NSFWSyngman Rhee et la Première République de Corée, 1948 - 1960

Plus besoin de présenter le régime autoritaire de la Corée du Nord et ses atrocités, cependant on parle très rarement du régime autoritaire Sud-Coréen qui lui faisait face pendant la guerre de Corée, et ce sous la gouvernance du Président Syngman Rhee.

Syngman Rhee est né en 1875 dans le Royaume de Corée avant de faire des études aux États-Unis. Fervent militant nationaliste anti-japonais (qui occupaient alors la péninsule coréenne), il devint chef du gouvernement coréen en exil. Après la chute du Japon, il rentra au pays à bord de l'avion personnel du général américain MacArthur et fut « élu » en mai 1948 à la tête de la Corée du Sud.

Sa présidence débuta en pleine guerre froide et les communistes étaient assez présents en Corée du Sud lors de son accession au pouvoir. Comme en Europe, les communistes formaient une part importante des résistants contre les occupations des pays de l'axe et n'étaient pas enthousiastes à l'idée de voir le pays dirigé par un gouvernement pro-américain. En Corée, l'île de Jeju est l'un des endroits où la résistance coréenne fut la plus forte. Le Parti des Travailleurs y avait donc une grande influence et protesta contre la tenue même de ces élections, sauf que l'envoie de troupes paramilitaires d'extrêmes droites ainsi que des bavures policières envenimèrent la situation, les manifestations se transformant en véritable rébellion dès avril 1948.

Si Syngman Rhee reçu le soutien des américains, c'était surtout parce qu'il était un fervent anti-communiste et il mit en place un régime autoritaire, quasiment basé sur le modèle japonais qu'il avait pourtant combattu. Il envoya encore plus de troupes sur l'île de Jeju et termina de mater la révolte dans le sang. On estime à entre 14 000 et 60 000 le nombre de morts. Ce nombre est aussi important car même si la guérilla sur place était relativement faible, elle avait le soutien de la population. Ainsi, 70% des villages furent rasés et 40 000 personnes s'exilèrent au Japon.

Cela provoqua d'ailleurs un soulèvement à Yeosu et à Suncheon, quand un régiment refusa d'être transféré sur l'île de Jeju pour continuer la répression en octobre 1948. Les soldats, ne reconnaissant pas la légitimité du gouvernement mis en place par les USA, prirent le contrôle de ces villes. La révolte fut réprimé en quelques jours, avec des massacres commis par les deux camps. À la suite de cela, il fut interdit de ne serait-ce qu'évoquer les événements de Jeju, Yeosu et Suncheon sous peine d'être emprisonné.

Peu après son entrée en fonction, Syngman Rhee fit interdire les partis politiques d'opposition, notamment ceux de gauche, couplé avec une politique de répression pro-américaine, cela ne fit qu'augmenter la formation de groupuscules communistes qui, pour certains, se rallièrent ouvertement au gouvernement Nord-Coréen. D'ailleurs une bonne partie de la population était hostile à ce gouvernement autoritaire, sans pour autant se revendiquer communistes ou marxistes.

Le 24 décembre 1949, la troisième division d'infanterie de l'armée Sud Coréenne passa par le village de Seokbong mais fut mal accueillis par la population, les soldats les accusèrent alors de coopérer avec les communistes. Ils assassinèrent 86 villageois, avant que le gouvernement de Syngman Rhee ne mis le massacre sur le compte des communistes.

En 1949, le gouvernement instaura une ligue de réhabilitation qui recruta, de force, tous les militants d'extrêmes-gauche. Appelé « Ligue Bodo », elle devait permettre de garder un œil sur les communistes. Du moins, en théorie, car dans les faits, pour respecter les quotas, la police poussa des milliers de personnes, notamment parmi les fermiers et les illettrés, à rejoindre la ligue Bodo, alors qu'ils n'avaient rien de communistes. Ainsi, en 1950, la ligue Bodo comptait 350 000 membres.

Le 25 juin 1950, les troupes Nord-Coréennes envahirent la Corée du Sud. Syngman Rhee ordonna dès lors ni plus ni moins que l’exécution des membres de la ligue Bodo. Certains de ces massacres furent mêmes supervisés par des officiers américains. Durant l'été 1950, ce fut jusqu'à 200 000 personnes qui furent massacrés.

Durant la guerre il y eut d'autres massacres de civils, en dehors de la ligue Bodo. Par exemple, la 11e division de l'armée sud-coréenne assassina 705 habitants des districts de Sancheong et Hamyang le 7 février 1951 (dont 85% de personnes âgées, femmes et enfants) avant d'en commettre un autre au district de Geochang, tuant 719 personnes (dont 385 enfants) le 9 et le 11 février. Tout cela parce qu'ils soupçonnaient les gens de soutenir la guérilla communiste.

Les civils furent toujours les premiers à souffrir de ce gouvernement, à l'image du Corps de Défense National, créé en décembre 1950 suite à la contre-attaque chinoise. Tous les citoyens de 17 à 40 ans furent enrôlés dans ce corps dirigé par des officiers de la Grande Association Coréenne des Jeunes Adultes (formation d'extrême droite pro-Rhee). Ces 406 000 citoyens furent alors obligés de rejoindre les camps d'entraînement dans le Sud du pays, sauf que les vivres et les équipements étaient insuffisant pour nourrir tout le monde durant l'hiver. En seulement trois mois, entre 50 000 et 90 000 moururent de faim ou de maladie. On apprit peu de temps après que de l'argent destiné au corps avait été détourné, dont plusieurs dizaines de millions de wons par le gouvernement lui-même. Face à cette affaire, Rhee ne condamna que quelques officiers en juin 1951 comme responsables, sans aller plus loin. L'implication du président lui-même dans le détournement reste toutefois sujet à controverse.

Même après la fin de la guerre de Corée en 1953, le gouvernement de Syngman Rhee ne se montra pas plus souple pour autant. Le pays était ravagé par la guerre, la Corée du Sud avait une économie digne d'un pays du Tiers-Monde et l'oppression contre les mouvements d'oppositions restait forte. Rhee modifia la constitution pour pouvoir avoir un nombre illimité de mandats. Cependant, face à un tel gouvernement ainsi qu'une énième bavure policière, le peuple finira par se soulever en 1960 et renverser le gouvernement, mettant fin à la première république de Corée dans ce qui est connu comme étant la Révolution d'Avril.

Si aujourd'hui la Corée du Sud est largement en avance sur la Corée du Nord dans tous les domaines, il ne faut pas oublier que le pays ne connu une « démocratisation » que très tardive, dans les années 1990, et il faudra bien souvent attendre les années 2000 pour que des commissions gouvernementales soient ouvertes pour mettre à jour tous les crimes du régime de Syngman Rhee.
Au final, même si ça paraît surprenant aujourd'hui, le régime Sud Coréen pendant la guerre de Corée était tout aussi autoritaire et violent que le régime Nord-Coréen.

Syngman Rhee et la Première République de Corée, 1948 - 1960
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anonyme
anonyme
4 ans

Toujours très intéressant ces boxs

Zedix
ZedixCharles Darwin
4 ans

@patate: Merci beaucoup!

Jikso
Jikso
4 ans

A savoir que avant les années 70/80 la Corée du nord était beaucoup plus avancés industriellement que le sud.
Le sud comme dit la box étant en partie diriger par des dictateurs sous la solde des US

Zedix
ZedixCharles Darwin
4 ans

@Jikso: Effectivement, d'ailleurs ça fait bizarre de se dire qu'il y a encore pas si longtemps la Corée du Nord faisait plus rêver que la Corée du Sud.

Hydus
Hydus
4 ans

@Zedix: Pas si longtemps, c'est la moitié de l'âge du régime nord-coréen tout de même

Zedix
ZedixCharles Darwin
4 ans

@Hydus: Je voulais surtout dire par rapport à nous, les années 1970/1980 c'est pas si loin que ça, c'est comme pour l'Iran et l'Afghanistan qui n'étaient pas encore devenu des pays avec des régimes islamistes et qui était très occidentalisés, on a juste tendance à croire que ces choses ont toujours été comme ça, alors que ça ne fait même pas 50 ans

latrickisfalone

Bravo pour cette box

Delixi
Delixi
4 ans

YES il est de retour

fezfz
fezfz
4 ans

Wikipédia c'est fini, maintenant c'est Choualpédia avec Zedix aux commandes

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