La fille de l'arrêt de bus

Avant de trouver du travail, je partais de chez ma copine chaque matin en même temps qu'elle. J'attendais le bus à 8h du matin, chaque matin pour aller m'entraîner. Chaque matin attendait au même arrêt une femme. La vingtaine, d'un style bohème très soigné elle respirait la nonchalance en tirant sur sa clope électronique mais exerçait sur moi une drôle d'attraction. Pas physique, étant follement amoureux mais je sentais une forme de magnétisme émanant de cette personne, comme une envie de la connaître. Le petit manège à dû durer deux bonnes semaines, sans jamais échanger un mot, assis l'un à côté de l'autre à l'arrêt ont patientait sagement pour attaquer une nouvelle journée.

J'ai trouvé un emploi il y a de ça 10jours. Le travail débute à 6h45 donc je n'ai plus l'occasion d'emprunter le bus à l'horaire "habituel". Mon équipe est vraiment sympathique, mon intégration est rapide et la personne que je remplace propose que nous allions tous déjeuner ensemble dans un restaurant à Villeurbanne ce Samedi. Habituellement, d'un naturel introverti je n'aime pas faire "copain-copain" avec mes collègues. Vous l'aurez compris j'ai accepté cette proposition exceptionnellement. Nous nous rejoignons et nous rendons à l'établissement le "Bieristan" si des lyonnais veulent essayer (bonne cuisine, bonne bière, bel espace mais un rapport quantité/prix mauvais).

Nous entamons le déjeuner, et un groupe de 3 jeunes femmes entre dans la pièce. Les deux premières passent et je reconnais la besace en cuir de la troisième, la fameuse femme de l'arrêt de bus. Elle est vêtue d'une manière un peu plus sophistiqué et dégage toujours son charme naturel. A son regard j'ai compris qu'elle était autant surprise que moi de la voir dans cet endroit, les probabilités que nous nous croisons étant aussi proche que celle de trouver un candidat au prix Nobel dans les supporters du PSG.

Le déjeuner se déroule, un jeu de regard ridicule digne de collégien s'installe et mes collègues et moi partons. Ce qui est amusant c'est que revoir cette personne que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam dans un contexte aussi farfelu m'a rendu joyeux, presque comme si nous avions partagé un moment ensemble.

tl;dr : je ne l'ai pas baisé du tout