O.F.N.I. #12- Alphaville

Jean-Luc Godard : l’instigateur du nouveau cinéma français, le génie avant-gardiste, le grand maître de la Nouvelle Vague… ou pas. J’ai rencontré l’ami Godard avec ‘A bout de souffle’ et ai tout de suite détesté le personnage. Comme énormément de personnes, je n’ai pas pu blairer cette approche extrêmement prétentieuses et, à mon sens, lacunaire du cinéma. Bref, lui et moi avons démarré sur de bien mauvaises bases mais je ne souhaitais pas en rester là. J’ai donc écumé sa filmographie afin d’en apprendre plus et de me réconcilier avec cet artiste. Beaucoup de disputes ont suivi, me donnant parfois l’envie d’abandonner tout espoir concernant cet homme. Puis vint ce film : Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution.


Dans un futur dystopique, l’agent secret Lemmy Caution est envoyé sur la ville-planète d’Alphaville. Sa mission est de neutraliser le professeur Von Braun qui règne en maître sur la cité. Caution va donc mener sa petite enquête, guidé par Natacha à travers des rues et lieus sinistres peuplés d’êtres aliénés et dénués de toute émotion. C’est un séjour intriguant durant lequel notre agent sera confronté, par exemple, à l’autorité de la logique d’Alpha-60, l’intelligence artificielle responsable de l’ordre dans la ville ou rencontrera un étrange peloton d’exécution dans une piscine municipale.



Entendons-nous bien : non, ce film n’échappe pas à l’éternelle prétention de Godard et il demeure horripilant par bien des aspects (un montage invraisemblable et agressif, la voix-off d’Alpha-60 éructée ou encore l’absence de jeu des acteurs). Cependant, TOUT SE JUSTIFIE. Alphaville comme état totalitaire particulièrement oppressif et aliénant n’est finalement qu’un reflet extrême de notre propre système moribond ne laissant plus que très peu de place à l’humanité.



Certaines idées de mise en scène ou d’écriture sont très fines et comiques comme le récurent « Je vais très bien merci je vous en prie » qui nous rappelle nos propres formules de politesse insensées tenant plus du réflexe pavlovien que d’une réelle volonté bienveillante. Alpha-60 est également une belle illustration d’un pouvoir structuré, administratif ne respectant qu’une logique à la rigueur mathématique et complétement déphasé avec le moindre éclat d’humanité. Finalement, Lemmy Caution offre un regard très ingénu sur cet univers et il incarne un contre-pouvoir supportant la « vérité ». Seulement il ne s’agit que de « sa vérité », son « idéologie ». Et c’est ainsi que le long métrage échappe au manichéisme qui tournoyait au-dessus de sa tête.



Pour finir, visuellement, il s’agit je crois de l’un des plus beaux films de Godard. Malgré son manque évident de budget, il réussit magistralement à transcrire une ambiance futuriste et dystopique qui a peu de choses à envier à un Dark City ou autre Blade Runner (sans la maestria des décors).


Je recommande donc chaudement ce long-métrage si vous ne l’avez pas encore visionné surtout si, comme moi, votre histoire avec Godard est tumultueuse. Peut-être qu’Alphaville saura vous convaincre également et apaisera votre rapport avec ce réalisateur mythique. 7.5/10

O.F.N.I. #12- Alphaville
Cette page est réservée aux ADULTES

Tu es sur le point d'accéder à un site web qui contient du matériel explicite (pornographie).

Tu ne dois accéder à ce site que si tu as au moins 18 ans ou si tu as l'âge légal pour visionner ce type de matériel dans ta juridiction locale, l’âge le plus élevé étant retenu. En outre, tu déclares et garantis que tu ne permettras aucun mineur à d'accéder à ce site ou à ces services.


En accédant à ce site, tu acceptes nos conditions d'utilisation.