Je ne suis pas un homme (Furuya)

Je ne suis pas un homme (Ningen Shikkaku) est un seinen de Usumaru Furuya. Furuya a aussi réalisé "La musique de Marie" et "Le cercle du suicide"... Que du joyeux.
Il s'agit d'une adaptation d'un roman autobiographique (de Osamu Dazai) nommé la déchéance. Casterman a fait un remarquable travail sur ces deux albums: ils sont de format A4, papier glacé, traduction irréprochable. On notera également que l'auteur à fait le choix d'un sens de lecture occidental.

Synopsys :
Comment Yôzô Ôba, si séduisant et conquérant alors qu’il entrait dans l’âge adulte, a-t-il pu devenir moins de dix ans plus tard cet homme décharné, malade et totalement passif que l’on sent osciller au bord du gouffre, à deux doigts d’y basculer ? Telle est l’étrange histoire qu’entreprend de raconter Usamaru Furuya dans Je ne suis pas un homme. L’histoire d’un jeune homme riche et beau à qui tout semblait sourire, mais qui en vérité ne savait rien faire d’autre qu’interpréter les rôles que les autres attendaient de lui, comme une marionnette, pour mieux masquer le vide abyssal tapi à l’intérieur de lui-même…


Il est beau, séduisant, charmeur, drôle. Seulement voilà, il ne laisse rien tapir de ses émotions et porte un masque permanent. Un masque de bouffon. Il fait ce que son père lui a instruit et on ressent bien le traumatisme d'enfance. Il fait chavirer le cœur des filles et les garçons voudraient être comme lui. Derrière ce masque, il ne ressent que de la peur et de la haine pour son prochain. Il se sert de son image pour obtenir argent, bonnes notes et faveurs sexuels. C'est quelqu'un de odieux et il se hait au plus profond de lui même. Lorsqu'il se voit couper les vivres à cause de ses soudains mauvais résultats, il passe de demi-dieux à mendiant du jour au lendemain. Malgré son charme et la gentillesse des autres à son égard, Yozo sombre dans l’auto destruction où la honte, la haine de soi l’entraîne lui et les autres dans une chute vertigineuse. On découvre alors en temps réel la chute d'un homme au fin fond d'un gouffre dont il ne va jamais pouvoir s'extirper.

Je suis sorti de cette lecture retourné, bouleversé, suffoqué. J'ai même était choqué à certains passages et parfois profondément ému.

Et puis ce sentiment... Oui vous le connaissez bien, ce sentiment qu'on ne pourra retrouver pareil chef d'oeuvre avant un très long moment. Je ne l'avais pas vu venir, et je vous le recommande chaudement.
Que vous ne lisiez que du shonen bourré d'action ou que vous soyez adepte du genre, cette oeuvre, pour peu que vous n'ayez un cœur de pierre, risque de profondément vous toucher, de vous faire réfléchir et de vous faire vous posez des questions sur notre société.
Il fait pour moi partis des must have, à côté de Homonculus et Trapèze.

Ci-joint en photo, une page que j'ai trouvé magnifique. Vous remarquerez la patte de Furuya.