à prendre des mesures. Les habitants des zones contaminés continuaient à vivre normalement jusqu’à ce que l’ordre d’évacuation soit enfin donné le 23 juillet, mais les premiers habitants ne sont évacués que le 26 juillet.

Plus de 200 personnes quittèrent leur maison, suivit rapidement par 500 autres. Les autorités -qui avaient prit énormément de temps à réagir- firent alors appel à l’armée pour boucler la zone. Douze hectares de terrain furent entourés par des barbelés et interdit aux habitants. Au total, ce fut environ 20 000 ha de sol qui ont été contaminé.

Débuta alors la longue décontamination de la zone. Les travaux commencèrent 6 mois après l’accident. Il fut décidé de retirer la surface du sol, les 30 premiers cm, pour les recouvrir de sol non contaminé. A partir de là, les terres ont été labourés, le réseau routier complètement refait et les infrastructures détruites. La terre contaminée, les constructions abattues et les cadavres d’animaux furent ensevelies. Pour cela, on créa deux bassins étanches de 200 000 m3.

Les premiers habitants furent capables de rentrer en zone A (la zone la plus contaminée) en juillet 1977, même si le cœur de cette zone resta fermé jusqu’en 1984.

Le TCDD eut de multiples effets sur la santé des habitants. En avril 1977, 187 cas de chloracné avait été diagnostiqué, dont une majorité d’enfants. La dioxine avait un effet sur les gènes contrôlant le sexe, ainsi il y eut un excès de filles entre 1977 et 1984 parmi les enfants nés de parents présentant des taux importants de TCDD en 1976. Heureusement, ces effets là restaient globalement inoffensifs, et aucun décès ne fut recensé malgré l’incapacité des autorités de réagir rapidement.

En revanche, ce fut un véritable désastre écologique : 3 300 animaux domestiques moururent intoxiqués, et 77 700 autres animaux ont été abattu par précaution.

Cet accident fut considéré comme l’un des accidents industriels les plus mal gérés de l’histoire. En effet, les autorités mirent deux semaines pour mettre en place un plan d’évacuation. Si la nature de la fuite chimique avait été plus toxique, il y aurait eu des centaines, voire des milliers de morts. Pour éviter que cela ne se reproduise, une directive européenne fut mise en place en 1982 pour identifier les sites industriels à risque chimique, portant le nom de la ville italienne la plus touchée : la directive Seveso. C’est à cause cet incident de 1976 qu’on retrouve aujourd’hui des sites classés Seveso.

Aujourd’hui en France, on compte environ 1 200 sites Seveso.