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DonaldFuck

L’Ukraine a effectué des pas importants vers la modernisation

Par Tetyana Ogarkova et Volodymyr Yermolenko
Tribune. Chaîne montagneuse de l’ouest de l’Ukraine, les Carpates réservent cette année une surprise au voyageur. Depuis quelques mois, une nouvelle route relie Ivano-Frankivsk à Vorokhta en passant par les principaux centres touristiques de la région. La construction d’une route représente ici un progrès notoire : dans l’Ukraine postsoviétique, ce type d’aménagement était un terrain propice à la corruption. Les fonds publics destinés aux travaux d’entretien étaient systématiquement détournés, la route continuait à se dégrader pendant un an ou deux, après quoi on décidait de nouveaux financements qui étaient à leur tour volés.
Plus de décentralisation, moins de corruption
Aujourd’hui, les choses changent. Cette route à travers les Carpates est l’une des nombreuses voies qui ont été créées ou réparées en Ukraine. L’amélioration de l’infrastructure nationale est à porter pour une part au crédit de ce que l’on appelle la « décentralisation », l’une des réformes les plus importantes entreprises ici.
Alors que l’Ukraine était autrefois un pays fortement centralisé, dans lequel une grosse partie du revenu des régions allait à Kiev, elle se transforme peu à peu en un pays où une partie beaucoup plus importante des fonds et des talents reste dans les communautés locales. Les revenus propres des budgets locaux ont augmenté de 42 % en 2015 et de 49,3 % en 2016 : grâce à leurs recettes et aux subventions de l’Etat, les communautés locales ont quasiment triplé leurs capacités financières depuis 2014. Des dizaines de communautés locales disposent à présent de leurs propres ressources pour entretenir leurs crèches, résoudre les problèmes d’approvisionnement en eau et attirer les touristes.
Avec plus de décentralisation et moins de corruption, l’Ukraine a de meilleures chances de reconstruire son économie. Autrefois dépendant des marchés russes à hauteur de 30 % à 40 %, le pays a dû faire face à un sérieux défi lorsque Moscou a décidé, en 2014-2015, de fermer ses marchés aux produits ukrainiens, notamment agricoles. Cette guerre commerciale, couplée à l’annexion de la Crimée et au soutien militaire russe aux séparatistes d’Ukraine orientale, est la « punition » infligée par le Kremlin à la volonté ukrainienne d’édifier une société plus européenne.
Une réorientation vers les marchés occidentaux
Trois ans après les dramatiques événements de 2014 [les manifestations de la place Maïdan, à Kiev, durement réprimées, ayant abouti à la destitution du président Viktor ­Ianoukovitch, la crise diplomatique en Crimée et les soulèvements dans le Donbass], l’économie nationale montre les premiers signes d’une réorientation vers les marchés occidentaux et mondiaux. L’Ukraine reste réputée pour ses exportations d’acier et de produits agricoles, mais son secteur technologique est en pleine expansion : les industries de l’information se placent juste derrière l’agriculture.
Les liens économiques avec l’Europe sont en pleine croissance. Cette décentralisation et cette réorientation économique résultent de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne (UE), qui entre pleinement en vigueur le 1er septembre
Les liens économiques avec l’Europe sont en pleine croissance. Cette décentralisation et cette réorientation économique résultent de l’accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne (UE), qui entre pleinement en vigueur le 1er septembre. Le processus de décentralisation obéit au principe de subsidiarité mentionné dans le document. Grâce à l’établissement d’une zone de libre-échange entre l’UE et l’Ukraine, qui constitue l’élément essentiel de l’accord, les entreprises ukrainiennes bénéficient désormais d’un accès plus facile aux marchés européens, adoptent les normes de sécurité de l’UE et trouvent des financements et partenaires européens.
Cela ne veut pas dire que tout va pour le mieux en Ukraine. Les réformes de plusieurs secteurs-clés sont encore très lentes : le système judiciaire n’a pas été réformé, la classe politique est toujours très corrompue, les citoyens ordinaires ne cessent de s’appauvrir. Plus important encore, l’Ukraine subit toujours une agression militaire de la part des forces russes et pro-russes dans l’est du pays ; les combats ont fait plus de 10 000 morts depuis 2014 ; des gens continuent à mourir chaque semaine sur la ligne de front.
L’avènement d’une société libre
Pourtant, en dépit de ces tragédies, le pays a effectué des pas importants vers la modernisation et l’avènement d’une société libre, et ce dans le contexte d’une Europe orientale où la tendance dominante semble plutôt aller en sens contraire. L’accord d’association entre l’Ukraine et l’UE, qui est probablement l’accord commercial le plus spectaculaire entre l’UE et un pays non-membre dans toute l’histoire de l’Union européenne, est devenu depuis quatre ans un événement hautement symbolique.
Comme la pierre jetée dans l’eau produit des ondes concentriques, ce document bureaucratique ardu est devenu un véritable catalyseur du changement. Il alimente cet esprit de liberté, d’initiative et de responsabilité locale qui contribue à améliorer la situation du pays. L’Ukraine, incontestablement, change. Peut-être pas aussi vite que nous le souhaiterions, mais plus vite que jamais.


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6 ans

Commentaire supprimé.

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6 ans

@Melancolique: poce bleu

DonaldFuck

En Ukraine, la “révolution de la dignité” a abouti à la corruption, au nationalisme et au déclin des libertés

TRIBUNE. Bien que le régime politique ait changé en Ukraine en février 2014, le système politique et socio-économique semble s’être maintenu. La « révolution de la ­dignité » a abouti à une corruption éhontée, à un nationalisme militant et au déclin des libertés.
La lutte contre un régime injuste unissait le mouvement de la place Maïdan, qui comprenait trois courants. Pour les libéraux, l’association avec l’Union européenne (UE) devait garantir le ­développement du pays. Les ethno-nationalistes percevaient, eux, le mouvement comme une phase de la révolution nationale qui mènerait à la création d’un Etat dominé par un seul groupe ethnique, une seule langue et une seule Eglise. Enfin, les oligarques, privés de leurs biens par le régime d’alors, voulaient revenir à un pluralisme politique et économique. Quant au reste de la population, elle espérait juste survivre dans cette ­période de crise économique, de guerre avec des séparatistes soutenus par les Russes et de désordre post-révolutionnaire.
Un des pays les plus corrompus du monde
L’accord d’association avec l’Union européenne, signé en 2014, entre en vigueur ce 1er septembre. Son coût est élevé : le pays ne peut espérer mieux qu’une association. Devenir membre de l’UE n’est plus d’actualité.
Lire aussi : « L’Ukraine a effectué des pas importants vers la modernisation »
Des institutions importantes de lutte contre la corruption ont certes été mises en place. Les autorités locales ont reçu plus de pouvoirs et de moyens. La « lustration » – l’épuration de la fonction publique – et la réforme du secteur public devaient améliorer la qualité de l’administration, de la justice et de la police. ­Enfin, la déréglementation a facilité la création d’entreprises en Ukraine. Mais l’occidentalisation a eu des résultats troublants. Les institutions de lutte contre la corruption ne doivent leur existence qu’au soutien des gouvernements occidentaux, les politiques menées sont souvent utilisées par les dirigeants ­contre leurs rivaux, et l’Ukraine demeure l’un des pays les plus corrompus du monde.
La réforme sur la décentralisation, après quelques pas, est à l’arrêt depuis 2016. Et si, en 2014, la lustration a suscité beaucoup d’espoirs, sa mise en œuvre a conduit à un résultat désastreux : des bureaucrates expérimentés ont été licenciés alors que leurs chefs corrompus sont restés au pouvoir. La justice a subi une très lente et douloureuse réforme. Elle pourrait certes devenir indépendante mais, jusqu’à présent, seul le président a accru son contrôle sur les juges et les procureurs.
Les réformes n’ont pas débouché sur une réelle croissance
La réforme de la police a connu un court succès, mais aujourd’hui le ministre de l’intérieur est impuissant, incapable de réagir et de prévenir les crimes dans un pays qui compte beaucoup d’armes de guerre et une nouvelle génération d’anciens combattants et qui souffre de la montée du chômage.
Nous n’avons toujours pas retrouvé le PIB par habitant de 1990 et aucune catégorie sociale ne bénéficie de la transition de l’économie postsoviétique
Les réformes économiques donnent une bonne image du gouvernement dans les classements internationaux. Cependant, les réformes n’ont pas débouché sur une réelle croissance. Nous n’avons toujours pas retrouvé le PIB par habitant de 1990 et aucune catégorie sociale ne bénéficie de la transition de l’économie postsoviétique.
Le programme des nationalistes est également partiellement mis en œuvre. A cause de la guerre, leur rôle s’est accru dans le secteur de la sécurité. La loi dite de « dé-communisation » votée en mai 2015 a créé un monopole idéologique dans un pays qui, tirant la leçon du passé soviétique, avait ­interdit l’idéologie unique dans sa Constitution. Cette vague a été suivie par des lois augmentant les droits des ukraino­phones au détriment de ceux des russophones. Les groupes d’extrême droite se sont multipliés et sont plus que jamais en lien avec les clans oligarques. Et la classe politique ukrainienne a nettement basculé à droite.
Cependant, l’extrême droite trouve la loi sur la politique linguistique trop douce [adoptée en mai, cette loi oblige les chaînes de télévision à diffuser 75 % de leurs programmes en ukrainien] et le nombre de dirigeants qui ne sont pas de vrais Ukrainiens trop élevé. Pour eux, la révolution nationale doit continuer. Et la guerre actuelle [dans la région du Donbass, contre les séparatistes prorusses] donne à l’extrême droite une raison d’espérer.
Les oligarques semblaient être les grands perdants du mouvement de la place Maïdan, il y a trois ans. Selon le classement ­Forbes, à la fin de l’année 2015, les dix plus grandes fortunes ukrainiennes, à l’exception du président Porochenko, ont perdu près de la moitié de leur richesse. Cependant, grâce aux contradictions entre d’un côté l’occidentalisation de l’Ukraine et de l’autre la situation militaire, les oligarques sont revenus dans le jeu et ont accru leur pouvoir entre 2014 et 2017. Certains d’entre eux, comme Arsen Avakov, l’inamovible ministre de l’intérieur, ont utilisé cette situation pour restaurer leur empire.
Dissidents persécutés
Mais jusqu’ici, le grand vainqueur est de loin le clan du président Porochenko. En 2016, il réussit à consolider le pouvoir en plaçant ses alliés aux plus hautes fonctions. Par conséquent, l’exécutif, le législatif et le judiciaire sont en grande partie ­contrôlés par un seul clan. Les voix critiques de la société civile sont devenues les proies d’un autocrate émergent : aujourd’hui, en Ukraine, une nouvelle génération de dissidents est persécutée par le président et ses proches.
Les transitions et les révolutions dans les pays d’Europe de l’Est semblent frappées du même mal. Elles commencent toutes par des rêves utopiques, qui mènent à une réalité dystopique. ­L’histoire récente de l’Ukraine le prouve.

35mm
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6 ans

@DonaldFuck: Merci chef

anthonini59

c pas 1 euros l'abonnement sur lemonde ?

Kiwiiii
Kiwiiii
6 ans

@anthonini59: Avec 1€ tu fais le tours de la somalie en première classe. C'est quand même pas donné!

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