Les monstres d'acier
La Première guerre mondiale a vu l’apparition des premiers chars, la plupart étaient de taille assez modeste et avaient souvent de nombreux défauts. Ce n’est qu’après la première guerre mondiale, dans les années 1920, qu’émerge une véritable réflexion sur les chars et leur utilisation. On assiste à une catégorisation des chars, lourd, moyens, légers ayant chacun des missions particulières à remplir lors des combats. On voit également émerger des stratégies quant à l’utilisation de la nouvelle arme blindée. Le char doit pouvoir faire face aux chars ennemis mais aussi à l’infanterie ennemie. Ces réflexions s’inspirent largement de l’expérience de la grande guerre où les fronts étaient figés, les hommes enterrés et protégés dans des tranchées ou positions fortifiées capables de résister à de violents assauts et le terrain extrêmement accidenté. Elles s’inspirent également des navires de guerre, les cuirassés, l’objectif étant de créer une véritable cuirassé terrestre capable de se déplacer sur le champ de bataille et de soutenir l’infanterie.
C’est dans ce contexte que naît l’idée de char de rupture, c’est-à-dire d’un monstre d’acier capable de résister à des chars ennemis et à l’infanterie, mais surtout capable de les repousser et de percer le front ennemi seul. En d’autres termes, créer un char lourd dont la seule présence sur le champ de bataille permet de remporter la victoire. Ainsi, naissent des chars possédant une puissance de feu ennemie importante, voire démesurée, protégée par un épais blindage et plutôt lents, véritables forteresses mouvantes.
On trouve des exemples de chars de ruptures dans différents pays : Grande-Bretagne, États-Unis, France et Union-soviétique.
Liberty Tank 1 à 4
Pays : Grande-Bretagne, États-Unis
Date de création : 1917
Nombre produits : 125
Équipage : 12 (version RU) 10 (version US)
Longueur/Largeur/Hauteur : 10, 42 m / 3,56 m / 3,13 m
Blindage : 16 mm
Poids : 38 tonnes
Vitesse : 8/10 km/h
Armement : 2 canons de 57 mm en casemates latérales, 7 mitrailleuses dans la casemate supérieure et sur le glacis.
Vickers A1E1 Independent 5 à 8
Pays : Grande-Bretagne
Date de création : 1924-1926
Nombre produits : 1
Équipage : 8
Longueur/Largeur/Hauteur : 7,59 m / 2,67 m / 2,72 m
Blindage : 13/28 mm
Poids : 34 tonnes
Vitesse : 32 km/h
Armement : 1 canon de 47 mm en tourelle, 4 mitrailleuses dans de petites tourelles frontales et latérales.
FCM 2C et FCM 2C bis 9 à 12
Pays : France
Date de création : 1921 (FCM 2C bis 1926)
Nombre produits : 10
Équipage : 12
Longueur/Largeur/Hauteur : 10,27 m / 3 m / 3,8 m
Blindage : 45 mm
Poids : 68 tonnes
Vitesse : 12 km/h
Armement : 1 canon de 75 mm en tourelle et 4 mitrailleuses (2 latérales, 1 sur le glacis et 1 dans la tourelle arrière). 1 obusier de 155 mm en tourelle (FCM 2C bis) reconvertis en FCM 2C en 1926).
Neubaufahrzeug 13 à 17
Pays : Allemagne
Date de création : 1933-1934
Nombre produits : 5
Équipage : 6
Longueur/Largeur/Hauteur : 6,6 m / 2,19 m / 2,98 m
Blindage : 13-20 mm
Poids : 23,41 tonnes
Vitesse : 25 km/h
Armement : 1 canon de 75 mm ou 1 obusier de 105 mm en tourelle, 1 canon de 37 mm dans une petite tourelle, 2 ou 3 mitrailleuses.
T-35 19 à 21
Pays : Union soviétique
Date de création : 1930-1932
Nombre produits : 61
Équipage : 12
Longueur/Largeur/Hauteur : 9,72 m / 3,2 m / 3,43 m
Blindage : 10-50 mm
Poids : 45 tonnes
Vitesse : 14 km/h
Armement : 1 canon de 76,2 mm en tourelle, 2 canons de 45 mm dans deux petites tourelles (avant-droit et arrière-gauche de la tourelle principale), 5 à 6 mitrailleuses (dans les 4 petites tourelles, sur le glacis, en tourelle)
T100 et T100Z 22 à 25
Pays : Union soviétique
Date de création : 1938-1939
Nombre produits : 2
Équipage : 6 ou 8
Longueur/Largeur/Hauteur : 8,38 m / 3,4 m / 3,42 m
Blindage :
Poids : 58 tonnes
Vitesse : 36 km/h
Armement : 1 canon de 76,2 mm puis un canon de marine de 130mm en tourelle principale, 1 canon de 45 mm dans la tourelle avant, 2 ou 3 mitrailleuses (sur le glacis, 1 à l’arrière de la tourelle principale et 1 au-dessus)
Très belles archives !
Par contre, dire que les premières réflexions sur la conception et l'utilisation des chars n'arrivent qu'après 1920, c'est un peu injuste. En 1917, les français ont quand même créé le premier vrai char moderne : le FT17 qui avait tiré les enseignements des échecs précédents (Anglais dans la Somme et français avec les Schneinder et Saint-Chamond). Il était capable de franchir les tranchées, avait une tourelle à 360° adaptable (canon de 37 mm ou mitrailleuse) était léger et (relativement) rapide. Il a ensuite servit de modèle à la plupart des prototypes de chars dans les autres pays (Japon, Chine, Russie) et a été produit sous licence un peu partout.
La distinction lourd, moyen léger était déjà présente dans le vocabulaire en 1915 car, justement, il y a eu des commandes passées par l'Etat Major français pour un char léger ne devant pas dépasser 3 ou 4 tonnes, en opposition aux chars lourds de 1916. Le FT17 a même été décliné en canon automoteur, le premier du genre, si je ne me trompe pas.
@legul: D'accord avec toi, c'est juste que je voulais faire une box rapide, et plus particulièrement me concentrer sur la doctrine des chars de rupture. J'ai pas détaillé la phase de développement des chars pendant la première guerre mondiale et j'ai fait un raccourci (certes contestable comme tu l'as détaillé).
De plus, sans être renseigné et d'un pur point de vue personnel, la doctrine d'utilisation des chars me semble être totalement empirique pendant la guerre et ne répondait qu'à des constats lors des combats. Les réflexions restaient surtout cantonnées à la conception et la fabrication d'armes efficaces (des éléments plus techniques que tactiques ou stratégiques).
La véritable théorisation arrive (pour moi) dans les années 1920-1930 avec des vrais penseurs de cette nouvelle arme comme Fuller ou Guderian et même De Gaulle. Jusque-là les chars étaient encore assimilés à l'artillerie ce qui montre bien les limites concernant leur utilisation stratégique et tactique. De plus, les nombreux échecs de l'utilisation des chars pendant la 1ère guerre montrent une réflexion encore tâtonnante et inaboutie à mon sens.
Mais c'est vrai que j'ai pas assez évoqué (voire caricaturé) les apports de la Première guerre qui sont loin d'être négligeables et qui constituent la base des réflexions et pensées postérieures (toutes les doctrines reposent sur l'expérience de la Première guerre mondiale comme tu l'as fait remarquer).
@Monsieur_Hirsch: Pas de souci, impossible de résumer la genèse des chars et de leur usage en 1 box, certains remonteraient jusqu'à De Vinci ! J'ai été un peu pointilleux parce que j'aime bien le FT17 ;)
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