Au pays des sans-pays (épisode 1)

Ce qui va suivre est le début d'une histoire vraie, un bout de vie qui a fait de moi ce que je suis.

1er aout 1999.

Devant l'aéroport, je fume un dernier clope. Je vérifie le petit papier que je garde au chaud dans le revers de mon paquet de feuilles à rouler. Il y figure le numéro de téléphone de mon contact ainsi que l'adresse de l'appartement où je serai logé. En fait d’adresse, juste un nom de quartier. Là où je vais, ils ont ni rue ni numéros de rue. Supers malins les gars de là-bas dites-donc, ça commence bien !

Sous un soleil de plomb, je monte la passerelle d'embarquement de l'avion qui allait me conduire au Bigland. Moi, j’aime pas le chaud. Ni l’avion. Mais j'aime déjà le Bigland.

Une fois assis, je me dit qu'un avion comme ça, ça ne peut pas voler. J’ai d’ailleurs refait tous les calculs. 70 tonnes, c’est plus lourd que l’air.

J’arriverai à Bigland à 15h. Faut que je me démerde ensuite pour rejoindre Noland, où je résiderai pendant, hmmm, sans doute un an, pour commencer mon travail de recherche.

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’entre Bigland et Noland, c’est un amour fils-de-pute. Vous ne pouvez même pas savoir.
La France, elle soutient le petit, le Noland. Depuis toujours je crois. Alors moi, comme Chirac c'est pas vraiment mon copain, rien que pour l’emmerder, je soutiens le Bigland. Mais je crois qu’il s’en fout, Chirac.

Parce que Bigland, il est dans son bon droit. Il est légitime. Noland, c’est un putain de parasite, petit, fragile, mais doué d’une grande capacité de nuisance, depuis toujours. Alors de temps en temps, Noland se prend une bonne dérouillée. Logique, prévisible. Mais au Noland, ils sont pas logiques aussi.

Quand l'avion décolle, je suis cloué au siège. J’aimerais bien savoir où je me suis trompé dans les calculs, je me trompe jamais normalement. Mais pourtant, l’avion vole.

A suivre.